Le lundi 13 août 2001- Les membres de Germinal
subiront leur procès en novembre
CMAQ - Soutien aux accusés de Germinal - Soumis par Anonyme , mardi 26
Mars 2002 - 15:38
La Presse, Le Soleil - Le mercredi 27 mars 200 - Germinal nie avoir voulu
attaquer les policiers
Le jeudi 28 mars 2002 - Dernière ligne droite du
procès Germinal
Le mardi 16 avril 2002 - Mandat lancé contre
Jaggi Singh
Sommet des Amériques - 45 jours de prison pour
des manifestants - Le vendredi 26 avril 2002
Le Soleil – La Presse - Germinal coupable - Le
mercredi 22 mai 2002
ANDRÉ DUCHESNE
La Presse
«On essaie de nous faire
passer pour des terroristes», a déploré avec vigueur jeudi la porte-parole du
mouvement antimondialisation Germinal dont sept membres ont été arrêtés mardi
et mercredi par des policiers les soupçonnant de vouloir faire de la casse
durant le Sommet des Amériques.
«Nous sommes tout sauf
cela et n'avions aucunement l'intention de blesser des gens. On a porté des
accusations démesurées contre nos membres», a poursuivi cette porte-parole qui
a requis l'anonymat par crainte de représailles des forces policières. Pour
elle, il ne fait pas de doute que les policiers se sont servis du groupuscule
pour justifier leur présence musclée au Sommet. «Nous servons de justification
pour tout l'argent dépensé en fonds publics par les policiers», assure-t-elle.
La jeune femme a aussi
tenu à expliquer la présence du matériel saisi à bord de la voiture des
militants en route vers Québec au moment de leur arrestation, mardi soir. S'il
y avait des boucliers, c'était pour se protéger d'éventuels coups de matraque.
S'il y avait des bâtons, c'était pour se défendre contre les coups anticipés
des forces anti-émeute.
La porte-parole s'est en
outre insurgée contre les prétentions policières voulant que les bombes
fumigènes et les simulateurs de grenades soient dangereux. «Ces grenades
n'explosent pas et dégagent une fumée non dommageable. Quant aux simulateurs,
ils sont fréquemment utilisés dans les exercices militaires pour faire du
bruit.»
Dans un communiqué, le
mouvement estime exagérée l'accusation de vol de matériel militaire, car
«beaucoup de soldats ramènent l'excédent des simulateurs à la maison à la fin
des exercices sur le terrain».
Affirmation que rejette
une porte-parole de l'armée. Être en possession d'un de ces objets peut
constituer «un parjure» (voir texte ci-dessus). De plus, des «boîtes
d'amnistie» sont aménagées dans les casernes afin que les soldats y déposent le
matériel militaire qu'ils auraient oublié de rapporter.
Diversion
Selon la porte-parole de
Germinal, les objets saisis devaient servir à créer une diversion et à
faciliter l'assaut de la clôture érigée dans le Vieux-Québec. Car le mouvement
Germinal ne s'en cache pas, il avait l'intention d'abattre ce qu'on appelle «le
mur de la honte» afin de d'aller manifester directement sous le nez des 34
chefs d'État réunis au cours du week-end au Centre des congrès de la Vieille
Capitale.
«Notre objectif était
clair et unique : percer la barricade sans blesser personne. Cela constituait
notre plus grande préoccupation. De plus, nous respectons ceux qui manifestent
pacifiquement.»
Elle ne croit pas que
l'usage de tous ces objets aurait créé un mouvement de panique chez les autres
manifestants. «Ils savent à quoi s'attendre.»
Billes de métal
Le mouvement Germinal
s'est, part ailleurs, dit extrêmement surpris de la présence de deux sacs de
billes d'acier dans le matériel saisi.
«Notre groupe, dans une
réunion le samedi 7 avril 2001, avait unanimement rejeté l'utilisation de ces
projectiles à cause des dangers potentiels de blessures graves, écrivent-ils
dans un communiqué. Leur présence dans le véhicule ne serait explicable que par
l'initiative d'un individu isolé ou de l'agent infiltré, à qui appartenait la
voiture.»
Jeudi, un colocataire des
deux premiers manifestants arrêtés mardi soir alors qu'ils faisaient route pour
Québec avait indiqué à La Presse que le mouvement avait été infiltré par
une taupe depuis plusieurs mois.
Constitué d'une quinzaine
de membres, pour la majorité des étudiants et de jeunes travailleurs, le
mouvement Germinal a été créé en vue du Sommet des Amériques. Provenant
d'horizons idéologiques différents, les membres du groupe sont unis par leur
opposition à la mondialisation des marchés.
Ils se définissent comme
un «mouvement d'autodéfense politique».
Presse Canadienne
Montréal
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Les cinq membres du groupe Germinal, arrêtés
avant la tenue du Sommet des Amériques, à Québec, subiront leur procès le 5
novembre.
Ils sont accusés de complot pour commettre un méfait,
alors que trois d'entre eux sont aussi accusés de possession de substances
explosives et de possession de matériel militaire.
Quant à Jaggi Singh, il subira un procès le 15 janvier
prochain. Singh a été détenu pendant deux semaines après avoir utilisé une
catapulte contre les policiers, lors des manifestations entourant le Sommet des
Amériques.
Presse Canadienne
Québec
Les sept membres du groupe Germinal admettent avoir comploté pour commettre un méfait à l'égard de biens, en l'occurrence la clôture du périmètre de sécurité érigé lors du Sommet des Amériques, en avril 2001.
Leur procès, qui a débuté lundi, consistera donc à déterminer si ce méfait était d'une gravité supérieure, c'est-à-dire qu'il causait un danger réel pour la vie des gens.
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Photo PC |
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Alex Boissonneault, à gauche, et Mario Bertoncini. |
Deux agents doubles de la GRC avaient infiltré les rangs de Germinal depuis près de deux mois lorsque les arrestations ont été faites, quelques jours avant le début du Sommet. L'un de ces agents d'infiltration a témoigné durant toute la journée, lundi. Comme les deux hommes sont encore actifs comme agents d'infiltration, ils témoignent devant un écran protecteur, qui ne permet qu'au juge et aux avocats de les voir.
Ce premier agent, André Viel, a réussi à établir le contact avec Jean-François Dufresne, un étudiant de Sainte-Foy qui attendait sa libération des Forces armées. L'objectif de l'agent Viel est toutefois de faire la connaissance de son ami Alex Boissonneault, un Montréalais de 22 ans qu'on croit être le leader du groupe Germinal.
L'agent a donc placé dans l'immeuble qu'habite Dufresne une offre d'emploi pour faire le transport de voitures à Montréal. Le subterfuge fonctionne et Dufresne est embauché. Après quelques voyages, l'agent prétexte le besoin d'un second chauffeur, ce qui lui permet d'atteindre son but puisque Dufresne lui présente Boissonneault. Par la suite, il introduit le second agent d'infiltration dans le décor et les deux hommes feignent de se lier d'amitié avec les jeunes gravitant autour de Boissonneault, un autre étudiant qui a déjà été membre des Forces armées. Le 30 mars, un camp d'entraînement en vue du Sommet doit se tenir à Victoriaville. Vingt-sept personnes doivent y participer mais on abandonne le projet lorsque deux «cellules» lâchent les autres
À la place du camp d'entraînement, on tient à Montréal la première des quatre assemblées générales qui auront lieu avant le Sommet. Objectif de Germinal: percer la clôture du périmètre de sécurité.
La possibilité d'utiliser des cocktails Molotov est alors évoquée, mais la majorité des membres de Germinal sont en désaccord, les jugeant trop dangereux. Un des membres, Mario Bertoncini, 24 ans, proscrit aussi l'utilisation de couteaux et de bâtons de baseball. Par contre, Boissonneault indique qu'on dispose de dix bombes fumigènes et de deux «thunderflashes», de l'équipement volé aux Forces armées qui servira à semer la confusion. On a le souci de ne blesser personne, reconnaît l'agent d'infiltration.
Le 7 avril, on en est à la troisième assemblée générale. Selon l'agent d'infiltration, Boissonneault et Victor Quentin, 22 ans, sont favorables à l'emploi de cocktails Molotov. Précisant qu'il ne faut en aucun cas les lancer sur les gens, Boissonneault explique comment les fabriquer.
Quant à Quentin et Jonathan Vachon, ce dernier âgé de 20 ans, ils se disent prêts à les fabriquer. Mais ce sera Boissonneault qui décidera quand les utiliser et ils le seront par des personnes «avec du sang froid».
À cause de son expérience militaire, il reviendra par contre à Serge Vallée, 22 ans, d'utiliser les bombes fumigènes et les thunderflashes.
À la suite de l'assemblée du 14 avril, Boissonneault demande à l'agent d'infiltration s'il peut transporter les cocktails. La façon de faire lui est expliquée par Quentin, qui ajoute qu'ils seront fabriqués une «couple d'heures» avant la manifestation du vendredi.
L'Association générale étudiante du CEGEP du Vieux Montréal (AGECVM) souhaite courage et apporte son soutien total aux arrêtés de Germinal, victimes de répression alors qu'ils s'apprêtaient à combattre une mondialisation rampante, qui se construit loin de toute démocratie, derrière des clôtures fortifiées, loin des yeux et des souhaits des peuples que ces dirigeants pourtant sont censés représenter, que ces hommes politiques sont supposés consulter.
Nous comprenons leur démarche qui, à nos yeux et les connaissant, ne se voulait pas violente, mais une réplique proportionnée aux moyens lourdement mis en œuvre par nos gouvernements pour éloigner des yeux et des oreilles de ces gouvernants toute parole dérangeante, tout discours différent.
Le débat contradictoire et l’affrontement pacifique des idées, prémisses de cette société démocratique dans laquelle nous sommes censés vivre, n’étaient plus ainsi permis, empêchant par la même l’expression simple et claire de nos libertés démocratiques.
Nous n’oublions pas non plus une certaine provocation des forces de l’ordre et de la sécurité qui devaient, à un moment donné, justifier ces dépenses importantes et cette mobilisation hors de l’ordinaire, et donc « démoniser » Germinal quelque peu, les faire passer pour de dangereux « terroristes » qui allaient « massacrer » de nombreux et nombreuses policier-ère-s et autres manifestant-e-s !!!
Qui peut croire pareille fable, si ce n’est certaines couches de notre classe dirigeante cherchant à se rassurer peut-être ?
Nous sommes confiants que les accusés de Germinal sortiront la tête haute de ce tribunal devant lequel certains officiels malveillants ont voulu les traîner.
La Justice ne se laissera pas manipuler facilement.
Auteur: Bureau exécutif de l'agecvm
Presse Canadienne
Les membres du groupe Germinal, accusés de méfait public lors du Sommet des Amériques, étaient des jeunes très articulés, très instruits et un peu philosophes, qui discutaient beaucoup.
C'est ainsi que les a perçus le second agent double de la GRC qui a infiltré le groupe en mars et en avril 2001. Le groupe Germinal serait à l'origine du démantèlement de la clôture du périmètre de sécurité au Sommet des Amériques.
Témoignant à son tour au procès de sept membres de Germinal, mardi, le gendarme Nicolas Tremblay a apporté des détails supplémentaires à ceux révélés lundi par l'autre agent d'infiltration André Viens.
Le gendarme Tremblay a brossé un portrait assez révélateur de la personnalité de ces jeunes. «C'était un drôle de milieu, très libéral de pensée. C'étaient des amis qui décidaient ensemble en jasant. Ils aiment beaucoup parler et les premières réunions ont été pas mal décousues.» D'ailleurs, de reconnaître le policier, aucun vote n'a été tenu au cours des quatre réunions auxquelles il a assisté.
D'autre part, le peu de ressources matérielles et pécuniaires du groupe a surpris l'agent d'infiltration. Il n'en a pas moins répété quelques fois que Germinal était «très bien organisé». L'objectif du groupe, a confirmé le gendarme Tremblay, était de faire une action symbolique et stratégique en s'attaquant à la clôture du périmètre de sécurité érigé pour le Sommet des Amériques, et de se rendre jusqu'aux chefs d'État pour leur livrer son message. «C'est le but précis pour lequel ils ont adhéré à Germinal et qu'ils y sont restés», a commenté l'agent d'infiltration.
Il était hors de question de se joindre aux casseurs venus à Québec pour le Sommet. Le groupe ne voulait pas s'attaquer à la ville.
Au cours des deux premières réunions, les 31 mars et 1er avril, on juge que l'emploi de cocktails Molotov est trop dangereux et mal perçu par la population, confirme l'agent d'infiltration. Aussi en écarte-t-on l'idée.
Toutefois, 14 des 15 membres présents se disent prêts à se battre et une dizaine ont l'intention de s'armer de bâtons. C'est à la réunion du 7 avril qu'on décidera d'utiliser de trois à cinq cocktails Molotov pour «faire diversion « ou pour «protéger une retraite».
On en arrive là parce qu'on dispose de moins de matériel militaire qu'on l'aurait voulu. Des réticences ayant été exprimées au départ, il a fallu que trois membres expliquent qu'on pouvait utiliser des cocktails Molotov sans danger.
L'agent double avait tellement bien réussi sa mission d'infiltration qu'on le désigne pour présider la réunion du 14 avril, la dernière avant le Sommet. Aucun lien ne semble possible d'établir avec le cadeau d'un gallon de vin qu'il avait fait au groupe lors de la réunion précédente, celle au cours de laquelle on s'est résolu à utiliser des cocktails Molotov.
Si la consigne est de n'emporter aucun couteau ni aucune drogue à Québec, on sait désormais que Germinal disposera de trois fusées éclairantes et de cinq grenades fumigènes. Il est aussi exclu d'utiliser des simulateurs d'artillerie, les objets contenant un quart de bâton de dynamite. L'agent double a également indiqué qu'un avocat invité à la réunion, Me Yannick Sévigny, a prévenu les membres qu'ils risquaient d'être arrêtés pour méfait sur la clôture et même pour voies de fait. Le membre du Barreau aurait par ailleurs offert ses services pour faire le trajet avec ceux qui seraient chargé de transporter le matériel de Montréal à Québec, au cas où une arrestation aurait lieu en cours de route.
Presse Canadienne
Québec
Les membres de Germinal nient
avoir jamais décidé d'utiliser des cocktails Molotov lors du Sommet des
Amériques, en avril 2001.
Deux d'entre eux, Mario Bertoncini et Alex
Boissonneault, ont témoigné mercredi et ont contredit les affirmations faites
lundi et mardi par les deux agents d'infiltration de la GRC. Ceux-ci ont
soutenu qu'au cours de la troisième des quatre réunions du groupe, on a décidé
d'utiliser des cocktails Molotov, en plus de thunderflashes et de grenades
fumigènes.
Par contre, ont reconnu les deux jeunes étudiants à
l'UQAM, il était clair qu'on entendait se défendre des «assauts de
l'anti-émeute» et qu'on ne voulait pas «manger des coups de matraque» en se
limitant à une résistance passive. Mais il n'était aucunement question
d'attaquer les forces de l'ordre.
Le seul et unique objectif de Germinal, c'était le «mur
de la honte», ont soutenu les deux accusés. On le considérait comme insultant
et arrogant car il empêchait les gens d'aller manifester démocratiquement.
Les jeunes militants ne prévoyaient même pas pénétrer à
l'intérieur du périmètre de sécurité.
«Nous voulions
juste ébrécher la clôture pour montrer au monde que les Québécois n'acceptaient
pas ce mur», a déclaré Bertoncini. Ce dernier a attribué à la maladie dont il
souffrait le fait que plusieurs détails des événements échappent à sa mémoire.
De son côté, Alex Boissonneault, celui qu'on considère
comme le leader du groupe, a reconnu qu'à suite de la quatrième et dernière
réunion du groupe, le 14 avril, il a demandé à l'un des agents d'infiltration
s'il serait disposé à transporter des cocktails Molotov. L'ancien élève officier
au Collège royal militaire de Kingston a expliqué qu'il fallait envisager
toutes les possibilités bien qu'à ce moment, la décision de ne pas employer de
cocktails était toujours valide.
Plus tôt dans la journée, le juge Pierre Rousseau a
rejeté une motion de non-lieu présentée par Me Alain Dumas, l'avocat de Serge
Vallée. Celui-ci avait plaidé que la preuve contre le jeune réserviste des
Forces armées ne constitue que du ouï-dire. Tout au plus Vallée a-t-il indiqué
au groupe qu'il apporterait les thunderflashes et les grenades fumigènes.
D'autre part, deux témoins experts ont déposé pour
expliquer les dangers des cocktails Molotov, des thunderflashes et des grenades
fumigènes. Si le danger de brûlures est assez évident dans le cas des
cocktails, comme l'a décrit le chimiste Jean Brazeau, le capitaine Roger
Blanchard, un expert en explosifs dans les Forces armées, a décrit celui des
thunderflashes et des grenades fumigènes.
Le premier, qui sert à simuler l'explosion d'une
grenade, doit être lancé à au moins cinq mètres. L'explosion de la matière
pyrotechnique peut en effet causer des blessures en projetant des fragments au
sol. Évidemment, une personne peut aussi être blessée si elle tient dans sa
main le thunderflash au moment où celui-ci explose.
Quant à la grenade fumigène, qui sert à émettre un
signal, elle peut causer certains malaises aux voies respiratoires si on se
trouve trop près d'elle. On peut aussi éprouver des maux de tête, des
vomissements, voire des pertes de conscience.
Si, comme le plaide la
procureure de la Couronne, tout est une question de crédibilité dans l'affaire
Germinal, la défense estime pour sa part qu'un des deux agents doubles de la GRC
infiltrés dans le groupe s'est montré «un peu beaucoup agitateur».
Photo PC |
Alex boissonnau et Mario Bertoncini. |
Les témoignages
complétés, jeudi matin, les parties ont présenté leurs plaidoiries sur-le-champ
au juge Pierre Rousseau. Celui-ci a pris le tout en délibéré et il rendra son
jugement le 21 mai. À l'affirmation selon laquelle l'agent d'infiltration
Nicolas Tremblay a «joué à l'agitateur pas mal», le juge Rousseau a vite
rétorqué que celui-ci n'a pas eu à se forcer beaucoup. Cela n'a pas arrêté Me
Alain Dumas, qui a ajouté: «L'agent Tremblay a été planté là par l'État, qui
est parfois répressif un peu. Le groupe Germinal était composé de jeunes
idéalistes et l'État le savait. Il savait aussi que leur objectif était de
percer le mur, mais les moyens n'étaient pas définis. L'agent Tremblay a donc
apporté de l'alcool. Voulait-il les paqueter?»
Un autre avocat de la
défense, Me Enrico Théberge, a même suggéré que l'agent d'infiltration a pu
être affecté lui-même par l'alcool lors de la réunion du 7 avril 2001, celle au
cours de laquelle il affirme que la décision d'utiliser des cocktails Molotov a
été prise. Les jeunes ont un but noble, qui est de combattre les injustice dans
le monde, a plaidé Me Dumas en reconnaissant que leurs moyens n'étaient pas
bons.
L'avocat s'est demandé
pourquoi il n'a pas été question de cocktails Molotov lors de l'ultime et
dernière réunion du groupe avant le Sommet des Amériques. On a alors mis par
écrit tout l'équipement à apporter à Québec. Tout, sauf le matériel pour
fabriquer des cocktails.
«Pourquoi?», a demandé Me
Dumas.
D'ailleurs, a ajouté Me
Philippe Sirois, un autre avocat de la défense, aucun matériel à cette fin n'a
été saisi lors de l'arrestation du groupe. Quant aux thunderflashes et aux
grenades fumigènes dont disposait Germinal, l'avocat a soutenu qu'ils ne
pouvaient constituer un danger pour la vie des gens.
De son côté, la
procureure de la Couronne, Me Geneviève Lacroix, a soutenu qu'Alex
Boissonneault et Mario Bertoncini, les deux témoins de la défense, qui étaient
les principaux participants à Germinal, ont vraiment la mémoire sélective. Des
choses ne tiennent pas debout dans leur version et on essaie de noyer le
poisson, a-t-elle affirmé. Ainsi, pourquoi tenir un camp d'entraînement,
pourquoi avoir une organisation si structurée et pourquoi avoir déployé tant
d'efforts s'ils n'avaient pour objectif que d'ébrécher le mur?
Selon Me Lacroix, il faut
prendre en considération les moyens, les cocktails Molotov, la quantité de
personnes présentes à la manifestation du vendredi et le facteur humain. On en
arrive alors à un cocktail... explosif.
Photo PC |
Jaggi Singh s'est
fait connaître lors des manifestations en marge du Sommet des Amérique de
Québec en 2001 mais aussi au sommet de l'APEC à Vancouver en 1998. |
Presse Canadienne
Québec
L'activiste Jaggi Singh, impliqué dans des
émeutes du Sommet des Amériques à Québec l'an dernier, se retrouve à nouveau
dans l'eau bouillante.
Le juge Jean-Claude Beaulieu a émis un mandat
contre lui hier parce qu'il a omis de se présenter au Palais de Justice de
Québec. On devait y fixer la date de son procès mais ni lui ni son avocat ne se
sont présentés en Cour supérieure.
Selon un site internet d'activistes, Jaggi
Singh sera à Calgary à la fin de la semaine pour donner une conférence sur le
capitalisme, en prévision du Sommet du G8 à Kananaskis.
Depuis le 2 avril, Singh participe à la
caravane anti-G8 qui a visité plusieurs villes canadiennes et américaines.
Presse Canadienne
Québec
Le juge Hubert Couture a prononcé
vendredi la sentence la plus sévère imposée jusqu'ici à des manifestants du
Sommet des Amériques sans antécédents judiciaires, condamnant deux individus à
45 jours d'emprisonnement.
Les accusés, Dorian Locke, 19 ans, et
Aaron Koleszar, 28 ans, tous deux de l'Île-du-Prince-Édouard, avaient été
déclarés coupables, suite au Sommet des Amériques, d'attroupement illégal. Dans
le cas de Locke, sa culpabilité avait aussi été reconnue pour possession d'arme
dans un dessein dangereux, et quant à Koleszar, pour port d'arme dans un
dessein dangereux, et entrave à un agent de la paix dans l'exécution de ses
fonctions. Selon les faits mis en preuve, les deux jeunes hommes ont été
arrêtés, le 22 avril 2001, «alors qu'ils s'apprêtaient à troubler la paix
tumultueusement.»
Locke avait en sa possession, dans un sac
à dos, une fronde et des pierres, ainsi que de nombreux protecteurs. Koleszar
avait pour sa part des pierres dans ses poches, était bardé de protecteurs, et
avait près de lui un bouclier artisanal.
Tous deux étaient vêtus, comme l'écrit le
juge Couture, «comme d'autres individus qui, dans les jours précédents, avaient
été surpris à lancer des pierres, cocktails Molotov et à haranguer les agents
de la paix occupés à protéger un périmètre de sécurité entouré d'une immense
clôture que certains manifestants tentaient de jeter par terre»
Effet de dissuasion
Le juge Couture a beaucoup insisté, dans
son jugement rendu au Palais de justice de Québec, sur le fait qu'il valait
mieux «privilégier les objectifs de dissuasion tant générale que spécifique et
ce, à cause de la nature même des infractions et de la façon dont elles ont été
perpétrées(...)» Le procureur des deux jeunes hommes, Me Pascal Lescarbeau,
s'est dit renversé par cette décision, soulignant que ses clients n'avaient pas
d'antécédents. «C'est quand même assez excessif, on peut facilement comparer
avec des crimes beaucoup plus graves, comme un vol qualifié par exemple, pour
lequel une personne reconnue coupable sera jugée beaucoup moins sévèrement que
dans le cas présent», a-t-il commenté.
«J'ai l'impression, d'ajouter Me
Lescarbeau, que mes clients ont été pénalisés pour d'autres, qu'ils ont été
associés au Black Bloc en raison des images télé qui ont été présentées au
juge.» Me Lescarbeau a l'intention de porter la cause en appel, et il
présentera une requête à cette fin mercredi prochain, en Cour supérieure. «Je
vais aussi en appel du verdict», a-t-il précisé.
Qualifiant de peu fiables et de non crédibles
les témoignages des membres de Germinal venus à la barre, le juge Pierre
Rousseau a déclaré les sept jeunes accusés coupables de toutes les accusations
auxquelles ils faisaient face, incluant la plus grave, celle de complot pour
commettre un méfait causant un danger réel pour la vie des gens.
L'élément déterminant de cette accusation
reposait sur l'emploi projeté de cocktails Molotov au Sommet des Amériques, en
avril 2001.
Le juge s'y est d'ailleurs attardé en rendant
son jugement.
Les accusés, a-t-il rappelé, ont admis
l'ensemble des récits des deux agents de la GRC infiltrés dans les rangs de
Germinal durant les semaines précédant le Sommet. Ils ont tout admis, sauf
l'entente concernant l'emploi de cocktails Molotov, et cela est apparu
invraisemblable au juge Rousseau.
S'ils avaient fait preuve d'un calme et d'un
détachement exemplaires au cours de leur procès, en mars, les principaux
leaders du groupe ont craché leur dégoût et leur frustration à la sortie de la
salle d'audience, hier.
À leurs voix, s'est ajoutée celle du militant
Jaggi Singh, venu simplement apporter son soutien aux accusés, a-t-il assuré.
Dans les propos incendiaires de Singh, de
Mario Bertoncini et d'Alex Boissonneault, il était souvent question d'État
fasciste et de procès politique s'apparentant aux causes du FLQ. Plus
imaginatif, l'un des jeunes hommes en a fait sourire plus d'un en dénonçant
«les policiers qui baisent avec la reine tous les soirs».
Juchée sur un banc, une jeune sympathisante a
invectivé la procureure de la Couronne en lui reprochant de s'acoquiner avec la
police!
Pendant ce temps, quelques-uns des nombreux
amis des accusés venus les soutenir exhibaient aux caméras de télévision une
banderole indiquant que le «squat» offre l'asile politique à Germinal.
Dans son jugement, le tribunal a rappelé que
le ministère public a présenté quatre témoins, dont les deux agents d'infiltration
de la GRC.
Ces derniers ont relaté que les 14 jeunes
gens membres de Germinal s'étaient regroupés autour de l'initiateur, Alex
Boissonneault. Avec l'objectif symbolique de pratiquer une brèche dans la
clôture du périmètre de sécurité, on a commencé l'organisation et les réunions,
puis on est passé à une démarche plus active en se munissant de matériel
militaire.
Au cours du procès, d'ailleurs, Germinal a
admis le complot pour commettre un méfait. Les accusés niaient toutefois avoir
voulu mettre la vie des gens en danger.
Le juge Rousseau a estimé que tous les objets
dont le groupe entendait se servir étaient susceptibles d'occasionner des
blessures sérieuses, mais pas la mort. Les cocktails Molotov, eux, étaient
susceptibles de la causer.
Un témoin expert a indiqué en effet qu'ils
pouvaient transformer des gens en véritables torches humaines. Et le danger,
d'ajouter le magistrat, ne se trouvait pas atténué, comme on a voulu lui faire
croire, par le fait que les utilisateurs des cocktails auraient été des
personnes expérimentées de par leur formation militaire.
Il a été impossible de déterminer une date
pour le débat sur la sentence, qui doit durer une journée car, d'indiquer un
avocat de la défense, des arguments relatifs à la Charte canadienne des droits
et libertés seront avancés. La date devrait être déterminée lundi.