Table des matières.. 1

CNW : Possible dégel des droits de scolarité - La Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec dénonce l'incohérence du gouvernement péquiste – 16 janvier 2002. 4

CNW : Fédération étudiante universitaire du Québec - Le gel des frais de scolarité - Le gel des frais de scolarité : une condition essentielle à l'accessibilité – 16 janvier 2002. 4

CNW : Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) - Les déclarations du ministre Legault - Legault est-il à sa place? – 16 janvier 2002. 4

Bureau : (514) 396-3320, Cell. : (514) 707-3320, labergem@fecq.org. 5

Presse Canadienne. 5

Presse Canadienne : Le ministre de l'Education cause des remous avec les frais de scolarité – 16 janvier 2002. 5

Le Devoir : Entrevue au Devoir: Legault ouvre la porte au dégel des frais de scolarité - Le ministre veut rester à l'Éducation mais croit qu'il faut revoir le financement des soins de santé - mercredi 16 janvier 2002. 5

Le Devoir : François Legault en entrevue au Devoir: Une loi «avec des dents» pour le plan - Le mercredi 16 janvier 2002. 6

La Presse : La FEUQ promet une vive opposition à tout dégel des frais de scolarité.. 7

Le Devoir : Pour un dégel contrôlé - Le jeudi 17 janvier 2002. 7

Montreal Gazette: Legault backpedals on tuition - Thursday, January 17, 2002. 7

Le Soleil : Tollé étudiant - Le jeudi 17 janvier 2002. 8

La Presse : Les étudiants n'accepteront pas un dégel des droits de scolarité - Le jeudi 17 janvier 2002. 9

Info FECQ : janvier 2002. 9

Journal de Montréal : Le dégel des frais de scolarité : Legault déclenche un tollé – 17 janvier 2002-10-06. 10

Le Soleil : éditorial : temps de dégel ? – 17 janvier 2002. 11

Le Devoir : Droits de scolarité : un débat s’impose, dit Jean Charest – 17 janvier 2002-10-06. 12

La Presse – Le Soleil : Dégel des droits de scolarité : Les étudiants «ne se laisseront pas intimider» - Le lundi 21 janvier 2002. 13

Montreal Gazette : Students vow to fight raise in tuition fees - - Monday, January 21, 2002. 13

Journal de Montréal: Les étudiants se mobilisent contre le dégel de frais – 21 janvier 2002-10-06  14

Le Devoir : Dégel des frais de scolarité : Les étudiants se mobilisent – le 21 janvier 2002. 14

Cyberpresse : Les étudiants du collégial ne veulent pas de diplômes à rabais - Le dimanche 24 mars 2002. 15

Soleil : Diplômes à vendre : les étudiants de cégeps dénoncent le nouveau DEC décerné par chaque institution – 25 mars 2002. 15

The Gazette: Higher tuition fees will spell lower quality Tuesday, March 26, 2002. 15

La Presse : Québec privilégie l'éducation et la santé pour la prochaine année - Le mardi 26 mars 2002  16

Montreal Gazette- Raising tuition is quick-fix solution - Wednesday, March 27, 2002. 17

Le Devoir : Crédits budgétaires: L'éducation obtient plus que la santé : «Nous faisons déjà beaucoup pour la santé», dit Facal - Le mercredi 27 mars 2002. 17

Le Devoir : Ralentir la cadence – 28 mars 2002. 17

Journal de Montréal : Bouffée d’air frais en éducation : Le budget du ministère augmente de 5,7 % - 28 mars 2002. 19

Métro : Le ministère de l’Éducation vise la réussite éducative – 28 mars 2002. 21

Le Soleil : Lutte au décrochage et éducation des adultes - Le jeudi 28 mars 2002. 21

Le Devoir : Philosopher au cégep - Le samedi 30 mars 2002. 22

CNW - A l'attention du directeur de l'information: : Avis aux médias - Fédération étudiante collégiale du Québec - 22 associations étudiantes protestent symboliquement pour dénoncer l'habilitation des collèges – 09 avril 2002. 23

Le Devoir : Avis du Conseil supérieur de l'éducation: L'obsession de la réussite nuit aux cégépiens   24

La Presse : 15 millions aux cégeps des régions : Simard à la rescousse des cégeps Le jeudi 11 avril 2002. 25

Le Soleil : 15 millions pour aider les cégeps en région à garder leur clientèle – 12 avril 2002  26

Le Soleil : Fausse alerte au cégep - Le vendredi 12 avril 2002. 26

Métro : 15 Millions pour les cégeps - 12 avril 2002. 27

Métro : Des sous qui arrivent à point en région - 12 avril 2002. 27

Le Devoir : Soutien aux cégeps en région - Simard injecte 15 millions supplémentaires - Le 12 avril 2002. 27

The Montreal Gazette - Boost to CÉGEPs: $15 million to help outlying regions - Friday, April 12, 2002  28

Le Soleil - Ce n'est pas suffisant, jugent les étudiants : Le régime de prêts et bourses de nouveau indexé - Le samedi 13 avril 2002. 28

Le Soleil - Les cégeps en région en 2010: un tiers des étudiants en moins - Le lundi 15 avril 2002  28

Le Devoir- Un réseau à repenser - Le mardi 16 avril 2002. 29

La Presse : Jouer à apprendre: Il est temps de commencer à élaborer le Hollywood de l'éducation - Le lundi 15 avril 2002. 30

Le Soleil, Baisse de la clientèle des cégeps en région : l’aide de Québec jugée insuffisante - 16 avril 2002. 32

Métro, Moins d’étudiants - 16 avril 2002. 32

La Presse : Première femme à la direction de McGill - Le mercredi 17 avril 2002. 32

Le Soleil : Les profs de cégep dénoncent l’obsession des diplômes – 25 avril 2002. 33

Le Soleil : Cégep de Rimouski : 5$ de plus pour la quote-part étudiante – le 25 avril 2002. 34

Métro : Diplôme collégial - 25 avril 2002. 34

Métro : les étudiants ne lâchent pas prise - 29 avril.. 34

Le Soleil : Contre l'habilitation des collèges à décerner les diplômes - Le mardi 30 avril 2002  35

Le Devoir : Les filles en tête - Le mardi 30 avril 2002. 35

Le Devoir : École publique - «L'approche client» fait son chemin - Le mercredi 01 mai 2002. 36

Le Devoir : Prêts : les étudiants à temps partiel désormais admissibles - 1er mai 2002. 37

La Presse : Les prêts et bourses ouverts aux étudiants à temps partiel - Le mercredi 01 mai 2002  37

La Presse - Éducation: le Québec dépense plus que les autres provinces... mais moins que les Etats-Unis - Le jeudi 02 mai 2002. 38

Le Devoir : Problème d'image? - Le vendredi 03 mai 2002. 38

Le Soleil- Réussite scolaire et réussite éducative, un monde de différences - Le vendredi 03 mai 2002  39

La Presse : FRANÇAIS : Les cégeps devront-ils revoir leurs exigences à la baisse? - Le jeudi 16 mai 2002. 40

La Presse - Dérapage à Saint-Jérôme - Le samedi 18 mai 2002. 41

La Presse : Accès aux études supérieures: les femmes loin devant - Le mercredi 22 mai 2002. 41

La Presse : Le point de vue d'un élève - Le jeudi 23 mai 2002. 42

La Presse : LA VIE AU TRAVAIL - EDUCOLLEGE.COM, un nouvel outil - Le lundi 27 mai 2002. 43

La Presse : Le MEQ resserre la correction de l'examen de français de 5e secondaire - Le jeudi 30 mai 2002. 44

Le Devoir : Cégeps - Les plans de réussite devront donner des résultats - Sylvain Simard fera adopter des dispositions juridiques - Édition du jeudi 6 juin 2002. 44

La Presse : Le dégel des droits de scolarité au cœur des débats – mardi 11 juin 2002. 45

 

 

CNW : Possible dégel des droits de scolarité - La Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec dénonce l'incohérence du gouvernement péquiste – 16 janvier 2002

 


QUEBEC, le 16 janv. /CNW/ - Madame Isabelle Merizzi, présidente sortante de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, dénonce le ministre de l'Education, monsieur François Legault, pour son manque total de clarté dans le dossier des droits de scolarité, ce qui fait en sorte que les étudiants ne savent pas à quoi s'en tenir dans les prochains mois. "Le gouvernement péquiste nous a habitué à des gestes incohérents mais cette fois-ci, ça

dépasse toute commune mesure."

    La Présidente de la Commission-Jeunesse rappelle que le Parti libéral du Québec a une position limpide sur ce sujet : le maintien du gel des droits de scolarité jusqu'à ce qu'une vaste étude sur le financement des universités

soit effectuée dans une perspective d'écoute de tous les intervenants et du maintien de l'accessibilité aux études universitaires. "Monsieur Charest a réitéré cet engagement devant la Fédération Universitaire du Québec réunie à

Sherbrooke au mois de novembre dernier et entend respecter sa parole."

    Enfin, madame Merizzi souhaite que la volonté du ministre de tenir un débat soit bien réelle et qu'il ne s'agisse pas en réalité, d'une tentative de manipuler les étudiants afin de relancer la popularité du Parti Québécois en

promettant au bout du compte le gel complet des droits de scolarité durant le mandat. "Les étudiants ne sont plus dupes et en ont assez de monter aux barricades pour sauver l'image du ministre Legault. Le Parti libéral du

Québec, quant à lui, est prêt à tenir un débat et il s'y est engagé. Ce dont le PLQ se préoccupe le plus, c'est la qualité et l'accessibilité du diplôme universitaire", a conclu la porte-parole de la Commission-Jeunesse.

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Renseignements: Nicolas Rochette, Coordonnateur aux communications,

Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, (418) 688-8910,

1-800-463-4575



 MONTREAL, le 16 janv. /CNW/ - "Garantir l'accessibilité aux études c'est d'abord assurer le gel des frais de scolarité !" c'est en ces termes que Mme Andrée Mayer-Périard, présidente de la Fédération étudiante universitaire

du Québec (FEUQ) a accueilli les propos tenus par M. François Legault.

    "Dans une économie du savoir, il importe que l'on fasse de l'accessibilité aux études une priorité pour permettre aux jeunes d'intégrer le marché du travail", souligne Mme Mayer-Périard. En effet, 59 % des nouveaux emplois créés en l'an 2000 exigent un diplôme universitaire.

    Quant à la solution préconisée par M. Legault d'ajuster le système de prêts et bourses en conséquence, la FEUQ tient à rappeler que le nombre d'étudiants ayant contracté une dette d'études de plus de 15 000 $ a augmenté

de 100 % depuis 1994. "Il est donc impératif de bonifier le système actuel de prêts et bourses ainsi que les modalités de remboursement des dettes d'études afin de permettre aux étudiants de réussir leurs études, clame la présidente de la FEUQ, et le gel des frais de scolarité demeure une condition essentielle à l'accessibilité aux études et à une telle réforme."

    Il est encore étonnant qu'un ministre du gouvernement du parti québécois, après avoir reconnu l'importance de l'éducation, en décembre dernier, puisse tenir de tels propos. Mme Mayer-Périard affirme que "les étudiants auront ce sujet à l'ordre du jour à leur Congrès qui se déroulera samedi et dimanche prochains à Trois-Rivières."

    La FEUQ ne craint aucun débat sur le gel des frais de scolarité. "Nous avons toutes les études nécessaires pour démontrer de façon éloquente la nécessité du gel des frais de scolarité" conclue la présidente de la FEUQ.

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Renseignements: Farouk Karim - FEUQ, (514) 396-3380

 


 


MONTREAL, le 16 janv. /CNW/ - La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) réagi très négativement aux propos tenus ce matin par le Ministre de l'Education, qui souhaite faire un nouveau débat sur le gel des

frais de scolarité. La Fédération tient à rappeler au gouvernement ses engagements électoraux concernant le gel et croit que l'émergence d'un tel débat à ce moment-ci est prématurée.

   "Nous excluons tout débat avant la prochaine campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault doit faire de même. Ce sera certainement mieux ainsi pour son gouvernement!" lance Martin Simard, président de la FECQ.

    La FECQ croit cependant que l'hésitation du ministre de l'Education relativement au gel lors d'un troisième mandat est symptomatique de l'usure du gouvernement. "Le gouvernement utilise les mêmes vieilles méthodes. Il met le feu aux poudres pour éclipser d'autres enjeux et réaliser son agenda politique. Ce sont des stratégies de gouvernement usé par le pouvoir." Décrie monsieur Simard.

    La FECQ rappelle que plusieurs dossiers font l'objet d'un consensus au sein du milieu de l'Education, notamment l'abolition du processus d'habilitation. "Nous sommes au rendez-vous pour régler les vrais problèmes de l'Education, pas pour les créer." conclu Martin Simard.

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Renseignements: Mathieu Laberge, Directeur des communications FECQ,

Bureau : (514) 396-3320, Cell. : (514) 707-3320, labergem@fecq.org

Presse Canadienne

 



MONTREAL (PC) - En soulevant la question d'un possible dégel des frais de scolarité dans un éventuel troisième mandat péquiste et en dénonçant le déséquilibre entre les dépenses gouvernementales en santé et celles en éducation, le ministre de l'Education, François Legault, a déclenché une série de réactions, dont la vigueur a semblé le surprendre.

Non seulement ces réactions sont-elles venues du chef du Parti libéral du Québec et de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) mais également de sa collègue vice-première ministre, Pauline Marois.

"Legault ouvre la porte au dégel des frais de scolarité" titrait Le Devoir mercredi. "Le ministre veut rester à l'Education mais croit qu'il faut revoir le financement des soins de santé", était-il écrit en sous-titre.

Il n'en fallait pas davantage pour que le ministre soit pressé de s'expliquer dès sa première apparition publique mercredi. "A l'heure actuelle, il n'est pas question de dégeler les frais de scolarité. On a pris un engagement lors de la dernière campagne électorale de maintenir les frais de scolarité universitaire au niveau où ils sont actuellement pour toute la durée du mandat. Il y a respect de cet engagement", a soutenu le ministre.

Se référant à l'article en question, le ministre a tenu à préciser qu'on lui avait demandé si, dans la prochaine plateforme électorale, on prendrait des engagements concernant le gel des frais de scolarité. "J'ai dit que, pour l'instant, il était prématuré de répondre à cette question et que je ne pouvais ni confirmer ni infirmer", a fait valoir le ministre.

Le ministre s'est cependant bien gardé de revenir sur ses propos voulant qu'un débat sur la question des frais de scolarité universitaire devait se tenir. Il a plutôt parlé de la nécessité de débattre de deux autres questions: le déséquilibre fiscal entre Québec et Ottawa et le financement des soins de santé.

"On sait qu'avec le vieillissement de la population et le coût croissant des médicaments et des nouvelles techniques, on a une croissance des dépenses de santé qui est plus grande que la croissance des revenus.

"Il ne faut pas négliger les autres missions, incluant l'éducation. On pourrait ajouter la famille, l'innovation. Il y a des secteurs dans lesquels on doit continuer d'investir", a-t-il ajouté.

Interrogée sur la question, la vice-première ministre Marois a, sans équivoque, fermé la porte aux suggestions du ministre Legault. "Le gouvernement du Québec a réussi depuis des années à maintenir un équilibre dans les budgets accordés tant à l'éducation, qu'à la santé ou à d'autres missions de l'Etat. Je crois que c'est cet équilibre qu'il faut chercher à maintenir", a déclaré Mme Marois.

"Nous avons le devoir de réfléchir à de nouvelles stratégies à l'intérieur de chacune des missions", a-t-elle ajouté.

Pour sa part, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Martin Simard, a indiqué qu'il s'opposait à ce que la question des frais de scolarité soit discutée d'ici les prochaines élections.

"Nous excluons tout débat avant la prochaine campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault doit faire de même", a-t-il dit. La FECQ a dit croire que l'hésitation du ministre relativement au gel lors d'un troisième mandat est "symptomatique de l'usure du gouvernement".

Pour sa part, le chef de l'Opposition Jean Charest a rappelé qu'une résolution adoptée par sa formation au Conseil général du printemps 2001 au Mont-Tremblant préconisait, outre le gel, un débat en commission parlementaire sur la question.

"Pour le Parti libéral du Québec, il n'est vraiment pas question de renier son engagement de maintenir le gel des frais de scolarité avant que les élus ne se soient penchés sur la question de tout le financement du système d'éducation à l'occasion d'une commission parlementaire", a affirmé M. Charest.


 


Le Devoir : Entrevue au Devoir: Legault ouvre la porte au dégel des frais de scolarité - Le ministre veut rester à l'Éducation mais croit qu'il faut revoir le financement des soins de santé - mercredi 16 janvier 2002

Mario Cloutier


François Legault ouvre la porte à un dégel des frais de scolarité universitaires à la suite d'un débat qui se tiendrait à ce sujet. Lors d'une entrevue éditoriale au Devoir, le ministre de l'Éducation n'a pas pu s'engager formellement au maintien du gel des frais de scolarité au cours d'un éventuel troisième mandat du PQ. Son gouvernement a souvent tergiversé à ce sujet mais a réussi à garder les frais de scolarité les plus bas au pays depuis son retour au pouvoir, en septembre 1994.

 «Ce qu'on va s'assurer de faire, c'est de maintenir l'accessibilité. Comment on fait pour s'assurer que tout jeune qui a le goût de compléter une formation universitaire soit capable de le faire? On va s'en tenir à ça pour l'instant», a expliqué M. Legault.

Le ministre de l'Éducation et de l'Emploi pense qu'il est temps de tenir un débat sur les frais de scolarité. Il estime qu'une hausse des frais aurait des impacts négatifs sur l'accessibilité aux études, ce qui, reconnaît-il, pourrait tout de même être compensé par des ajustements au système de prêts et bourses.

Se posant en défenseur de «l'accessibilité avant tout», il ajoute cependant que les revenus totaux des universités québécoises sont supérieurs à ceux des institutions canadiennes. Dans ce cas, dit-il, le maintien du gel des frais de scolarité «ne serait pas un drame» non plus.

Reprenant son cheval de bataille du Sommet du Québec et de la jeunesse, en l'an 2000, le ministre Legault demande par ailleurs une hausse de ses crédits.

«La clef du développement de la société québécoise passe par l'éducation. On a de bons résultats au Québec. On investit beaucoup per capita, mais on a intérêt à en mettre davantage. [...] On ne se trompe pas en investissant dans l'éducation.»

Le budget québécois doit être revu, selon lui, en tenant compte du déséquilibre fiscal canadien et des surplus du gouvernement fédéral, mais aussi des dépenses vertigineuses en soins de santé au Québec. Il en fait une question «d'équité entre les générations».

M. Legault espère poursuivre le travail entrepris en Éducation après le remaniement ministériel prévu dans quelques semaines. Cela ne l'empêche pas de demander un débat qui mettra dans la balance les dépenses effectuées en santé par rapport aux investissements rentables que représente l'éducation.

 «On a un débat à faire sur la santé. Quels services est-on capables de se payer? Quel pourcentage du PIB est-on prêt à y consacrer? Il ne faut pas que toutes les marges de manoeuvre aillent à la Santé.»

Il craint notamment la croissance des coûts des médicaments et des nouvelles techniques utilisées. Le ministre Legault souligne la hausse beaucoup plus rapide des dépenses en santé que celle des revenus du gouvernement.

 «Qui va payer, en bout de ligne? Il ne faut pas que ce soit au détriment des autres missions de l'État.»

Pour la nouvelle année, M. Legault s'est donné trois objectifs: l'amélioration de l'imputabilité des réseaux, la lutte contre le décrochage scolaire en milieu défavorisé et un plan d'action en formation continue. Défi de taille et méconnu, il vise le «raccrochage» de deux millions d'adultes québécois de moins de 65 ans, dont 200 000 de moins de 30 ans, qui n'ont pas terminé leur secondaire V.

 «Dans une société du savoir, ça devient prioritaire de travailler là-dessus.»

Avec ce nouveau programme, la priorité ira aux sans-emploi, aux bénéficiaires de l'aide sociale et aux sans chèque. Désormais responsable de l'Emploi en plus de l'Éducation, le ministre Legault pense qu'il faut revoir la collaboration entre les Centres locaux d'emploi (CLE) et les commissions scolaires.

 «Je veux qu'on revoie un par un les programmes d'Emploi-Québec pour améliorer la formation de base d'ici deux ou trois ans.»

Les programmes de formation devront être adaptés, pense-t-il, notamment en ce qui a trait à leur souplesse. M. Legault croit qu'il faudra rejoindre les adultes où ils se trouvent en utilisant les groupes d'éducation populaire et en se déplaçant dans les entreprises. Une campagne d'information sera également mise sur pied.

Ce plan d'action de quatre à cinq ans en formation des adultes se financera avec une partie du budget de 200 millions des engagements financiers du Sommet de la jeunesse, la majeure partie de ces investissements additionnels allant d'abord au décrochage scolaire.

Mais là aussi, les impôts québécois qui dorment à Ottawa devront éventuellement être récupérés. Et il prévient déjà le gouvernement fédéral contre toute nouvelle intrusion dans ce domaine de compétence provinciale.

 «Il faut voir où on va mettre cet argent et il faut craindre le pire. On a vu dans le passé les Bourses du millénaire et les chaires fédérales dans les universités.»


Le Devoir : François Legault en entrevue au Devoir: Une loi «avec des dents» pour le plan - Le mercredi 16 janvier 2002

Valérie Dufour


Les plans de réussite des écoles et des cégeps du Québec pourraient bientôt être encadrés par une loi «avec des dents». Cet outil permettrait ainsi au gouvernement de mettre au pas les établissements qui ne remplissent pas leurs objectifs en matière de diplomation.

C'est ce qu'a révélé hier le ministre de l'Éducation, François Legault, en entrevue éditoriale au Devoir. «J'ai des [fonctionnaires] qui, à l'heure actuelle, travaillent là-dessus», a-t-il indiqué. «Donnons-nous la chance au moins d'essayer d'améliorer la situation dans les cégeps où cela ne va pas bien. Mais si les gens ne se prennent pas en main, je n'exclus pas, dès ce printemps - autant au niveau des commissions scolaires que des cégeps -, de me donner un projet de loi où on aurait les dents pour agir quand c'est nécessaire d'agir.»

Le ministre souligne qu'il pourrait également utiliser une autre stratégie pour forcer les établissements à respecter leur plan de réussite. «J'ai déjà un pouvoir très fort qu'il faut utiliser avec parcimonie, et c'est le devoir de transparence. Si, demain matin, je dis publiquement que tel cégep ou telle commission scolaire a des résultats inacceptables et un très mauvais plan de réussite, la pression va être très forte. Et je n'ai pas besoin d'un projet de loi pour cela. Nous ne sommes pas rendus là, et il faut faire attention, mais on peut utiliser la reddition de comptes publique pour susciter une action.»

Et M. Legault n'a pas ménagé les dirigeants des cégeps de la province. «C'est le réseau dans lequel il y a le plus de travail à faire. J'ai demandé aux 48 collèges publics de préparer un plan de réussite. J'ai même demandé que les 48 plans soient refaits parce que je trouvais qu'on n'était pas assez ambitieux, entre autres, avec les taux de diplomation.» Il précise qu'il rencontre chaque semaine des représentants d'un cégep ou d'une commission scolaire où la mise en forme de ces contrats traîne la patte.

Dans le réseau collégial, 55 % des étudiants décrochent leur DEC. Pour la formation technique, moins de 49 % obtiennent leur diplôme cinq ans après le début de leurs études. François Legault reconnaît qu'il faut valoriser la formation professionnelle car 20 % des cégépiens finissent par compléter un DEP.

Secondaire

Il rejette cependant la rhétorique de certains voulant que les élèves fraîchement diplômés du secondaire soient trop faibles pour réussir au cégep. «Arrêtons de dire qu'au secondaire, ça ne va pas bien. Ça va très bien quand on se compare aux autres pays de l'OCDE. Les cégeps qui disent que la clientèle qui arrive du secondaire n'est pas assez forte ou mal préparée, je leur réponds qu'on est avec les deux ou trois meilleurs pays au monde, comme le Japon et la Corée.»

«Quand on fait le diagnostic pour savoir pourquoi un cégep n'a pas un bon taux de diplomation, eh bien, on ne peut pas ignorer le personnel, ajoute M. Legault. Et je parle autant de la direction du collège que du personnel enseignant. Il faut se poser des questions de ce côté et il faut agir. Il y a des débats qu'on peut entamer, mais il y a des débats qu'il faudra continuer dans le cadre des prochaines négociations de conventions collectives.»

Équité salariale

Le ministre a également espoir d'en venir à une entente au cours des prochaines semaines dans le dossier de l'équité salariale. Et il semble prêt à mettre de l'eau dans son vin. En effet, il veut négocier avec la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) pour augmenter non plus le nombre d'heures en classe mais bien le nombre d'heures que les enseignants passent auprès des élèves à l'école.

«Il faut trouver comment faire pour avoir plus de temps de façon systématique à l'école en échange d'une rémunération plus élevée des enseignants», a expliqué le ministre. Il répète que la négociation se fera selon le principe du «donnant donnant».

Lorsqu'il parle d'accroître le temps de présence des enfants à l'école, François Legault veut absolument que les enseignants fournissent des services supplémentaires. Ceux-ci pourraient prendre la forme d'aide aux devoirs, d'activités sportives et culturelles, voire de rencontres individuelles plus nombreuses avec les parents.

«Au primaire, par exemple, on veut réduire de façon importante le redoublement. Un enfant qui en temps normal aurait redoublé avant la réforme et ne redouble pas, il a peut-être besoin [...] de récupération ou d'aide aux devoirs et aux leçons. Ça peut être en dehors des heures de classe, mais quand même, ça pourrait être à propos. Aussi important, sinon plus, que de hausser le temps d'enseignement», dit le ministre.

«C'est la même chose avec le suivi individualisé des élèves, reprend-il. [...] Je travaille sur un plan d'action dans les milieux défavorisés et je dirais qu'une partie importante du travail qu'il y a à faire auprès de ces enfants ne touche pas à l'approche pédagogique. Ça touche des problèmes de détresse humaine, des jeunes qui consomment [de la drogue], qui ont des problèmes familiaux, des problèmes à la maison. Il faut créer un sentiment d'appartenance à l'école.»



Montréal

La Fédération étudiante universitaire du Québec promet de s'opposer farouchement à tout dégel des frais de scolarité dans les universités et n'écarte d'emblée aucun moyen de pression pour faire valoir son point de vue.

Le ministre de l'Éducation, François Legault, a indiqué lors d'une entrevue au quotidien Le Devoir qu'il n'écartait pas cette possibilité à moyen terme

La Fédération conteste l'affirmation du ministre à l'effet que l'accessibilité pourrait être maintenue malgré un dégel grâce à une bonification du régime de prêts et bourses. Selon la FEUQ, cette approche n'aurait d'autre effet que d'accroître l'endettement étudiant.
De plus, elle fait valoir que plusieurs étudiants ne sont pas admissibles à l'aide financière et qu'une hausse des frais de scolarité ne ferait que restreindre davantage l'accessibilité pour ces étudiants.


Le Devoir : Pour un dégel contrôlé - Le jeudi 17 janvier 2002

Paule Des Rivières

Éditorial

S'attaquant à un sujet tabou au sein de son gouvernement, le ministre de l'Éducation, François Legault, vient d'ouvrir la porte à une éventuelle hausse des droits de scolarité. Il faut saluer cette ouverture. Un débat s'impose, cela est certain, quant à la pertinence de maintenir à leur niveau actuel les droits de scolarité à l'université, inchangés depuis près de dix ans.

Après avoir dit à plusieurs reprises mardi, en entrevue au Devoir, qu'il croit le temps venu de tenir un débat sur les droits de scolarité, M. Legault a mis la pédale douce hier en répétant que toute prise de position sur cette question serait «prématurée». Mais elle resurgira, n'en doutons point. Il est difficile de défendre sans plus de discussion le gel permanent au moment même où le financement de nombreux programmes est remis en question. Même les garderies à 5 $ par jour, fleuron par excellence d'un gouvernement qui aime se dire social-démocrate, ne sont pas assurées de pérennité.

Dans ce contexte, et à plus forte raison lorsque le ministre en question n'a de cesse de répéter que la santé rongera bientôt une trop grosse part du budget de l'État, il serait logique de débattre de la pertinence du gel des droits, qui s'établissent à 1668 $ par année et qui sont en moyenne deux fois plus bas que dans le reste du pays.

La majorité des recteurs du Québec, qui réclamaient bruyamment une hausse des droits il y a à peine trois ans, se sont calmés depuis que le gouvernement a accru ses subventions à l'enseignement supérieur. Cependant, encore aujourd'hui, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un ajustement. La Fédération étudiante universitaire du Québec voit évidemment les choses d'un autre oeil et les propos du ministre de l'Éducation donneront le ton à son prochain congrès, qui se tient ce week-end. On se rappelle que la FEUQ avait vu le jour pour combattre la hausse salée imposée par le ministre libéral Claude Ryan au tournant des années 90. Le maintien des droits à leur niveau actuel revêt donc un aspect quasi mythique pour la fédération étudiante. Malheureusement, les arguments qu'elle sert pour se défendre s'apparentent à un entêtement irréaliste.

Non pas qu'il faille remettre en cause le principe de l'accessibilité à l'enseignement supérieur. Tout le monde s'entend sur cet objectif fondamental de société. Mais il faut se demander si la démocratisation de l'accès à l'université passe nécessairement par la quasi-gratuité. Un débat sur cette question permettrait d'apporter un éclairage nouveau sur le lien entre les coûts d'entrée à l'université et son accessibilité, surtout au sein des milieux moins favorisés.

Il va par ailleurs de soi qu'un débat sur les droits de scolarité doit être élargi au système de prêts et bourses, au type d'accompagnement que l'État peut fournir à ceux qui n'ont pas les moyens de financer leurs études. Le Québec a longtemps tiré de l'arrière en matière d'éducation supérieure, et personne ne désire revivre cette triste époque.

Cependant, d'un autre côté, mieux vaut se diriger lentement vers une hausse de droits contrôlée et raisonnable plutôt que de risquer un dégel brutal lorsque la situation économique redeviendra difficile. Cette dernière option heurterait à coup sûr les étudiants les moins fortunés. Et le Québec ne désire pas emprunter cette voie dans laquelle l'Ontario s'est engagée.

Le gouvernement ne voudra peut-être pas affronter les associations étudiantes sur cette question, pas plus que les libéraux d'ailleurs, favorables au gel. Mais à moyen terme, une telle attitude desservirait ceux-là mêmes qu'on aurait tenté d'amadouer, pour des raisons de nature électorale.


Montreal Gazette: Legault backpedals on tuition - Thursday, January 17, 2002

ALLISON HANES, HARVEY SHEPHERD of The Gazette contributed to this report 

Montreal Gazette


François Legault could barely utter the words "tuition" and "unfreeze" in the same sentence yesterday without university students pouncing on his words and denouncing the possibility.

During a public appearance at the UniversitÈ de MontrÈal, the education minister backed quickly away from comments made a day earlier that the government might open a debate on lifting the eight-year fee freeze after the next election.

"There are no studies of any kind of lifting the freeze," Legault said yesterday. "It would be premature at this moment to talk about what we might do in our next mandate."

But his backpedaling didn't stop students from showing what any government who tried to hike the lowest fees in the country would face.

"We don't want a debate," said AndrÈe Mayer-PÈriard, president of the FÈdÈration ?tudiante Universitaire du QuÈbec. "For us it's clear: accessibility is the tuition freeze."

The federation has hired an economist to assemble the facts and figures, she said, and vows to make maintaining the fee freeze an issue in the next provincial election.

Quebec-resident students pay an average $1,668 for an undergraduate arts degree - far less than the national average and half of what it costs Nova Scotia students. (Out-of-province residents who study in Quebec pay about $3,500.)

"The student movement is going to protest," said Jeremy Farrell, president of the Student Society of McGill University.

Lower tuition means students don't graduate with $25,000 loans, credit-card debt and a high risk of defaulting - experiences their counterparts elsewhere in Canada are familiar with.

With rising rents in Montreal, growing prices for books and a slowing economy, Farrell said students can't take a tuition hike. "Five or 10 years into their working lives they're still paying off the loans instead of buying houses and cars."

Studies show that each percentage increase in tuition corresponds with a 0.07-per-cent increase in the drop-out rate, said BenoÓt Riopel, secretary-general of the UniversitÈ de MontrÈal student union.

Liberal higher-education critic Jacques Chagnon said his party has pledged not to make any decisions on tuition fees until a parliamentary commission investigates the wider issue of university funding.

It would be a shame if Quebec were to walk away from its commitment to keeping tuition low, said Ian Boyko, national chairman of the Canadian Federation of Students.

"Participation rates of students from middle- or lower-income families have been declining," he said. "It's a direct impact of rising tuition."

But money has to come from somewhere for universities to keep class sizes small, attract and keep skilled faculty, compete for students and stay on the cutting edge of research and classroom technology, said Concordia University rector Frederick Lowy.

"If there's not more government money available, you either increase tuition or you deal with the consequences of underfunding," he said. "I'm not for raising tuition fees per se. I'm talking about a means to an end to balance accessibility to quality of education."


Le Soleil : Tollé étudiant - Le jeudi 17 janvier 2002

Michèle LaFerrière, Le Soleil, Québec

Le possible dégel des frais de scolarité évoqué par le ministre de l'Éducation François Legault a suscité de vives réactions d'opposition dans le milieu étudiant.


Dans le Devoir d'hier, le ministre se déclarait ouvert à un débat sur la question, tout en refusant de s'engager au maintien du gel des frais de scolarité au cours d'un éventuel troisième mandat du Parti québécois.

Selon la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), l'accessibilité aux études passe d'abord par le gel des frais de scolarité. Et le ministre de l'Éducation a beau préconiser l'ajustement du système de prêts et bourses à un éventuel dégel des frais de scolarité, « le régime d'aide financière a déjà besoin d'être amélioré », fait valoir la présidente de la FEUQ, Andrée Mayer-Périard.

Ainsi, dit-elle, en vertu du régime d'aide financière, les étudiants ont droit à des frais de subsistance de 5 $ par jour pour la nourriture. Et aucun montant n'est prévu pour le transport de ceux qui n'habitent pas chez leurs parents. « Le gouvernement considère qu'ils devraient demeurer près du lieu de leurs études, souligne-t-elle. Et il surévalue la capacité des parents de payer pour leurs enfants. »

La FEUQ rappelle que le nombre d'étudiants ayant contracté une dette d'études de plus de 15 000 $ a augmenté de 100 % depuis 1994. « Plus un étudiant s'endette, plus son insertion sociale et professionnelle est difficile », mentionne Andrée Mayer-Périard.

« Le financement des universités n'est pas lié aux frais de scolarité, croit-elle. Le gouvernement pourrait très bien se désengager d'autant. Ce n'est pas dans les poches des étudiants qu'il lui faut chercher de l'argent. » Et de toute façon, s'il augmente les frais de scolarité, le nombre d'étudiants diminuera.

La FEUQ rappelle au ministre Legault que le chef du Parti libéral, Jean Charest, s'était engagé, en novembre, à maintenir le gel des frais de scolarité.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) juge prématuré un débat sur le gel des frais de scolarité. « Nous excluons tout débat avant la prochaine campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault doit faire de même », soutient Martin Simard, président de la FECQ.

« Le gouvernement utilise les mêmes vieilles méthodes, poursuit-il. Il met le feu aux poudres pour éclipser d'autres enjeux et réaliser son agenda politique. Ce sont des stratégies de gouvernement usé par le pouvoir. »

Pour Arpi Hamalian, présidente de la Fédération québécoise des professeurs d'université, « l'accès à l'université doit être libre pour tous les citoyens qui se qualifient pour y entrer ». Dans un monde idéal, les frais de scolarité devraient être inexistants, comme en France ou dans les Pays-Bas, « où les taux de réussite sont beaucoup meilleurs qu'ici », insiste-t-elle. « En Angleterre, où on a augmenté les frais de scolarité il y a quelques années, certaines universités pensent à revenir à la gratuité », affirme-t-elle.

Dans la même foulée, elle s'insurge contre les frais plus élevés imposés par les universités aux étudiants étrangers. Elle constate que pour eux, le Québec n'hésiterait pas à « s'en aller vers un dégel ». À ses yeux, il y a une contradiction entre l'économie du savoir prônée par le gouvernement et un accès à l'université rendu de plus en plus difficile. L'État ne doit pas se désengager, répète-t-elle.

Pressé de s'expliquer dès sa première apparition publique, hier, François Legault a mentionné qu'il n'était pas question, à l'heure actuelle, de dégeler les frais de scolarité. « On a pris un engagement lors de la dernière campagne électorale de maintenir les frais de scolarité universitaire au niveau où ils sont actuellement pour toute la durée du mandat. Il y a respect de cet engagement », a-t-il soutenu.

La vice-première ministre Pauline Marois a fermé la porte aux suggestions du ministre Legault. « Le gouvernement a réussi depuis des années à maintenir un équilibre dans les budgets accordés tant à l'éducation qu'à la santé ou à d'autres missions de l'État. Je crois que c'est cet équilibre qu'il faut chercher à maintenir. »

(Avec la Presse canadienne)


Marc Thibodeau

Le Parti québécois trouvera les étudiants sur son chemin s'il s'avise de revenir sur sa décision de geler les droits de scolarité.


Tant la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) que la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont prévenu hier qu'un éventuel dégel serait inacceptable puisqu'il aurait un effet marqué sur l'accessibilité aux études supérieures.

Le président de la FECQ, Martin Simard, a indiqué que le gouvernement n'avait aucune raison valable
de revenir sur cette question à l'heure actuelle.

Il écarte tout débat sur le sujet. «On ne veut pas de débat là-dessus, personne n'en veut. Le gel fait consensus», a-t-il noté lors d'un entretien téléphonique.

La présidente de la FEUQ, Andrée Mayer-Périard, qui dit ne pas craindre un débat sur la question, écarte aussi l'hypothèse d'un dégel des droits de scolarité. «L'accessibilité, c'est le gel des droits de scolarité. C'est la seule garantie», dit-elle. D'éventuels ajustements au régime de prêts et bourses ne pallieraient pas une hausse des droits puisque les étudiants sont déjà lourdement endettés, prévient Mme Mayer-Périard.

Les deux fédérations sont intervenues hier en réaction aux propos tenus par le ministre de l'Éducation, François Legault, dans un article du quotidien Le Devoir, où il soulignait la nécessité de tenir un débat sur le gel des droits de scolarité.

Le président du Conseil permanent de la jeunesse, Patrick Lebel, a indiqué qu'il doutait fort que le gouvernement revienne sur cette question en période préélectorale.

Le ministre, de passage hier à l'Université de Montréal, a précisé qu'il n'était pas question de revenir sur la promesse du gouvernement de maintenir le gel des droits de scolarité jusqu'à la fin du présent mandat. Il a ajouté qu'il était «prématuré» de dire si le Parti québécois prendrait le même engagement en vue d'un troisième mandat.

Le chef de l'opposition, Jean Charest, a déclaré de son côté que le Parti libéral ne «renierait» pas sa promesse de maintenir le gel des droits de scolarité avant qu'une commission parlementaire ne se soit penchée sur la question du financement du réseau de l'éducation.



 

 



Journal de Montréal : Le dégel des frais de scolarité : Legault déclenche un tollé – 17 janvier 2002-10-06

 

 


 

 

 

 


 


Le Devoir : Droits de scolarité : un débat s’impose, dit Jean Charest – 17 janvier 2002-10-06

 

Karim Benessaieh


Alarmés par les récentes déclarations du ministre de l'Éducation François Legault concernant une hausse des droits de scolarité, et nullement rassurés par les rétractations qui ont suivi, trois groupes représentant quelque 60 000 étudiants ont annoncé dimanche le lancement d'une grande campagne de mobilisation dans tout le Québec.

À compter du 4 février, des «semaines d'information» se tiendront dans une vingtaine d'établissements scolaires de la province. Le 6 février, on tiendra simultanément plusieurs «caravanes de mobilisation». Le tout va culminer avec une manifestation à Québec devant les bureaux de M. Legault, le 21 février.

La lutte va être chaude, promet le porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, Victor Chiasson-Lebel. «Nous ne nous laisserons pas intimider. Dans l'histoire des mouvements étudiants, les plus grandes grèves se sont souvent faites à propos des droits de scolarité.»

En entrevue la semaine dernière, le ministre Legault a ouvert une boîte de Pandore en refusant de s'engager à geler les droits de scolarité, ajoutant qu'il était temps de tenir un débat sur ce sujet. Pressé de questions, il a précisé le lendemain qu'il n'était pas question, à l'heure actuelle, de les dégeler.

Cette seconde déclaration, de toute évidence, n'a pas convaincu les représentants des trois associations qui ont convoqué les médias dimanche. L'Association pour une solidarité syndicale étudiante, la section québécoise de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et un regroupement d'associations étudiantes collégiales indépendantes ont décidé de réagir haut et fort contre ce qu'ils qualifient d'«odieuse annonce du ministre».

Les jeunes porte-parole ont dénoncé l'endettement croissant des étudiants, les effets «de plus en plus visibles des compressions dans l'éducation» et l'oubli des promesses du Sommet du Québec et de la jeunesse de 2000.

Ils se sont déclarés opposés à «l'assujettissement de l'éducation aux lois du marchés», au phénomène grandissant de la commandite et des contrats d'exclusivité dans les établissements scolaires. «L'école est une industrie qu'on veut voir rentable, et le système d'éducation, un secteur de l'économie qui exploite sa matière première, la population étudiante», dénonce Victor Chiasson-Lebel.

Les grands absents dans cette mobilisation sont les deux principaux regroupements étudiants du Québec, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). À elles deux, elles comptent près de 215 000 membres. Aucune n'a annoncé de mouvement de mobilisation à la suite des déclarations du ministre de l'Éducation.

Les porte-parole ont candidement avoué dimanche qu'ils n'avaient pu joindre ces deux organismes, faute de temps. «Mais nous connaissons tous leur position sur le gel des droits de scolarité», a ajouté M. Chiasson-Lebel.


 

Montreal Gazette : Students vow to fight raise in tuition fees - - Monday, January 21, 2002

IRWIN BLOCK 


Any suggestion that the Quebec government might increase university fees, now the lowest in Canada, will meet with strenuous opposition from students, activists warned yesterday.

Though Education Minister François Legault has merely hinted at reopening the debate on the eight-year tuition freeze after the next election, student activists said they are ready now to say no, thanks.

Maintaining the fee freeze will be added to the agenda of a Feb. 21 demonstration in Quebec City, planned by the recently formed Association Pour une Solidarité Syndicale Étudiante and the Canadian Federation of Students, Quebec section, to protest against government policies that reward schools that produce higher graduation rates.

"Sure, it's a trial balloon, calling for a public debate, and our response is to mobilize, act and demonstrate now," said Victor Chiasson-Lebel, secretary for internal affairs of the association, which represents five CÉGEPs and students in law and sociology at the Université du Québec à Montréal.

The students aim to drive home the issues with a propaganda campaign Feb. 2-8, including participation in a Canada-wide protest Feb. 6 on 10 college and university campuses.

"Education must remain accessible, publicly funded, and be of exceptional quality," said Sabine Friesinger, a Concordia University journalism student and chairman of the Canadian Federation of Students, Quebec section, which represents Concordia students and those in post-graduate studies at McGill University.

The students are decrying reforms that would result in colleges with lower graduation levels getting less funding. Universities also have to sign performance contracts tied to increased funding, which critics say could lead to lower standards. Performance-based funding system would make it more difficult for schools with lower graduation rates to attract better students, compounding the problem, the students say.

The students also oppose universities turning to large corporations for funding, as this allows companies to influence the curriculum, especially in business and engineering schools.

"Post-secondary education should focus on creating knowledge, shaping critical thought and developing social conscience," said Chiasson-Lebel, a post-graduate student of international law at UQÀM.

The students called for more funding for education and, as an eventual goal. tuition-free university education, as exists in parts of Europe.

Quebec-resident students pay, on average, $1,668 for an undergraduate arts degree, compared with $4,732 in Nova Scotia and $4,062 in Ontario.


 

 

 

 

 

 

 

 

Cyberpresse : Les étudiants du collégial ne veulent pas de diplômes à rabais - Le dimanche 24 mars 2002

Presse Canadienne
Chicoutimi


Photo Martin Chamberland,

La Presse

L'habilitation permettrait à chaque cégep de décerner son propre diplôme en tenant compte de ses spécialités.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) rejette le projet du gouvernement d'octroyer à chaque cégep le pouvoir de décerner ses diplômes. Le concept appelé habilitation devrait être mis en application en 2003.

Réunis en assemblée en fin de semaine à Rimouski, les étudiants on prévu plusieurs actions, dont une journée nationale d'actions sur le thème «Diplômes à vendre» et qui doit avoir lieu le 9 avril.

«Avec l'habilitation, les diplômes collégiaux ne reconnaîtront plus les mêmes standards de réussite dans chaque institution. Inévitablement, les petits cégeps perdront des étudiants au profit des plus gros, mieux financés» craint Martin Simard, président de la FECQ.

L'habilitation permettrait à chaque cégep de décerner son propre diplôme en tenant compte de ses spécialités. L'idée qui a été lancée par le ministère de l'Éducation il y a quelques années devait servir à établir une compétition entre les cégeps. Mais, selon Martin Simard, le projet risque plutôt de défavoriser les cégeps en région. «On veut que le ministre garde sa responsabilité, celle de décerner les diplômes.»

Parmi les actions, on parle déjà de mise aux enchères de diplômes d'études collégiales (DEC), de combats extrêmes entre les institutions incarnées par des mascottes, etc. «On veut illustrer humoristiquement et artistiquement les effets dramatiques de l'habilitation sur nos études et nos institutions» a souligné M. Simard.



In response to the March 23 editorial "Someone has to pay," I can only say that it should not be the students. Raising tuition fees should never be considered an option.

The average student debt for a Canadian student is around $20,000. Many students have incurred much higher debts than this as well. These debts can stay with a student for years after graduation, interest rates adding to the already heavy burden.

Your editorial claims that access to education has not been seriously affected by higher tuition fees across the country. This might be the case, but the financial pressure it puts on young people at the outset of their professional careers is certainly a problem. Many students are simply unable to continue their studies once they have begun when financial burdens become too cumbersome. Others worry about accruing excessive debts and either drop out or take jobs, making their studies a secondary priority.

While your editorial states that the quality of education is more important than access, it is obvious that higher tuition fees automatically mean a decline in quality of education. When the students have to worry about the stress of finances, the education system must cater to them in order to help them learn, in turn lowering its standards.

Not to mention the fact that a university relying more heavily on tuition fees will be required to accept more under-qualified students in order to make money.

Education should be free of all distractions and available to all who desire it. An educated population benefits the entire country. In order for the government to agree to inject more money into post-secondary education, the voting public needs to recognize this and let their elected representatives know.

Christopher Moreman

Verdu



Les ministères de l'Éducation, de la Santé et de la Famille verront leur budget augmenter considérablement au cours du prochain exercice financier.

Photo PC

Le président du Conseil du trésor, le ministre Joseph Facal

C'est ce qui ressort du budget des dépenses gouvernementales que le président du Conseil du trésor, le ministre Joseph Facal, a déposé mardi à l'Assemblée nationale.

En éducation, les dépenses du ministère augmenteront de 508,8 millions de dollars, passant de 10,5 milliards de dollars à plus de 11 milliards de dollars. C'est une augmentation de l'ordre de 5,7 pour cent.

De même, en santé, les dépenses s'accroîtront de 312 millions de dollars pour atteindre 17,5 milliards de dollars. C'est une hausse de 2 pour cent. Il faut tenir compte toutefois qu'en décembre dernier, des crédits supplémentaires de 394 millions de dollars avaient été votés pour la santé, notamment pour la campagne de vaccination contre la méningite.

Le ministère de la Famille verra aussi ses dépenses augmenter 180 millions de dollars, en hausse de 9 pour cent.

Au total, les dépenses de l'État québécois s'élèveront à 49,7 milliards au cours du prochain exercice financier 2002-2003. De cette somme, 6,5 milliards de dollars iront pour payer les intérêts sur la dette accumulée du Québec. Les années financières du gouvernement ne commencent pas le premier janvier, mais vont du premier avril au 31 mars suivant.

 «Nous continuons d'investir prioritairement dans la santé, l'éducation et la famille, comme nous nous sommes engagés à le faire», a déclaré le ministre Facal en présentant le budget des dépenses.

Le président du Conseil du trésor a mis en relief le fait que, depuis cinq ans, le budget du ministère de la Santé a augmenté de 4,5 milliards de dollars. Depuis 1998 Les deux tiers de la croissance budgétaire a été consacrée à la santé.

De plus, M. Facal a rappelé que les Québécois font des efforts financiers plus grands que ceux de l'Ontario pour la santé. Les Québécois investissent 6,9 pour cent de leur richesse collective en santé, contre 5,8 pour cent en Ontario.

Mais les coûts du régime d'assurance médicaments demeurent exorbitants et augmentent de 15 pour cent par année depuis cinq ans. «Ce rythme de croissance ne peut être soutenu à moyen terme», a dit M. Facal. Le ministre de la Santé, François Legault, a reçu le mandat de revoir le financement de l'assurance médicaments tout en préservant l'accessibilité du régime.

Dans l'éducation, le budget augmente de plus de 500 millions de dollars. La hausse vise à respecter l'engagement pris lors du Sommet de la jeunesse, en mars 2000, soit réinvestir un milliard de dollars de plus en trois ans dans ce secteur.

Le ministre a aussi noté l'augmentation du budget du ministère de la Famille et de l'Enfance. Les crédits additionnels de 180 millions de dollars visent notamment à augmenter le nombre de places en garderie, notamment afin d'atteindre l'objectif de 200 000 places d'ici l'an 2006.

Malgré ces hausses de budget de quelques ministères, l'équilibre budgétaire demeure pour la quatrième année consécutive.

Par ailleurs, diverses mesures ont été annoncées pour améliorer la gestion des fonds publics.

Pour inciter les ministères à économiser, on leur permet désormais de reporter à l'année suivante les économies effectuées dans leur budget annuel. Plus de 25 millions de dollars d'économies ont été reportées pour cette année.

De plus, le délai que le gouvernement s'accordait pour payer ses fournisseurs sera réduit de 60 à 30 jours, comme le veut la pratique dans le monde des affaires. Cette mesure «encouragera les petits fournisseurs à faire affaire avec le gouvernement», croit le ministre Facal.

Enfin, le gouvernement est en train de procéder au rajeunissement de la fonction publique. Plus de 6000 fonctionnaires occasionnels sont récemment devenus permanents et une vaste campagne de recrutement de personnel a permis de dresser une liste de 50 000 candidats susceptibles d'occuper un emploi au cours des prochaines années.

Un plan d'action visant le rajeunissement de la fonction publique sera lancé sous peu, en même temps que seront renforcées les règles de déontologie qui régissent les fonctionnaires.



It was with bitter disappointment that I read The Gazette's March 23 editorial "Someone has to pay" and learned that The Gazette seems to feel that the "someone" in question should be the students.

How easy it is to tell students that they should be the ones to pay, with the little money they have, for government cuts and mismanagement in the education portfolio for nearly a decade. It's certainly easier than pressuring the Quebec government into re-investing in education.

Raising tuition fees is simply a quick-fix solution that lets the government off the hook and places all the pressure on the most vulnerable elements in the education system: the students.

Tim McSorley

Student, Concordia University

Saint-Bruno



Le gouvernement Landry refuse de se commettre plus avant dans le gouffre financier de la santé et des services sociaux. Les crédits du ministère de François Legault augmenteront de 4,4 % en 2002-03 tandis que ceux de son ancien portefeuille, l'éducation, feront un bond de 4,8 % pour la même période. La santé coûtera plus de 17 milliards au trésor québécois en 2002-03, et l'Éducation, 11 milliards, parmi des dépenses de programmes totalisant 43 milliards, en hausse de 2,3 %.

En présentant son budget des dépenses hier, le président du Conseil du trésor, Joseph Facal, a été on ne peut plus clair face à ses choix: «Nous faisons déjà beaucoup pour la santé», a-t-il déclaré à la presse sans mentionner de nouveau l'épée de Damoclès maintenue par Ottawa mais ajoutant toutefois que «nous voudrions en faire davantage, mais notre gouvernement [...] a choisi de ne pas dépenser l'argent qu'il n'a pas».

Notamment, la croissance des coûts du programme d'assurance-médicaments devra cesser dès cette année, a souligné M. Facal. Depuis sa création, en 1997-98, les coûts de ce programme ont augmenté en moyenne de 15 % par année, passant de 700 millions à 1,3 milliard en 2002-03.

Pas un sou de plus n'ira dans ce programme cette année et le maigre surplus de cinq millions du Fonds de l'assurance-médicaments ne pourra évidemment pas combler l'augmentation du prix des médicaments sur la même période.

 «Il n'est pas question de remettre le régime en question», a toutefois affirmé le ministre François Legault. «Tout est envisagé, y compris une contribution des entreprises pharmaceutiques [...]. Il y aura un ensemble de mesures.»

L'Association des hôpitaux du Québec accuse pour sa part le gouvernement de ne pas prendre ses responsabilités en ne touchant pas, grâce aux crédits, au déficit accumulé de 430 millions des hôpitaux. Elle demande une rencontre d'urgence avec le ministre Legault.

Éducation

La pilule des crédits était moins dure à avaler pour le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard. Québec a confirmé hier le maintien des engagements du Sommet de la jeunesse et de la dernière tranche de 200 millions. En clair, presque le tiers de la croissance des dépenses va à l'éducation alors que ce secteur ne compte que pour le quart des dépenses de programmes.

La politique familiale reçoit également une part importante du gâteau avec un ajout de 180 millions. Cette augmentation des crédits est évidemment ciblée sur le développement de places dans les garderies à 5 $ par jour. Québec maintient ainsi le cap vers 200 000 places d'ici 2006.

À l'inverse, le budget de dépenses qui baissera le plus en 2002-03 sera celui d'Emploi et Solidarité sociale, mais la diminution de 138 millions des crédits alloués à cette enveloppe s'explique aisément par une diminution de 25 000 du nombre de ménages nécessitant l'aide de dernier recours.

Économies à réaliser

En outre, les crédits 2002-03 indiquent que le gouvernement doit encore réaliser des économies de 300 millions. M. Facal espère ne pas avoir à étaler ce montant en compressions au sein des divers ministères grâce aux crédits périmés pour
2001-02, sommes non utilisées qui s'élèvent généralement, à Québec, à plus de 200 millions.

Par ailleurs, le Conseil du trésor a aussi prévu un montant de 404 millions, dans son fonds de suppléance et son budget d'investissements, qu'il réserve aux ententes en cours de négociation avec ses employés sur le dossier de l'équité salariale. Mais «il ne s'agit pas d'une cible pour les négos», a précisé Joseph Facal.

L'opposition, quant à elle, a évidemment lancé son offensive sur les crédits accordés à la santé. Le critique libéral Jean-Marc Fournier estime que les bénéficiaires de l'assurance-médicaments verront leur franchise augmenter. Le déficit des hôpitaux est également désastreux, selon lui. «À 430 millions accumulés, ce n'est pas un déficit mais du sous-financement. Les Québécois méritent mieux que ça», a-t-il conclu.

Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, a critiqué la récupération que fait le conseil exécutif, au profit du Secrétariat à l'information gouvernementale, de montants provenant du ministère du Tourisme afin de faire de la «propagande». M. Dumont déplore également l'augmentation des crédits du ministère de la Famille pour un programme, les CPE, où chaque nouvelle place créée coûte dorénavant 11 200 $.



Éditorial

Dans la petite guerre perpétuelle que se livrent les ministères de la Santé et de l'Éducation, ce dernier a remporté une manche politique cette semaine en arrachant une hausse plus importante des crédits qui lui seront consentis en 2002-2003. Mais ne nous leurrons pas. La Santé n'est pas en reste non plus. D'ailleurs, les crédits trahissent un manque de contrôle dans les dépenses, qui pourrait réserver de mauvaises surprises aux Québécois. Danger.

Le ministre de la Santé, François Legault, est mal placé pour se plaindre de la hausse importante - 4,8 % - des crédits accordés à l'éducation. N'était-il pas le premier à se plaindre de l'appétit sans fin du ministère de la Santé lorsqu'il dirigeait le ministère de l'Éducation? Et à insister sur l'importance primordiale de la scolarisation? Son successeur, Sylvain Simard, entend consacrer une portion importante de la hausse à la lutte contre le décrochage, en renonçant au traditionnel saupoudrage et en ciblant plutôt un certain nombre d'établissements où les jeunes sont le plus mal en point. Convaincu que l'école à elle seule ne peut venir à bout de cette catastrophe sociale qu'est le décrochage scolaire, M. Simard veut mobiliser la population autour de ce phénomène. Il a raison. Il reste à souhaiter que l'argent soit judicieusement investi, là où il peut contribuer efficacement à changer les choses.

Mais, en éducation comme ailleurs, une part non négligeable des hausses ira à ce que les fonctionnaires appellent dans leur jargon «les coûts de système» (augmentation des coûts de chauffage, hausses dues à l'inflation, etc.) et à la rémunération qui, globalement, croît à un rythme inquiétant.

En effet, les dépenses prévues pour la rémunération s'élèveront à quelque 24, 4 milliards en 2002-2003, soit 56,5 % des dépenses des programmes. Il y a à peine quatre ans, la rémunération des employés de l'État s'établissait à 19,5 milliards! Cette hausse dépasse les 25 %. En comparaison, le taux d'inflation totale pour ces années s'élève à 8 % . Il est vrai que le nombre d'employés de l'État, qui s'établissait à 413 000 en 1998, a crû pendant cette période, mais de 13 000, ce qui représente une hausse des effectifs de moins de 3,5 %. Aux milliards annoncés hier s'ajouteront dès cette année les sommes reliées à l'application de la Loi sur l'équité salariale et l'an prochain, l'augmentation de 2 % récemment consentie.

Les employés de l'État ont droit, comme les autres, à des ajustements salariaux. Cependant, ces chiffres trahissent un emballement que rien ne justifie, ni le contexte économique, ni les dernières données démographiques sur la population québécoise. Au contraire, la prudence s'impose. Personne ne souhaite revivre la période de compressions brutales qui a permis, mais à quel prix, d'atteindre l'objectif du déficit zéro.

Par ailleurs, derrière l'éducation, le secteur de la santé a pu sembler perdant dans cette opération budgétaire. Dans les faits, il n'en est rien puisque Joseph Facal consent une hausse 4,4 % en santé. Le président du Conseil du trésor n'a dit mot du déficit de 400 millions de dollars avec lequel les hôpitaux sont aux prises. Sauf que ce déficit est réel et rien ne porte à croire que les établissements de santé pourront l'effacer de sitôt. L'État se met la tête dans le sable en le passant sous silence.

Quant aux coûts du programme d'assurance-médicaments, M. Facal a indiqué qu'ils avaient augmenté en moyenne de 15 % par année depuis la mise sur pied du programme et que cela devait cesser! François Legault est censé annoncer sous peu un plan visant à réduire les coûts du système. Fort bien. Mais on attend également du ministre qu'il resserre l'ensemble de la gestion du système de santé.

Les crédits budgétaires 2002-2003 logent à l'enseigne d'un optimisme qu'il conviendrait de nuancer. Et surtout, ils trahissent une désinvolture dans les dépenses qu'il faudra corriger avant que la spirale ne devienne incontrôlable. Élections ou pas, ce gouvernement se doit de retrouver sans tarder la vision à long terme qu'il semble avoir perdue.



L'ajout d'un demi-milliard de dollars dans le budget consacré à l'éducation permettra au ministre Sylvain Simard de lancer au cours des prochaines semaines sa stratégie de lutte au décrochage dans les milieux défavorisés et une politique de l'éducation aux adultes.

Le budget du ministère de l'Éducation a été majoré de 508 millions $ pour l'exercice 2002-03, ce qui le porte à 11,144 milliards $.

« Ces crédits budgétaires nous permettent de respecter intégralement les engagements pris au Sommet du Québec et de la jeunesse et de couvrir les coûts de système », a indiqué M. Simard. Il s'agit de la dernière tranche du réinvestissement du milliard de dollars promis en mars 2000 à la fin du Sommet. Ces 200 millions avaient failli être emportés par les difficultés économiques de l'après 11 septembre, mais « l'embellie » souhaitée par le premier ministre s'est finalement pointée.

Les commissions scolaires de la province recevront 324 millions $ de plus cette année. Cela assure le financement des coûts de croissance du réseau et permet un réinvestissement de 60 millions $ qui servira en bonne partie à la lutte au décrochage. « Je me suis engagé à ce qu'il n'y ait pas de saupoudrage et que les sommes aillent vraiment là où il y a des milieux défavorisés, de façon à donner un coup de pouce très important à ces milieux où les besoins sont beaucoup plus grands et où surtout, la corrélation entre la défavorisation et le taux de décrochage est extrêmement claire », a expliqué M. Simard.

L'argent neuf servira aussi à lutter contre la décroissance de l'effectif scolaire dans les régions éloignées. Une opération de consultation auprès des commissions scolaires débutait hier matin pour contrer les effets du déficit démographique. « Il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ait pas de fermeture ou le moins de fermetures possible pour nous assurer que même si des mesures structurantes doivent être prises, on ne prive pas les régions d'établissements essentiels pour l'éducation », a dit le ministre Simard.

Il a par ailleurs demandé au ministère de l'Éducation et à celui de l'Emploi, dont il est aussi titulaire, de chercher des moyens de faciliter l'accessibilité à des cours de français langue seconde pour les adultes anglophones du Québec. Mardi, des représentants de la communauté avaient fait part de leurs difficultés au premier ministre Bernard Landry, qui en a aussitôt avisé M. Simard. « Dans le fond, on a tout investi, et avec grand succès, pour nous assurer que les jeunes anglophones soient bilingues et aient des cours de français de qualité. Peut-être en effet faut-il aussi penser à ceux qui n'ont pas eu la chance de passer par un système où le français avait la place qu'il a aujourd'hui. »

Le ministre Simard a annoncé qu'il ferait des propositions à ce sujet en annonçant sa politique d'éducation des adultes et de formation continue.


 

Le Devoir : Philosopher au cégep - Le samedi 30 mars 2002

Louis Cornellier


Imaginez: si la philosophie ne faisait pas partie des cours obligatoires de formation générale au cégep, le médecin qui vous soigne, le professeur qui enseigne à vos enfants, l'avocat qui vous accuse ou vous défend, l'infirmière et tous les autres professionnels qui croisent votre route, des gens qui consacrent leur existence à penser l'essentiel, à réfléchir à ce qui ne s'en va pas, quand la rumeur de l'accessoire s'est éteinte, ne sauraient peut-être même pas que cela existe. Mais reste-t-il quelque chose, après, quand le collégial n'est plus qu'un souvenir de jeunesse, de cette expérience scolaire imposée, ponctuelle et unique en son genre?

Il n'existe, à vrai dire, aucun instrument capable de mesurer les résonances à long terme d'une telle aventure, mais je reste intimement persuadé que la philosophie au collégial ne s'exerce pas en vain. Ce sera, pour l'un, le souvenir d'un prof engagé qui rappelle que la vie avec la pensée est possible, voire nécessaire; pour l'autre, à la croisée des chemins peut-être, une réminiscence que «cela» existe, l'art de se poser des questions et de délibérer en faisant appel au meilleur d'une tradition. C'est, je le sais bien, à la fois peu et beaucoup, mais je choisirai beaucoup en pariant sur le miracle de l'éveil intellectuel dans la relation pédagogique.

C'est pour témoigner de la noblesse de ce pari, qui touche au sens même de l'expérience philosophique au collégial, que Giovanni Calabrese, éditeur chez Liber, a réuni les réflexions de cinq professeurs d'expérience, qui sont aussi des essayistes. Moins pour défendre la place de la philosophie au collégial que pour témoigner de sa pratique sur une longue période de temps. Moins, donc, pour justifier quoi que ce soit que pour partager une passion avec l'espoir qu'elle soit transmissible. Et tous ceux qui enseignent, peu importe la matière, de même que tous ceux qui croient encore à la valeur de la philosophie, ne devraient pas bouder l'invitation.

Il revient à Pierre Bertrand, toujours fidèle à son idéal du philosophe-artiste, d'ouvrir le bal. Dans la classe, l'essayiste qui cultive une éthique et une esthétique du tâtonnement ne trahit pas sa «ligne de création» (titre d'un de ses essais, paru en 1993). Partisan d'une «pédagogie sans méthode et sans recette» qui privilégie le questionnement plus que les réponses, Bertrand, dans des fragments qui abordent la problématique sous divers angles, livre un plaidoyer senti en faveur «d'une philosophie incarnée» qui doit ébranler l'être même de celui qui s'y adonne.

Conscient de l'attitude souvent rétive des étudiants dont il sollicite la participation, il tente d'aller au delà d'une fidélité aux grands textes parce qu'il sait que l'essentiel se trouve dans «le geste de philosopher» en lui-même: «Ce qui fascinera l'étudiant, beaucoup plus que telle ou telle thèse, sera une sensibilité difficile à cerner, une sorte d'aura indéfinissable, une attitude mystérieuse face à l'existence.»

Plutôt éthéré mais vibrant dans son évocation du philosophe en professeur, Bertrand n'évite toutefois pas le poncif de l'apitoiement quand il traite du statut de la philosophie au Québec. À cet égard, on peut bien lui donner en partie raison, mais non sans ajouter que la répétition de la plainte, d'oeuvre en oeuvre, s'avère plus lassante que stimulante.

Plus serein, le témoignage de Michel Métayer, auteur du magistral La Morale et le monde vécu, brille par sa fraîcheur. Ici encore, le professeur rejoint l'essayiste dans son attachement à une pratique philosophique allergique aux constructions purement abstraites qui négligent le vif d'une existence en quête de sens plus que de rationalité. Partisan d'une pédagogie du plaisir qui laisse aussi entrer l'humour dans la classe, Métayer affirme n'avoir rien à faire de la complainte sur l'indigence intellectuelle des étudiants. «Le premier responsable de la réussite et de l'échec d'un cours, écrit-il, c'est le professeur!»

Dans ce beau texte simple et stimulant, le philosophe ne renie pas sa passion du concret. Aussi, il partage avec le lecteur ses stratégies pédagogiques: cours magistral interactif, ruses pour désamorcer le relativisme de principe des étudiants et multiplication des exemples concrets qui fournissent «un gain de crédibilité» puisque «cela les convainc de la pertinence de l'idée, du fait qu'elle renvoie à quelque chose de tangible».

Un défi intellectuel

Refusant d'accorder à la philosophie un statut supérieur à d'autres disciplines, Métayer défend néanmoins sa pertinence dans le parcours scolaire en mettant en relief «le défi intellectuel particulièrement relevé qu'elle présente aux élèves». La critique du rationalisme qui clôt son témoignage est une démonstration probante de l'immense potentiel pédagogique de son approche concrète de la philosophie.

Laurent-Michel Vacher, quant à lui, impose, encore une fois, sa voix forte et farouchement originale. Amant turbulent de la philosophie, celui qui a choisi de «prendre autant que possible le parti de l'homme de la rue» exprime tambour battant son refus d'une approche élitiste - et dominante - de la philosophie qui condamne l'expérience commune au nom d'une méthode «historico-herméneutique», imbue de sa supériorité sur les autres modes de savoir et enfermée dans une attitude de révérence face aux grands textes et aux grands penseurs.

Partisan d'une philosophie «en harmonie avec le savoir humain et respectueuse des connaissances acquises» de même que «soucieuse de clarté, d'argumentation rationnelle et d'esprit critique», Vacher disqualifie le culte des grands textes au profit d'une «pédagogie de la discussion» problématique (et non historico-herméneutique), scientifique (les questions et les idées plus que les textes comme tels), polémique (et non magistrale) et démocratique (et non élitiste). Dans un passage courageux et beau de son témoignage, Vacher parle du «respect minimal dû à tous nos frères et soeurs humains» et ajoute: «Il me semble que beaucoup d'autres choses dont la philosophie est coutumière résisteraient mal à cette pensée que femmes et hommes de notre temps nous demandent légitimement compte, en silence, de nos spéculations et de nos bavardages professoraux.» C'est ça, avoir du panache!

L'espace me manque pour traiter plus en détail les contributions de Robert Hébert et Jacques Marchand, qui complètent ce livre. J'en dirai au moins ces quelques mots. Dans une petite histoire critique de la philosophie au collégial, le premier plaide en faveur d'un «socratisme pédagogique» qui rejoint l'idée commune aux cinq professeurs d'une philosophie incarnée, et il soulève l'idée selon laquelle le recul de la philosophie au collégial, décrété par la réforme Robillard de 1994, «officialise le désaveu de la Révolution tranquille». Quant à Marchand, il traite de la problématique de l'impossible institutionnalisation du philosophe dans un texte assez pointilleux qui n'évite pas la tentation réactionnaire, un danger qui guette plusieurs enseignants, en flirtant avec l'idée d'une sélection plus sévère des étudiants et celle d'une évaluation rigide des enseignements. Sa conclusion, toutefois, retrouve des accents plus sympathiques: «L'époque de la belle âme et de la conscience malheureuse s'achève sous nos yeux: place au mauvais sujet, au philosophe bricoleur, au modeste artisan minimaliste.»

Le message essentiel de Pratiques de la pensée pourrait se résumer en des termes semblables: place à une philosophie vivante au collégial!

Pratiques de la pensée

Philosophie et enseignement de la philosophie au collégial

Pierre Bertrand, Robert Hébert, Jacques Marchand, Michel Métayer, Laurent-Michel Vacher

Éditions Liber

Montréal, 2002, 192 pages



MONTREAL, le 9 avril /CNW/ - Voici le détail des actions qui se

dérouleront aujourd'hui dans le cadre de la journée de protestation contre

l'habilitation appelée par la Fédération étudiante collégiale du Québec, le 24

mars dernier. Rappelons que l'habilitation est le processus qui permettra aux

cégeps de décerner leur propre diplôme d'études collégiales (DEC) :

 

    MONTEREGIE/MONTREAL :

    Cégep Edouard-Montpetit (945, chemin Chambly, Longueuil)

          Panneau lumineux affichant les cours boursiers des Cégeps suite à

          l'habilitation. Des personnages en toges distribueront des diplômes

          à rabais.

          Heure : Midi

          LIEU : Chemin Chambly devant le Cégep

 

    Cégep de Saint-Hyacinthe (3000, rue Boullé, Saint-Hyacinthe)

          Ventes aux enchères du Diplôme d'études collégiales.

          Heure : 12 h

          LIEU : Cafétéria

 

    Ecole Nationale d'Aérotechnique (5555, rue de la Savane, Saint-Hubert)

          Un gros "H" sur le sol photographié à partir d'un avion

          Heure : 11 h 30

          LIEU : Stationnement de l'ENA

 

    Cégep de Granby-Haute-Yamaska (50, rue Saint-Joseph, Granby)

          Vente de diplômes aux enchères

          Heure : 11 h- 12 h 30

          LIEU; Cafétéria du Cégep

 

    Cégep St-Jean-sur-Richelieu (30, boul. du Séminaire Nord, Saint-Jean)

          Vente de diplômes aux enchères et improvisation sur le thème de

          l'habilitation

          Heure : 13 h 30

          LIEU : Cafétéria

 

    Cégep de Sorel-Tracy (3000, boul. de la Mairie, Tracy)

          Mise en vente du Cégep par l'agent immobilier Bernard Landry :

          affichage d'une affiche cégep à vendre

          Heure : Indéterminée

          LIEU : Devant le Cégep

 

    Collège de Rosemont (6400, 16e Avenue, Montréal)

          Simulation de la fermeture du Cégep. Un personnage à l'effigie de

          Sylvain Simard vendra des diplômes d'études collégiales.

          Heure : Midi

          LIEU : Stationnement devant le Cégep

 

    Collège Gérald-Godin (2915, boul. Saint-Charles, Kirkland)

          Kiosque d'information diplôme à vendre

          Heure : 11 h - 13 h

          LIEU : Entrée Principale.

 

    Cégep du Vieux-Montréal (255, Ontario est, Montréal)

          Royal Rumble des cégeps

          Heure :10 h 45

          LIEU : Devant le cégep

 

    BAS-ST-LAURENT/GASPESIE

    Cégep de Rimouski (60, rue de l'Evêché Ouest, Rimouski)

          Matches d'improvisation sur le thème de l'habilitation devant

          l'Assemblée générale

          Heure : Midi

          LIEU : Café étudiant

 

    Cégep de Rivière-du-Loup (80, rue Frontenac, Rivière-du-Loup)

          Un gros "H" symbolisant l'habilitation sera érigé devant le Cégep.

          Chasse au trésor et vente de diplômes sous le thème : "Diplômes à

          rabais"

          Heure : 14 h

          LIEU :tout le cégep

 

    Cégep de la Gaspésie et des Iles, campus Gaspé (96, rue Jacques-Cartier,

    Gaspé)

          Rassemblement étudiant devant le Cégep (tam tam jam) avec peintres

          qui illustrent l'habilitation. Distribution de faux diplômes

          Heure : 12 h 30 - 13 h 30

          LIEU : Entrée principale

 

    SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN/COTE-NORD

    Cégep de Saint-Félicien (1105, boulevard Hamel, Saint-Félicien)

          Pièce de théâtre sur le thème de l'habilitation.

          Heure : 11 h 30

          LIEU : Place centrale

 

    Cégep de Jonquière (2505, Saint-Hubert, Jonquière)

          Vente de diplômes aux enchères

          Heure : Toute la journée

          LIEU : Tout le cégep

 

    Cégep de Chicoutimi (534, rue Jacques-Cartier Est, Chicoutimi)

          Kiosque de sensibilisation

          Heure : 12 h

          LIEU : Centre social.

 

    Cégep de Baie-Comeau (537, boul. Blanche, Baie-Comeau)

          Vente de diplôme à rabais

          Heure : 12 h 30

          LIEU : Entrée principale.

 

    MAURICIE/CENTRE-DU-QUEBEC

    Cégep de Victoriaville (475, rue Notre-Dame Est, Victoriaville)

          Pierres tombales des petits cégeps et inscriptions "Terrain privé"

          devant le Cégep et campagne "Wanted" pour les gros cégeps à

          l'intérieur.

          Heure : Toute la journée

          LIEU : Devant le Cégep

 

    Cégep de Trois-Rivières (3500, rue de Courval, Trois-Rivières)

          Théâtre public sur l'habilitation des collèges

          Heure : 11 h

          LIEU : Cafétéria

 

    Cégep de la région de l'amiante (671, boul. Smith Sud, Thetford Mines)

           Vente aux enchères de diplômes.

          Heure :12 h 15 - 13 h

          LIEU : Salon étudiant

 

    Cégep de Shawinigan (2263, boul. du collège, Shawinigan)

          Panneau luminueux d'information et distribution de popcorn avec

          information contre habilitation.

          Heure : 12 h

          LIEU Cafétéria

 

    QUEBEC/BEAUCE-APPALACHE

    Cégep de Lévis-Lauzon (205, Mgr-Ignace-Bourget, Lévis)

          Match de lutte entre les institutions collégiales, les lutteurs

          portant les noms des cégeps.

          Heure :11 h

          LIEU : Hall du cégep

 

    Cégep de Beauce-Appalaches (1055, 116e rue Est, Ville de Saint-George)

          Improvisation théatrâle, lecture de manifeste et signature de

          pétition.

          Heure : à confirmer

          LIEU : à confirmer

 

MARTIN SIMARD, PRESIDENT DE LA FECQ, EST DISPONIBLE POUR ENTREVUE ET

COMMENTAIRES AU NUMERO LAISSE EN REFERENCE

-30-

Renseignements: Mathieu Laberge, directeur des communications FECQ,

Cell. (514) 707-3320

 


 

Le Devoir : Avis du Conseil supérieur de l'éducation: L'obsession de la réussite nuit aux cégépiens

Marie-Andrée Chouinard

Le jeudi 11 avril 2002


Alors que les cégeps appliquent depuis l'automne leurs plans de réussite, le Conseil supérieur de l'éducation jette un pavé dans la mare en affirmant que la «rigidité» du système pénalise le cégépien: à trop miser sur les objectifs de diplomation, les collèges ont peut-être négligé les besoins des élèves...

«Le contexte est tel que les collèges sont pressés d'augmenter leurs taux de diplomation», écrit le CSE dans l'avis L'orientation au coeur de la réussite, portant sur le réseau collégial et dévoilé hier. «En choisissant de privilégier une approche où les taux de diplomation tiennent lieu d'indicateurs par excellence, on risque de ne pas accorder suffisamment d'attention aux besoins des jeunes et aux conditions de leur développement.»

Dans un avis audacieux que le CSE apparente à un plan d'action, une vingtaine de recommandations formulées au ministre de l'Éducation visent à démontrer que, pour améliorer les chances de réussite au cégep, et donc les taux de diplomation, mieux vaut orienter les étudiants et éviter de considérer leur indécision scolaire comme un problème, mais plutôt comme un réflexe naturel.

Les mesures proposées touchent non seulement le collégial mais aussi le secondaire et l'université, qui gravitent autour des cégépiens. Et le CSE constate que les plans de réussite des cégeps ont négligé les mesures d'orientation des jeunes en misant essentiellement sur les objectifs de diplomation. L'admission au cégep et à l'université devrait tenir compte de la motivation des jeunes en pariant sur des entrevues plutôt que de juger les candidats seulement sur le dossier scolaire.

Les cégépiens devraient avoir droit à une deuxième chance après avoir échoué à une épreuve. Un cours échoué en première année de collège devrait être effacé du relevé de notes si repris et réussi par l'élève. Une révision des programmes contingentés au collège s'impose car ceux-ci freinent peut-être les ambitions de certains élèves. Le calcul de la cote R, qui garantit l'accès à l'université, devrait être revu!

Ne donne-t-on pas l'impression de prôner une tolérance extrême? «On ne dit pas qu'il faut changer les résultats scolaires et ne plus en tenir compte, ou devenir laxistes dans leur interprétation, explique Céline Saint-Pierre, présidente du Conseil supérieur de l'éducation. C'est l'usage qu'on doit en faire qu'il faut modifier.» La présidente est restée perplexe devant des statistiques selon lesquelles 75 % des étudiants de cinquième secondaire «ne savent pas où se diriger au cégep» et 28 % des cégépiens ont changé de programme au moins une fois.

«Sur une cohorte de 100 élèves entrés au cégep en 1994, quatre ans plus tard 53 % ont reçu un diplôme, 16 % sont encore inscrits et 31 % ont quitté, sans que l'on sache pourquoi ni ce qu'ils ont fait», souligne Mme Saint-Pierre.

Dans son avis, le Conseil insiste sur le fait que l'indécision constatée à l'entrée au collégial ne devrait pas être considérée comme un problème mais comme une partie intégrante du cheminement de l'élève. «Admettre que l'indécision fait partie du processus de développement des jeunes suppose aussi que l'on prenne acte de la diversité des cheminements», note-t-on dans l'avis.

L'obsession actuelle du Québec autour de la réussite inquiète le Conseil, qui craint que cela ne se répercute jusque sur la sévérité des critères d'admission des collèges. «Tout le Québec regarde actuellement le système scolaire en ce qui a trait aux résultats à atteindre, et dans les temps prévus, explique Mme St-Pierre. Or on se rend compte qu'une majorité d'élèves font leur cégep en une session de plus que le temps prescrit.»

Le CSE critique aussi le manque de ressources - conseiller d'orientation, aide pédagogique individuelle, conseiller en information scolaire et professionnelle - destinées à aider les étudiants à mieux cibler leurs parcours. «Elles sont nettement insuffisantes», ajoute Mme Saint-Pierre.


La Presse : 15 millions aux cégeps des régions : Simard à la rescousse des cégeps Le jeudi 11 avril 2002

Pascale Breton


 

Photo Rémi Lemée, La Presse

 

Sylvain Simard

En injectant une somme de 15 millions et en préconisant le développement de créneaux spécifiques à certains établissements, le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, espère contrer la baisse de clientèle dans les cégeps, particulièrement dramatique en région.

Se disant conscient que les cégeps sont des pôles d'attraction à la fois éducatif, social et culturel, le ministre a rappelé la volonté du gouvernement de tout faire pour empêcher la fermeture des collèges dans les régions.

«Les cégeps sont invités à continuer de faire ce qu'ils font déjà, c'est-à-dire définir des créneaux d'excellence. Il n'est pas question pour nous de forcer les gens à rationaliser, mais plutôt les inciter par des avantages financiers à se concentrer sur les secteurs où ils ont le plus de chance d'attirer des étudiants», a déclaré M. Simard.

Le ministre a annoncé les mesures qu'il compte mettre de l'avant en divulguant hier le rapport du comité mixte formé il y a un an par des représentants du ministère et de la Fédération des cégeps afin d'étudier la baisse de l'effectif scolaire dans le réseau collégial public.

Le gouvernement alloue une somme de 9,3 millions spécifiquement pour contrer la baisse de la clientèle. Une part de cette somme correspond en fait à la mesure d'aide aux cégeps pour les dépenses autres que l'enseignement, annoncé en 2000-2001 et reconduite pour la prochaine année, tandis que le reste permettra d'offrir une allocation fixe à chaque établissement pour assurer un développement selon ses besoins. Une somme de 2,5 millions est aussi disponible pour répondre à des besoins particuliers, notamment en ce qui a trait au transport scolaire.

 

En 2002-2003, le gouvernement injectera aussi trois millions pour soutenir certains programmes de formation technique - même s'ils comptent moins que l'effectif de 45 élèves normalement prévu -, tandis qu'il lève dès maintenant le moratoire sur les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), «ce qui contribuera à créer de nouveaux créneaux d'excellence dans les régions», a dit le ministre.

 

Financement

Il existe actuellement 23 CCTT et le ministère pourrait approuver la création d'une demi-douzaine d'autres au cours de la prochaine année. Des discussions sont aussi en cours avec le ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie pour augmenter le financement des centres.

Le rapport divulgué hier montre des prévisions alarmantes si rien n'est fait. D'ici 10 ans, certains cégeps concentrés dans sept régions auront perdu plus du quart de la clientèle étudiante qu'ils avaient en 1999. C'est entre autres le cas des régions de la Gaspésie-Île-de-la-Madeleine, de Chaudière-Appalaches et du Bas-Saint-Laurent.

Le décrochage scolaire est cependant un élément important de cette baisse de clientèle, atteignant parfois 30%, a par ailleurs rappelé le ministre qui annoncera au cours des prochaines semaines de nouvelles mesures pour y faire face.

Présent au moment de l'annonce, le président de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher, s'est dit heureux de constater que le ministre a tenu compte des recommandations du comité. «Pour les collèges, c'est l'aboutissement favorable de tous les efforts que nous avons faits collectivement ces dernières années pour contrer les effets négatifs de la baisse de la population étudiante dans les cégeps», a-t-il dit, rappelant que c'est en 1997 que les premiers signes d'une baisse importante de la clientèle ont commencé à se faire sentir.

La Fédération étudiante collégiale du Québec a elle aussi salué les mesures annoncées par le ministre. «On constate que le ministère a cherché des avenues prometteuses. Avec les sommes allouées pour les programmes spécifiques, on n'empêchera pas les jeunes de partir, mais nous allons en intéresser d'autres à venir étudier dans la région», a déclaré le président de la FECQ, Martin Simard.


 

Le Soleil : Fausse alerte au cégep - Le vendredi 12 avril 2002

Brigitte Breton


À croire des associations étudiantes et syndicales, la qualité de la formation collégiale serait menacée et le réseau collégial risquerait la catastrophe si le ministère de l'Éducation transférait aux cégeps le soin de décerner les diplômes. Remettons les pendules à l'heure.

D'abord, cette délégation de responsabilité a été introduite par les libéraux en 1993 dans le règlement sur le régime des études collégiales, sans qu'aucun ministre ne s'en prévale. Sylvain Simard ne manifeste pas plus d'empressement. Et même si tel était le cas, et même si les libéraux revenaient au pouvoir, il n'y aurait pas péril en la demeure.

Nous pourrions craindre la dégradation de la formation et le développement chaotique du réseau collégial si le ministère de l'Éducation abandonnait toutes responsabilités par rapport à la formation générale et technique offerte dans les collèges. Tel n'est pas le cas. Même si Québec décidait d'appliquer à la lettre le règlement et habilitait les cégeps à décerner des diplômes, le ministère garderait l'oeil sur les programmes et s'assurerait de la capacité et de la qualité des établissements qui les dispensent.

Depuis la réforme de 1993, le ministère de l'Éducation laisse plus de latitude aux cégeps dans l'élaboration des programmes, mais continue néanmoins de déterminer les principaux objectifs et standards à atteindre. Il en sera ainsi même si les cégeps émettaient les diplômes. La mobilité ne sera donc pas plus difficile pour les 4 % d'élèves qui changent de collège, et les programmes ne seront pas plus différents d'un cégep à l'autre qu'ils ne le sont présentement.

D'autre part, la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial qui a entrepris il y a deux ans une évaluation institutionnelle des cégeps publics et privés assurerait toujours son mandat. Pour pouvoir émettre un diplôme, un cégep devra être apte à le faire. Le Québec ne gagnerait rien à ce que les cégeps deviennent des distributeurs de diplômes sans valeur.

Les opposants à l'habilitation semblent défendre une uniformisation du réseau collégial qui n'existe plus depuis longtemps. Avec des approches pédagogiques et administratives mieux adaptées à leur milieu, des cégeps ont acquis une meilleure réputation et assurent aux élèves une meilleure cote R que d'autres. Chez les employeurs, des cégépiens sont déjà plus en demande s'ils sont finissants de tel collège plutôt que tel autre. Ce n'est pas le fait que le diplôme reçoive le sceau du cégep plutôt que du ministère qui changera la donne.


 

 

Le Devoir : Soutien aux cégeps en région - Simard injecte 15 millions supplémentaires - Le 12 avril 2002

 

The Montreal Gazette - Boost to CÉGEPs: $15 million to help outlying regions - Friday, April 12, 2002

ALLISON HANES


In hopes of reversing declining enrolment at colleges in the regions, Education Minister Sylvain Simard announced yesterday he is pumping $15 million into the province's CÉGEPs.

Falling student populations have put the futures of many CÉGEPs in places like Baie Comeau and Rimouski in jeopardy as students gravitate toward major economic centres like Quebec City and Montreal to go to school in hopes of getting a job later.

No one can force students not to go where the jobs are, said Simard, but the money will keep the colleges at home vibrant and functioning so that going to the city won't become the only choice.

About $9 million will go to help stabilize those CÉGEPs that have seen their student populations drop off the most dramatically.

Transportation Targeted

Another $2.5 million will go to addressing specific needs, for instance transportation in a region that is poorly served. About $3 million will go to keeping programs running that have very few students for the duration of the programs.

And $1 million will be spent on helping colleges rationalize their programs, for instance by sending equipment to another school or replacing one course of study with another.

Another element of the plan according to the education minister is to reverse the high-school drop-out rate in some regions.

Warmly Greeted

"The fight against dropping out will increase the basin of students that can then be tapped to go to college," Simard said.

Gäetan Boucher, president of the Fédération des CÉGEPs, said he was satisfied with the funding.

"It's the culmination of all the efforts we've made collectively in the last few years to counter the drop in the student populations at our CÉGEPs," Boucher said.

Student groups, who have long been demanding that something be done to solve the situation in the regions, greeted the news warmly

"These constitute the base conditions to permit the CÉGEPs in the regions to develop," said Martin Simard of the Fédération Étudiante Collégiale du Québec in a statement.


 

Le Soleil - Ce n'est pas suffisant, jugent les étudiants : Le régime de prêts et bourses de nouveau indexé - Le samedi 13 avril 2002

Pascale Breton, La Presse, Québec

Photo Rémi Lemée, La Presse

«L'objectif chaque année est d'améliorer notre programme de prêts et bourses. (...) C'est une façon de nous assurer de l'accessibilité des étudiants à l'enseignement supérieur», a expliqué Sylvain Simard.


Le gouvernement Landry donne un coup de pouce aux étudiants en indexant pour la quatrième année le régime de prêts et bourses. Ils bénéficieront également d'un taux variable pour le remboursement de leurs dettes.

Le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, a annoncé vendredi que cette indexation sera de 2,7% pour les quelque 90 000 étudiants qui bénéficient du programme. Le gouvernement investit à cette fin une somme de 12 millions qu'il a pu récupérer grâce au remboursement des emprunts, moins élevés cette année en raison du taux d'intérêt.

«L'objectif chaque année est d'améliorer notre programme de prêts et bourses. (...) C'est une façon de nous assurer de l'accessibilité des étudiants à l'enseignement supérieur», a expliqué M. Simard à La Presse. Le ministre a profité de l'occasion pour rappeler que le gouvernement entend déposer sous peu un projet de loi concernant un programme d'aide financière pour les étudiants à temps partiel.

Le ministre a également annoncé vendredi la conclusion d'une entente entre le gouvernement et les institutions financières qui permet d'instaurer un taux variable pour les étudiants qui commenceront à rembourser leur dette d'études sous peu. Cette entente prévoit aussi une hausse de 0,4% cette année du taux d'intérêt payé aux institutions financières pour les prêts qui sont à la charge du gouvernement.

Cette entente coûtera quatre millions cette année à Québec, mais l'ensemble des étudiants en sortiront gagnants, a dit le ministre. «Si nous prenons le taux moyen d'endettement d'un étudiant, qui est de 12 000$ -alors qu'il est de 17 000 à 27 000$ dans les autres provinces canadiennes- cela voudrait dire 1400$ d'économie», a indiqué M. Simard.

Les étudiants pourront, de cette façon, bénéficier de la baisse des taux d'intérêts qu'on connaît cette année, chose dont ils ne pouvaient profiter auparavant, régis pendant cinq ans au taux en vigueur au moment de la signature de l'entente de remboursement avec leur institution bancaire.

Les étudiants ont rapidement réagi à cette deuxième annonce en autant de jours de la part du ministère de l'Éducation. L'indexation a été saluée avec satisfaction, mais les divers regroupements en réclament encore davantage.

La Fédération étudiante universitaire du Québec et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont ainsi rappelé qu'ils revendiquent depuis longtemps un mode de remboursement proportionnel au revenu qui tiendrait compte de la situation financière réelle des étudiants.

«Nous souhaitons une vision à long terme, a mentionné le président de la FECQ, Martin Simard. Quant au taux variable, c'est intéressant, mais il est difficile de dire l'impact que cette mesure aura, surtout si les taux d'intérêts montent.»


 

Le Soleil - Les cégeps en région en 2010: un tiers des étudiants en moins - Le lundi 15 avril 2002

Mathieu Boivin

Presse Canadienne, Québec


Photo Martin Chamberland, La Presse

La Coalition cégeps en région propose de référer des étudiants en région de manière systématique. Ainsi, un élève refusé en «Photo» au cégep du Vieux-Montréal serait directement recommandé au cégep de Matane, où le programme ne réussit pas toujours à faire le plein d'étudiants.

Les cégeps de sept régions québécoises auront perdu, en 2010, entre un cinquième et un tiers de la population étudiante qu'ils comptaient en 1999, révèle une étude conjointe de la Fédération des cégeps et du ministère de l'Éducation.

Et à défaut d'attirer des jeunes des grands centres dans les cégeps des régions, on voit mal comment Québec — malgré l'annonce, la semaine dernière, de mesures et de subventions additionnelles bien accueillies par le milieu — réussira à renverser une tendance qui semble irrémédiable à moyen terme.

Alain Dion, porte-parole de la Coalition des cégeps en région, a indiqué, lundi, que «la situation est dramatique. Si nous restons avec ces perspectives-là, le gouffre financier deviendra sans fond pour le gouvernement.»

Qu'on en juge: les cégeps du Bas-Saint-Laurent compteront 25% moins d'étudiants en 2010 qu'ils n'en comptaient en 1999. Au Sagenay-Lac-Saint-Jean, ce sera 22% de moins, et la Mauricie sera dégarnie de 24% de son effectif scolaire.

L'Abitibi-Témiscamingue perdra quant à elle 28% de sa masse d'étudiants, tandis que la Côte-Nord et Chaudière-Appalaches auront perdu respectivement 21 et 25% de leurs populations étudiantes collégiales. En Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le recul atteindra 33%.

Les cégeps étant financés sur la base de leur population étudiante, certains établissements en région font déjà face à un manque à gagner budgétaire. Et même si le ministère de l'Éducation a annoncé la semaine dernière 10 millions supplémentaires — et récurrents — pour faire face au problème, l'argent ne serait pas suffisant, a plaidé M. Dion.

«L'argent n'est pas une solution miracle, (...) il faut réussir à amener des jeunes des grands centres vers les cégeps régionaux, a analysé l'enseignant au cégep de Rimouski. Le ministère a posé des gestes importants, mais il faut des solutions durables à long terme, comme développer des créneaux exclusifs aux cégeps régionaux.»

M. Dion donne l'exemple du programme «Arts et Technologie des Médias (ATM)» du cégep de Jonquière, ou «Pilotage d'aéronef» du cégep de Chicoutimi. Ces cours ne s'offrent nulle part ailleurs au Québec et amènent en région un bon nombre d'étudiants de l'extérieur.

La Coalition cégeps en région propose également un mécanisme de référence qui tient compte du premier choix de l'élève. Ainsi, un élève refusé en «Photo» au cégep du Vieux-Montréal serait directement recommandé au cégep de Matane, où le programme ne réussit pas toujours à faire le plein d'étudiants.

Il faudrait de plus, selon l'organisme, éviter de mettre les collèges des régions en compétition avec les collèges urbains. «L'ouverture récente du programme «Tourisme» au cégep de Limoilou a fait chuter les cohortes du même programme offert à Matane», peut-on lire dans les documents de la coalition.

Il faudrait donc une politique d'attribution des nouveaux programmes qui tienne compte du portrait actuel du réseau collégial, suggère-t-on.

Martin Simard, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), abonde dans le même sens qu'Alain Dion. «Les jeunes partent souvent des régions pour s'affranchir du cadre familial, ou pour aller poursuivre certains programmes d'études là où ils sont offerts, explique-t-il. On ne peut pas les empêcher de partir (...), il faut donc les remplacer en attirant des jeunes de l'extérieur de la région.»

M. Simard estime lui aussi qu'il faut reproduire le succès du programme ATM de Jonquière dans d'autres régions. «Sans tomber dans la monoculture du savoir, prévient-il, il faut créer des pôles d'attraction régionaux.»

À son avis, les forces d'une démographie déclinante et de jeunes qui choisissent de quitter leur région natale seront difficiles à contrer, «mais l'accessibilité régionale est fondamentale. Fermer un cégep, c'est comme fermer une école primaire: c'est le coeur d'une région qui cesse de battre.»


 

Le Devoir- Un réseau à repenser - Le mardi 16 avril 2002

Paule Des Rivières


Éditorial

Le Conseil supérieur de l'Éducation (CSE) dénonce, dans un récent avis, l'obsession de la performance scolaire, qui, loin d'avoir l'effet escompté, éloignerait un nombre important de jeunes initialement intéressés par le cégep. Le document met le doigt sur un certain nombre de problèmes sérieux, mais semble incapable de tirer les conclusions auxquelles devrait aboutir un tel diagnostic, soit une réforme en profondeur de ce réseau.

Les suggestions que formule le CSE pour améliorer le réseau collégial sont de divers ordres. Certaines sont ponctuelles et fort pertinentes, comme par exemple celle d'effacer la mention échec du relevé de notes si le cours a été repris avec succès. Le CSE s'interroge par ailleurs avec raison sur la tendance au contingentement à laquelle succombent un nombre grandissant de collèges. Concluant à la dictature des notes, l'organisme se demande également s'il ne serait pas possible de prendre en considération, lors de l'inscription de l'étudiant, des facteurs comme la motivation et la maturité intellectuelle du candidat. Pourquoi pas? En usant d'une telle mesure avec souplesse, l'égalité des chances sera peut-être mieux servie. Car, l'avons-nous oublié, la création des cégeps visait à accroître l'accessibilité aux études supérieures.

Or, force est de constater, 35 ans plus tard, que le chemin qui reste à parcourir est considérable. Au milieu des années quatre-vingt, un quart des jeunes du début de la vingtaine détenaient au moins un diplôme, alors que la moitié de leurs parents n'en avaient aucun. Mais ce rattrapage n'a pas soutenu le rythme. Aujourd'hui, le Québec affiche un taux de décrochage catastrophique au secondaire.

Au niveau collégial, les choses se passent à peine mieux, puisque seulement 55 % des jeunes du secteur préuniversitaire décrochent leur diplôme quatre ans après leur entrée au collège, un pourcentage qui tombe à 49 % au secteur technique. Chaque secteur est aux prises avec un certain nombre de problèmes, de nature différente. Mais attardons-nous au secteur préuniversitaire, creuset des sciences humaines, devenu au fil des ans une véritable voie de garage où s'engouffrent tous les indécis, tous ceux que les notes empêchent d'aller ailleurs, tous ceux dont la motivation est en panne.

D'ailleurs, le rapport du CSE souligne que les jeunes issus du secteur préuniversitaire sont moins nombreux qu'avant à poursuivre leurs études à l'université. Le CSE refuse de porter un jugement sur ce phénomène, se contentant de relever «un changement de trajectoire par rapport à ce qui est attendu». En effet!

Le CSE admet que tout ne tourne pas rond, surtout pendant cette fameuse première année au secteur préuniversitaire. Elle attribue une partie de ces problèmes à un «malaise au regard de l'orientation des élèves». L'organisme plaide pour une plus grande indulgence à l'égard des jeunes qui se cherchent. Personne dans les collèges ne nie le droit d'un jeune incertain de son choix à changer d'orientation. D'ailleurs, le nombre d'années que mettent les jeunes à achever leurs études traduit bien ces hésitations.

Comme tous ceux qui se sont penchés sur ce curieux patient qu'est le réseau collégial, le CSE revendique un meilleur encadrement. Plus, il parle de «réorganiser la première année» afin qu'elle colle davantage à la réalité des jeunes.

Fort bien. Mais le resserrement réclamé par le CSE ne suffira pas. Pas plus qu'une meilleure écoute des besoins des jeunes ne saurait remplacer la nécessité pour les jeunes eux-mêmes de comprendre l'importance de la discipline personnelle et de la réussite. Ne pas tout sacrifier sur l'autel de la performance, soit, mais minimiser l'importance d'effectuer ses études collégiales en bonne et due forme, jamais. Une telle conception de l'éducation desservirait le Québec tout entier, en faisant croire qu'un passage au cégep peut être réussi même sans avoir obtenu le diplôme. En ce sens, l'insistance du ministère de l'Éducation est une excellente orientation.

Mais, finalement, au fil des constats et des rapports, relevant tous des manquements sérieux, le temps est peut-être venu de remettre en question l'organisation du cégep, de manière fondamentale. Le cégep n'a jamais accepté son rôle d'accompagnement, jouant beaucoup trop tôt la carte de l'autonomie des jeunes. Tout doit être revu. À quand une commission d'enquête spécifique au réseau collégial?



Opinion

«La prochaine application fondamentale attribuée à Internet sera l'éducation. Cela sera si déterminant que l'usage du courriel aura l'apparence d'une erreur d'arrondi», lançait récemment John Chambers, chef de la direction chez Cisco Systems. Dans le monde de la connexion à haut débit, la capacité de transmettre le savoir par le truchement de technologies numériques donnera en effet lieu à la création d'un nouveau monde et à la formation de nouveaux milieux professionnels. Mais j'aimerais tout d'abord explorer la signification du concept même de l'interactivité avant d'en arriver à un tel sujet.

Pendant plusieurs années, j'ai assuré la réalisation d'Horizon et de Tomorrow's World pour la BBC. J'ai cependant constaté que les seules options offertes à mes auditeurs étaient d'écouter, de changer de chaîne ou... d'aller dormir. Ce monde, où les producteurs (ou les lecteurs) offrent des présentations habiles aux téléspectateurs sans toutefois remettre en question leurs fondements, est dépassé. L'interactivité, rendue possible grâce aux nouvelles technologies, n'est pas seulement une affaire de nouveaux marchés développés pour renouveler de vieux médias qui ont fait leur temps comme la télévision ou la musique. C'est plutôt l'affaire d'une toute nouvelle relation fondamentale entre les producteurs et les consommateurs.

En attendant le grand soir, quelques organisations semblent avoir pris les devants en vue d'explorer les possibilités du monde de la connexion à haut débit et de voir de quelles façons et dans quelle mesure celui-ci pourra influencer les gens. La plupart des grandes compagnies n'ont pas encore tenté l'expérience et les plus petites ne peuvent se permettre d'y consacrer cinq ans avant d'en récolter les fruits, d'autant plus que ce type de recherche bute en général sur la technologie. Mais très bientôt, cette technologie ne sera plus un problème.

Aujourd'hui, les ordinateurs sont très dispendieux et extrêmement complexes à utiliser. Les télévisions sont plus conviviales, mais leurs fonctions sont extrêmement limitées, et la majorité des bandes passantes de ce qu'on appelle pompeusement la télévision interactive n'offre qu'un seul type de diffusion, sans aucun moyen de permettre une véritable interactivité en retour, et ce, en dépit des cinq années nécessaires pour produire des applications jugées performantes pour une telle une plate-forme.

Le site de Wimbledon Interactive, que nous avons commencé à développer il y a six ans au BBC Multimedia Centre, en est un bon exemple. Les gens désiraient vraiment ce service et il a eu beaucoup de succès, au même titre par exemple que le site de Big Brother développé par Channel 4. Tout ce que Wimbledon Interactive permet vraiment de faire est de choisir ce qu'on l'on désire regarder (tout comme le fait Big Brother). La seule façon de réagir consiste à prendre le téléphone ou la plume. Mais bientôt, différentes options permettront une plus grande participation.

D'ici cinq ans

Les jeunes le savent. Ils achètent et utilisent les jeux d'ordinateurs en grand nombre puisqu'il s'agit pour eux d'une expérience de contrôle et de participation active bien plus grande que ne le permet l'écoute linéaire d'une émission de télévision. Plusieurs professeurs inventifs ont compris que s'ils arrivaient à participer au développement de logiciels éducatifs imaginatifs, ils pourraient utiliser ce nouveau pouvoir pour améliorer et même révolutionner l'expérience d'apprentissage.

Même lorsque certains cours plus ou moins traditionnels sont donnés en ligne, la relation entre le professeur et son élève peut être transformée. Dans une classe ou un amphithéâtre, ce sont bien souvent les mêmes étudiants qui posent des questions ou qui s'impliquent dans les débats. Mais les tuteurs qui travaillent en ligne (comme ceux de l'université de Phoenix, en Arizona, qui ont développé avec succès un programme de business training en ligne) rapportent que presque tous les élèves qui sont branchés désirent participer et, qu'en conséquence, ils n'ont jamais eu à travailler si fort pour répondre aux besoins de ceux-ci.

Aujourd'hui, la bande passante est toujours lente, ce qui explique que plusieurs croient encore qu'Internet n'est qu'un outil permettant la mise en ligne de vastes quantités de textes informatifs. Mais l'ère d'une connexion Internet à haut débit accessible à prix modique sera à notre portée d'ici à un peu plus de cinq ans. À partir de ce moment, l'expérience en ligne sera aussi bien liée au divertissement et à l'émotion qu'il l'est maintenant aux simples données. Il ne fait aucun doute que cette bande passante répondra à une certaine demande pour la pornographie en ligne et le développement de jeux interactifs, mais je crois aussi qu'elle pourra aussi changer radicalement la façon dont les gens apprennent. À ce moment, de nouveaux logiciels encourageront les gens à développer leur créativité et à atténuer leur passivité.

Les technologies numériques font tomber les barrières du monde de la création médiatique. Des instruments, comme la bande passante, sont de plus en plus accessibles financièrement. Le dernier exemple en liste est le court métrage 405 The Movie dans lequel un jet immense atterrit sur la voiture d'un homme alors qu'il rentre à la maison en empruntant l'autoroute. Le film présente des effets spéciaux tout à fait convaincants et une bande sonore stéréo complète. 405 est le chiffre qui identifie l'autoroute qui, dans la fiction, a été évacuée pour permettre l'atterrissage d'urgence d'un immense jet. Le court métrage a été réalisé sur quelques portables au coût de 11 000 $. Aujourd'hui une version de haute qualité peut être téléchargée en ligne - lentement -, mais le monde imminent de la connexion à haut débit permettra de se les envoyer instantanément.

Penser par soi-même

Lorsque tous les foyers seront munis d'une caméra numérique reliée à un set-top box facile à utiliser avec des logiciels, les étudiants pourront envoyer leurs essais sous forme de courts métrages exprimant leurs points de vue personnels. Les aspirants musiciens pourront jouer ensemble en ligne - on peut d'ailleurs déjà observer la décharge sismique que le net a initiée dans le monde de la musique. Les étudiants en architecture pourront explorer les représentations 3D de bâtiments plus vrais que nature provenant du monde entier et «rencontrer» leurs comparses dans ce monde virtuel.

De plus, l'intelligence artificielle étant de plus en plus élaborée, intégrée tant aux logiciels locaux qu'aux serveurs centraux, elle permettra de répondre aux demandes de chaque individu, à ses histoires, ses habilités et son style d'apprentissage d'une façon à laquelle peu de professeurs peuvent prétendre aujourd'hui. Et le champ d'expériences et d'informations accessibles à chaque enfant et adulte du monde sera si vaste que le rôle le plus important du professeur sera d'aider les étudiants à savoir aussi penser par eux-mêmes alors qu'ils exploreront tous ces mondes.

L'éducation a depuis toujours signifié bien plus que d'être en mesure de gagner à Who Wants To Be A Millionaire? Les industries créatrices en général sont déjà en train de devenir la clé la plus importante de nos économies. Par exemple, le développement de jeux d'ordinateur et d'autres logiciels rapporte plus à l'Écosse que le pétrole de la mer du Nord. La connaissance stricte de faits n'est pas ce que recherchent les employeurs dans ces industries. Ils chercheront plutôt des habiletés à développer une pensée créatrice et une capacité à communiquer, à travailler en équipe, à faire des connexions imprévues entre certaines disciplines, à prendre plaisir au processus créatif - toutes des choses que certains services interactifs en ligne ou logiciels d'apprentissage peuvent améliorer.

Un vaste marché global de l'apprentissage s'ouvrira avec le déploiement de l'ère de la connexion à haut débit. Dans ce monde nouveau, ce sont les étudiants et non les enseignants qui arriveront en premier et qui pourront ainsi prendre le contrôle de leur propre expérience. Mais, au Futurlab de la NESTA, nous croyons également que si les professeurs réussissent à tirer parti de cette technologie, ils n'en deviendront que plus efficaces. Ils seront en mesure de mettre leurs étudiants en contact avec des experts de partout au monde, de les motiver davantage grâce à la complicité de logiciels divertissants. Ils disposeront en outre de l'équipement nécessaire pour donner à chacun ce dont il a besoin pour qu'ainsi il puisse surmonter ses propres limites.

Des dangers

Un petit bémol cependant s'inscrit au centre de toute cette interaction et cette participation. Il sera désormais à la portée de n'importe qui de mettre en ligne le contenu qu'il a imaginé et, ainsi, de tenter de le vendre au plus offrant. Il n'y aura plus de frontière claire qui puisse partager le «message» de la publicité ou de la promotion. BMW, par exemple, a désormais son propre site Internet. N'importe quelle compagnie, groupe religieux ou politique pourra avoir accès à une audience mondiale par l'entremise du dédale des connexions à haut débit. Avec un million de canaux, n'importe quel gouvernement ou le propriétaire de n'importe quel copyright en la matière qui voudrait contrôler le contenu de la toile ou insister sur le respect d'un quota de productions locales, comme le font déjà le Canada et l'Europe pour la télévision, trouvera la tâche impossible. Les enseignants tout comme les étudiants devront donc demeurer vigilants s'ils veulent éviter ces écueils.

Chez NESTA, nous orienterons nos recherches non pas sur la technologie elle-même, mais sur la façon dont les gens désirent actuellement aborder cette nouvelle ère des connexions à haut débit. Par exemple, nous travaillons de pair avec le groupe Revolution Software dans le but de voir si nous pouvons transformer son jeu d'aventures Broken Sword en un logiciel d'apprentissage du langage. Ce dont nous avons besoin, c'est de recherche créative sans objectif précis à court terme, qui puisse fournir l'espace nécessaire aux idées imprévues nées de l'interaction entre le contenu et l'humain. Ensuite, tel que l'a dit Lord Puttnam, nous pourrons tous commencer à élaborer le «Hollywood de l'éducation».

Martin Freeth

Assisté de David Puttnam, Martin Freeth a fondé, il y a quatre ans, les BAFTA's Interactive Entertainment Awards. Après une longue carrière à la télévision de la BBC au cours de laquelle il a réalisé plusieurs films, séries et émissions à caractère scientifique, il a mis au point le BBC Multimedia Centre, un centre qui a mené des recherches sans but pratique sur les médias interactifs et qui a conduit au développement de la BBC Online. Martin Freeth a récemment été nommé directeur exécutif du nouveau Futurlab de Bristol, une initiative de la National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA) de la Grande-Bretagne, un organisme dont les fonds permettent la réalisation de projets créatifs qui s'inscrivent dans un large spectre d'intérêt, y compris les logiciels d'apprentissage.



Sa mère avait obtenu une bourse pour étudier à McGill, mais elle avait dû la refuser sous les pressions de son propre père. «Une fille n'a pas sa place à l'université», avait-il tranché.

Photo ALAIN ROBERGE, La Presse

Heather Munroe-Blum donne tort à son grand-père de magistrale façon.

Heather Munroe-Blum donne aujourd'hui tort à son grand-père de la plus magistrale façon. Non seulement fait-elle son entrée à McGill, mais plus encore, elle y entre par la grande porte.

Première femme à y occuper le poste de principal (l'équivalent du recteur), Mme Munroe-Blum en tire certes beaucoup de fierté. «J'aimerais bien que ma mère soit encore de ce monde pour voir cela!»

En entrevue avec les médias hier, Mme Blum avait encore bien peu à dire.

De quelle façon compte-t-elle aborder le problème du sous-financement à McGill?

Comment attirer les plus grands chercheurs et professeurs de tous les horizons? Faut-il prôner un dégel des droits de scolarité, comme le préconisait son prédécesseur, Bernard Shapiro?

Mme Blum y est cependant allée d'un vibrant plaidoyer en faveur de la vocation généraliste de McGill. «Les gouvernements qui font peu de cas des sciences sociales et qui n'en ont que pour les sciences pures et le génie commettent une grave erreur», a-t-elle fait valoir, citant l'exemple de la bioéthique. L'usage des technologies les plus avancées ne suppose-t-il pas de se pencher sur leurs implications philosophiques, culturelles et sociales?

Sous Heather Munroe-Blum, elle-même détentrice d'une maîtrise en service social et d'un doctorat en épidémiologie, l'Université McGill accordera donc une place de choix aux arts, aux lettres et aux sciences sociales. Sous son règne, l'université continuera par ailleurs de s'ouvrir au secteur privé, si et seulement si, jure-t-elle, c'est dans l'intérêt premier de l'université. «Les professeurs devront toujours avoir pleine liberté de réaliser les recherches de leurs choix», insiste Mme Blum.

Sur la question des droits de scolarité, elle n'a pu préciser quelle sera sa position, mais elle a rappelé que les Québécois paient nettement moins cher leur éducation universitaire que les autres Canadiens. «Chose certaine, je ne privilégierai jamais des hausses des droits de scolarité qui ne seraient pas accompagnées d'un système d'aide financière adéquat.

Aucun étudiant admis à McGill ne devrait être empêché d'y étudier à cause de contraintes financières», de poursuivre Mme Blum, qui raconte avoir elle-même terminé ses études grâce à plusieurs prêts et bourses, mais avec une dette d'étude de 8000$.

Native de Montréal, Mme Blum n'est manifestement pas bilingue. Des cours intensifs de français sont inscrits à son programme des prochains mois, après son départ de l'Université de Toronto.

Au cours de sa carrière, Mme Blum, qui entrera officiellement en fonction en décembre, au départ de Bernard Shapiro, s'est principalement intéressée à l'élaboration de pratiques et de politiques de santé mentale. Avant de devenir vice-présidente de l'Université de Toronto, en 1994, elle avait été professeure à l'Université McMaster et à l'Université de Toronto, puis doyenne de la faculté de service social.

Ses fonctions antérieures d'administratrice l'ont amenée à faire du lobbyisme auprès des gouvernements ontarien et canadien pour assurer un financement adéquat à ses anciennes universités d'attache.

Fait à noter, elle est présidente du Groupe consultatif universitaire d'Industrie Canada et vice-présidente du conseil de Génome Canada.


 

 

 

Le Soleil : Contre l'habilitation des collèges à décerner les diplômes - Le mardi 30 avril 2002

Martin Simard, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

 


(À Madame Brigitte Breton, éditorialiste, LE SOLEIL)

J'ai lu avec attention votre éditorial du 12 avril portant sur l'habilitation des collèges à décerner le diplôme d'études collégiales (DEC). Force est de constater que votre argumentation se vaut, mais à ce compte vous devez admettre que la nôtre est également valable.

Effectivement, votre approche se base sur les écrits, la législation et la réglementation en place à l'heure actuelle. La nôtre, cependant, trouve sa source dans l'expérimentation des pratiques gouvernementales et politiques qui ont cours face au réseau collégial. Dans ce cadre, il est normal que votre argumentation s'inscrive en droite ligne avec celle du ministre et du gouvernement alors que celle de la FECQ rejoint les gens qui vivent les cégeps au quotidien : les étudiants, les professeurs, le personnel de soutien, le personnel professionnel, etc.

Votre raisonnement se résume à : « Nous laissons aller le réseau collégial depuis quelques années ; il va mieux. Continuons de le laisser aller ; il n'ira que de mieux en mieux. » Penser de la sorte, c'est faire fi du coup dur qui a été asséné au réseau collégial de 1994 à 1997 alors qu'il subissait des coupes budgétaires sans précédents. Pendant près de quatre ans, le réseau gérait la décroissance et ne pouvait se permettre d'évoluer. Depuis, à la suite de la pression des mêmes acteurs dont vous dénoncez l'action maintenant, des investissements ont eu lieu dans le réseau collégial. Bref, le réseau ne va pas mieux parce qu'on le laisse aller. Il progresse parce qu'on lui a permis de sortir la tête de l'eau et de recommencer à respirer un tant soit peu.

Vous affirmez que le ministre garderait l'œil sur les programmes, advenant l'habilitation. Sur ce point, j'aimerais vous rappeler le dossier des « frais champignons », qui défrayait les chroniques d'éducation il y a quelques temps et que vous avez eu l'occasion de couvrir à plusieurs reprises en 1999. Le ministre devait aussi « garder l'œil » sur les droits chargés aux étudiants collégiaux. Il a tellement bien effectué son devoir d'administrateur public que, depuis 1999, les acteurs du réseau tentent de mettre de l'ordre dans ce chaos. Le ministre a tellement gardé l'œil ouvertqu'il s'est fait prendre au dépourvu en commission parlementaire. Vous vous rappelez ? Vous y étiez. Alors concernant la vigilance du ministère de l'Éducation et des administrations des collèges, on repassera !

En laissant plus de latitude aux administrations, le ministre a abandonné certaines de ses tâches. Bien que nous reconnaissions un certain degré d'autonomie aux administrations locales des cégeps, il nous apparaît que l'habilitation viendrait confirmer une tendance à l'abandon du réseau public que forment les collèges. En conservant intact le processus d'habilitation dans la réglementation, le ministre se laisse la porte ouverte à un abandon graduel de la notion de réseau collégial.

Bref, comme la présence du libéralisme tous azimuts semble devenir la norme en vogue, même en ce qui a trait aux services publics, je me permettrai de prendre l'analogie économique suivante : vous nous dites à la manière d'Adam Smith : « Laissez faire, laissez aller ! À long terme, tout sera réglé. » Eh bien ! Tout comme Keynes, nous vous répondons, madame : « À long terme, nous serons tous morts ! »


 

Le Devoir : Les filles en tête - Le mardi 30 avril 2002

Paule Des Rivières


Éditorial - Alors qu'elles étaient quasi absentes des facultés de médecine il y a 40 ans, voilà qu'elles prennent la profession d'assaut, plus que jamais. En septembre prochain, 80 % des étudiants qui entameront des études en médecine à l'Université de Montréal seront des femmes. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter?

La proportion de femmes dans les facultés de médecine de la province ne cesse d'augmenter. Le phénomène s'observe ailleurs au pays, mais nulle part n'est-il aussi marqué qu'au Québec où, si la tendance se maintient, les hommes médecins se compteront dans quelques années sur les doigts de la main. Les conséquences de ce revirement brutal sont nombreuses et, on le sait, elles ne touchent pas seulement la médecine. Pour s'en convaincre, il n'est que de jeter un coup d'oeil aux statistiques: en septembre dernier, les femmes représentaient 58,7 % de toutes les nouvelles inscriptions à temps plein dans les universités du Québec. Et leurs dossiers scolaires étant plus reluisants, elles décrochent sans problème les meilleures places dans les disciplines contingentées. Car, est-il nécessaire de le rappeler, les filles manifestent tôt dans la vie un désir de persévérer qui n'habite pas les garçons avec la même intensité.

À l'Université de Montréal, la direction de la faculté de médecine a voulu aller plus loin. Craignant que son processus de sélection des candidats ne désavantage les garçons, par quelque biais systémique caché, elle l'a soigneusement révisé. Conclusion? Tout en accusant certaines faiblesses, le processus ne comporterait aucun biais sexuel et il n'y aurait donc pas lieu de mettre en vigueur des mesures de discrimination positive en faveur des garçons. Si les filles forment aujourd'hui une majorité écrasante, c'est d'abord parce qu'elles sont beaucoup plus nombreuses à faire une demande d'admission.

La direction de la faculté s'était demandé, dans un premier temps, si la plus grande maturité des filles à la sortie du cégep n'expliquait pas, en partie, la désertion des garçons. Cette hypothèse méritait d'autant plus d'être examinée que les candidats de nombreuses institutions anglophones, où la proportion de filles, tout en étant importante, n'était pas écrasante, ont déjà obtenu un baccalauréat lorsqu'ils entrent en médecine. Les garçons, frivoles plus longtemps, se rattraperaient donc. Mais encore là, l'Université n'a rien trouvé de concluant. Les garçons qui font une demande d'admission après avoir obtenu un baccalauréat dans une autre faculté ne se distinguent pas du lot.

Jetant un coup d'oeil dans le rétroviseur, le comité se demande si bon nombre de garçons ne se sont pas exclus d'eux-mêmes plusieurs années auparavant, en ne choisissant pas, au secondaire, les options qui ouvrent la porte des sciences biologiques une fois parvenus au cégep. L'adolescent de 14 ans ne sera pas nécessairement porté à choisir le cours de mathématiques le plus exigeant, ce qui ne signifie en rien qu'il ne serait pas ultérieurement apte à remplir les exigences d'une profession qui lui est désormais fermée à jamais.

Le système scolaire est beaucoup trop rigide. L'étudiant qui n'a pas suivi les cours nécessaires pour être admis dans un programme collégial devrait pouvoir suivre ces cours sans être obligé de reprendre toute une année ou attendre des mois. Un grand nombre de jeunes ignorent à cet âge quel chemin ils emprunteront plus tard dans la vie, et cela n'a rien de scandaleux.

La féminisation de la profession entraîne des changements importants dans l'organisation du travail. Comme c'est le cas dans d'autres secteurs, les femmes médecins ne sont dans l'ensemble pas prêtes à sacrifier leur vie familiale à leur carrière. Les 60 heures par semaine, bien peu pour elles! Au fil des ans, elles en sont venues à imposer une organisation du travail qui prend en compte leurs responsabilités familiales. Est-ce à dire qu'elles boudent certaines spécialités? Pas du tout. À l'Université de Montréal, les filles dominent tous les départements, sauf celui de la chirurgie.

Le gouvernement, qui avait déjà reconnu qu'il y avait pénurie de médecins en augmentant quelque peu le nombre des admissions dans les facultés de médecine, devra se montrer moins chiche et comprendre que, si les femmes sont moins obsédées par leur travail, il faudra plus de médecins pour accomplir les mêmes tâches.

La surreprésentation des filles ne se limite pas à la médecine. Elles surclassent les garçons dans la majorité des disciplines contingentées, sauf en génie. Il n'y a pas là de quoi se surprendre puisque le phénomène du décrochage des garçons dès le secondaire s'observe depuis une bonne dizaine d'années dans l'ensemble du monde occidental. L'école serait-elle faite pour les filles? La question se pose. En guise de début de réponse, qu'il suffise de mentionner que si les femmes représentent 80 % des étudiants en médecine, elles forment encore 95 % du contingent de jeunes qui se préparent à enseigner à l'école primaire!

Cela dit, il ne fait aucun doute que le décrochage des garçons est un phénomène complexe que de petits changements ne sauront pas enrayer. Mais cela ne présage rien de bon pour l'avenir. Il est important que les institutions scolaires, mais aussi le gouvernement dans son ensemble, s'attaquent à ce problème.


Le Devoir : École publique - «L'approche client» fait son chemin - Le mercredi 01 mai 2002

Marie-Andrée Chouinard


L'école devenue produit? Les parents et l'élève métamorphosés en clients? Pour concurrencer le réseau privé, prévenir les effets des chutes démographiques et mieux répondre aux attentes des parents, les écoles publiques se tournent vers le marketing et les stratégies de communication.

Identifiées en effet comme l'un des défis auxquels l'école publique doit faire face pour éviter les baisses de clientèle, les stratégies de communication constituent l'un des axes du colloque «Les défis de l'école publique» organisé conjointement par le ministère de l'Éducation et la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) dans une dizaine de jours.

Invités à mieux vendre leur produit aux clients que sont les parents et les élèves, les dirigeants scolaires, enseignants et parents qui fréquenteront le colloque auront donc droit à des conférences sur la «construction d'une image positive de l'école», la manière de soigner ses communications avec les clients de l'école, les outils de promotion liés à la vente du produit-école et les actions de mise en marché nécessaires pour faire mieux connaître les services de l'école, tel qu'on le décrit dans le programme du colloque.

Des conférenciers issus d'entreprises de communication marketing telles BPR, Tactic, Amalgame Cargo, Cossette Communication marketing et Hill & Knowlton, Ducharme Perron ont donc été invités par le ministère et la fédération à proposer diverses pistes pour modifier les communications entre la population et l'école, leur donnant un souffle promotionnel. En marge du colloque, un salon de l'école publique ouvert à la population doit permettre aux écoles et aux commissions scolaires qui y auront un kiosque de «marquer leurs bons coups», tel que l'explique le président de la FCSQ, André Caron.

Alors qu'on perçoit une baisse de popularité du réseau public au profit du concurrent privé, que faut-il comprendre de ce virage marketing que l'on propose soudain aux écoles comme une manière de mieux mousser leur produit? «Il faut travailler sur la perception, sur l'image de l'école publique», explique André Caron, qui croit que la concurrence du réseau privé n'est pas la raison première qui motive les rapprochements entre l'univers du marketing et l'école. «L'école a des comptes à rendre, mais ça n'a pas seulement une connotation négative, ça. Il faut parler des bons coups aussi! Tant mieux si ça nous permet d'attirer du monde.»

Du même souffle, le président de la FCSQ admet que tout cela entraînera les écoles dans un vent de promotion. «C'est cela, il faut bien l'admettre. Et il faut voir et traiter notre clientèle comme des clients, parce que c'est de cela qu'il s'agit, avec les parents au primaire, et les élèves au secondaire.»

Cette façon de promouvoir le produit-école, à laquelle les universités se sont abonnées depuis quelques années déjà comme en font foi des campagnes publicitaires agressives, n'aura peut-être pas l'appui spontané d'un réseau peu habitué aux manières de l'entreprise privée. «Les gens vont être frileux devant certains termes, c'est très évident, parce que l'approche privée n'est pas spontanément liée à ce réseau institutionnel», explique à ce sujet l'un des conférenciers, Jean Rouleau, vice-président planification et chef du produit chez Amalgame Cargo, une entreprise de communication marketing.

«Les écoles publiques n'ont jamais vraiment été dans une dynamique de concurrence, mais maintenant elles le sont, à cause de la baisse démographique et de la concurrence du réseau privé», ajoute celui qui entretiendra les participants les 9 et 10 mai prochains sur «les enjeux et les défis liés à la promotion et au marketing de l'école publique».

«L'école connaît un problème de perception, et c'est un problème réel», poursuit Jean Lemay, vice-président marketing chez BPR, qui doit donner le ton à ce volet «communication» du colloque en évoquant le «problème de perception et de crédibilité majeur» que vit le réseau public et qui «entraîne une baisse de clientèle importante», tel qu'on le présente dans le programmedu colloque.

«Il faut parler du concept de perception, et de la façon d'en faire un élément de gestion», poursuit M. Lemay. «Les écoles doivent avoir une attitude gagnante, être pro-actives, persistantes et authentiques. En bref, ce qu'elles doivent saisir, c'est que les bons coups font tache d'huile.»

Pour mieux vendre leur produit, les écoles doivent donc adopter - et peut-être acheter - des stratégies de communication qui permettront de mieux vendre ce qu'elles ont à offrir. «Il faut maintenant considérer les parents comme des clients, dans le sens noble du terme, comme des consommateurs qui viennent chercher un service», explique Line-Sylvie Perron, présidente et directrice générale de Hill & Knowlton, Ducharme Perron, qui doit aborder lors du colloque l'amélioration des communications entre les parents et l'école dans une optique de mise en marché et de promotion.

«Les attentes des parents sont de plus en plus grandes, et l'école doit innover elle aussi pour suivre la cadence», ajoute Mme Perron. «La société demande beaucoup aux parents, mais les parents eux-mêmes demandent beaucoup de l'école, qui doit trouver de nouveaux moyens de les rejoindre.»

Ce virage marketing est proposé au moment où les écoles donnent l'impression de diversifier de plus en plus leur offre, au sein même du réseau public, comme en témoigne la prolifération des volets particuliers dont elles se dotent. La concurrence que l'on connaît entre privé et public se transporterait-elle donc à l'intérieur même du secteur public?

«Non, il ne faut pas voir cela comme une manière pour les parents de magasiner les écoles», explique André Caron, qui croit que le principe de l'école de quartier vers laquelle on devrait spontanément se diriger n'est pas en péril. «Mais c'est sûr que si une école vante son projet particulier, ça peut avoir des retombées et tant mieux si ça arrive!»


 

 

La Presse : Les prêts et bourses ouverts aux étudiants à temps partiel - Le mercredi 01 mai 2002

Pascale Breton

La Presse

Québec


Le régime de prêts et bourses mis en place par le gouvernement québécois ouvre désormais sa porte aux étudiants à temps partiel ainsi qu'à ceux qui suivent une formation professionnelle au secondaire.

C'est ce qu'a annoncé mardi le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, en déposant son projet de loi fort attendu modifiant la Loi sur l'aide financière aux études.

«Ce projet de loi prévoit des modifications au programme de prêts et bourses afin de permettre à certaines personnes qui poursuivent leurs études à temps partiel, en raison de leur situation familiale, de bénéficier de ce programme d'aide financière», a déclaré M. Simard devant l'Assemblée nationale.

Des données recueillies par la Fédération étudiante universitaire du Québec révèlent que 70% des étudiants à temps partiel sont des femmes, dont la moitié proviennent d'un milieu familial à statut économiquement précaire et dont 40% ont des enfants à leur charge. La FEUQ a d'ailleurs applaudi mardi cette annonce attendue depuis longtemps.

«Sept ans après le rapport MacDonald, les étudiants à temps partiel auront enfin accès à l'aide financière aux études. Le projet de loi permettra à plusieurs étudiants qui vivaient jusque-là une réalité particulière d'accéder aux études postsecondaires, notamment les mères de familles monoparentales», s'est réjoui le président de la fédération, Nicolas Brisson.

C'est une somme de 7,2 millions que le gouvernement consent à investir pour la mise en place de ce programme d'aide accessible aux étudiants à temps partiel. Ce coup de pouce attendu depuis nombre d'années concrétise un engagement du PQ pris lors de la dernière campagne électorale. Cette mesure va permettre à un plus grand nombre de jeunes d'accéder à des études postsecondaires en plus d'encourager ceux qui doivent étudier tout en travaillant.

Pour être reconnu comme étudiant à temps partiel et être admissible au régime de prêt, l'étudiant doit accumuler, pour un même trimestre, de 76 à 179 heures de cours en formation professionnelle au secondaire. Au collégial, il doit être inscrit à deux ou trois cours tandis qu'à l'université, il doit être inscrit à des cours donnant l'équivalent de six à 11 crédits.


 

La Presse - Éducation: le Québec dépense plus que les autres provinces... mais moins que les Etats-Unis - Le jeudi 02 mai 2002

Marc Thibodeau

La Presse


En raison d'une hausse marquée de ses dépenses au cours des dernières années, le Québec investit désormais plus d'argent par élève que toute autre province canadienne, indiquent de nouvelles données du ministère de l'Éducation que La Presse a obtenues.

Ces mêmes données indiquent que l'écart continue néanmoins de se creuser avec les États-Unis, qui dépensent aujourd'hui 28% de plus par élève alors que l'écart n'était que de 10% au début de la décennie.

En dépit de l'effort additionnel des dernières années, 48 des 50 États américains investissent plus d'argent par élève que le Québec.

Photothèque La Presse

En dépit de l'effort additionnel des dernières années, 48 des 50 États américains investissent plus d'argent par élève que le Québec.

En 1992-1993, les commissions scolaires de la province dépensaient 5634$ par élève alors que les moyennes canadiennes et américaines étaient respectivement de 5613$ et 6551$. L'Ontario, qui dépensait alors plus que toute autre province, investissait 6114$ par élève.

Nouvelle convention

Selon les plus récentes estimations du Ministère, valables pour l'année 2000-2001, le Québec investit maintenant 6761$ comparativement à 6588$ pour l'ensemble du Canada et 6637$ pour l'Ontario. Les États-Unis versent pour leur part 8686$ par élève.

Selon le Ministère, la forte croissance des dépenses du Québec s'explique notamment par l'adoption d'une structure salariale bonifiée pour le personnel enseignant en avril 2000, par l'entrée en vigueur d'une nouvelle convention collective ainsi que par une série de mesures de soutien.

Ces mesures incluent le financement additionnel des services de garde, l'implantation de la réforme de l'éducation, le soutien aux milieux défavorisés ainsi que le versement d'allocations pour diminuer les frais exigés des parents.

Selon le directeur des études statistiques et quantitatives du Ministère, Robert Maheu, la différence croissante entre les dépenses du Québec et celles des États-Unis s'explique en partie par le fait que le rapport élèves-enseignants, calculé en divisant le nombre total d'élèves par le nombre total d'enseignants, est plus élevé chez nos voisins du Sud, soit 14,9 contre 16,2.

Salaire moyen

Le salaire moyen des enseignants, aussi plus élevé aux États-Unis qu'ici, explique une autre partie de l'écart. La différence salariale était de près de 4300$ en 2000-2001 en tenant compte des différences du coût de la vie.

Une analyse additionnelle s'imposerait pour obtenir une explication détaillée de l'ensemble de l'écart, note M. Maheu. «Les données budgétaires ne sont pas présentées de la même façon pour les commissions scolaires américaines. Ça complique grandement les comparaisons», dit-il.

Le recul relatif de l'Ontario sous l'angle des dépenses par élève s'expliquerait notamment par les coupes de postes importantes réalisées au cours des années 1990.

M. Maheu fait valoir que les dépenses par élève des commissions scolaires ne sauraient constituer, de toute manière, un indicateur fiable de la qualité de l'éducation prodiguée dans les écoles de la province. «Je crois que c'est au niveau des résultats qu'il faut juger le système», note-t-il.

Épreuves internationales

Le Ministère fait notamment valoir que les enfants québécois font très bonne figure dans des épreuves internationales comme celles qui sont administrées par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), où ils terminent dans le peloton de tête en lecture, en sciences ainsi qu'en mathématiques.

«Les États-Unis se classent de leur côté dans la moyenne des pays de l'OCDE, même s'ils dépensent beaucoup plus que le Québec», note M. Maheu.


 

Le Devoir : Problème d'image? - Le vendredi 03 mai 2002

Paule Des Rivières

Éditorial


Inquiètes de voir le nombre d'élèves du secondaire qui passent au secteur privé, les commissions scolaires ont décidé de se donner une stratégie de mise en marché. Ainsi, le prochain colloque annuel de la Fédération des commissions scolaires fera une large place aux experts en marketing qui éduqueront les responsables scolaires aux techniques de vente. Quant à savoir si ce travail sur l'image de l'école réglera les problèmes de fond, c'est une autre question...

En cette ère d'information, tout ce qui ne fait pas l'objet d'une mise en marché soigneusement orchestrée par un expert en communication reste sur les tablettes. Cela vaut pour les biens de consommation mais également pour les créations artistiques, les campagnes de levée de fonds et même l'école. Les établissements privés se livrent à une concurrence forcenée depuis de nombreuses années et les universités, dont les subventions sont liées au nombre d'étudiants, rivalisent d'ingéniosité pour attirer les jeunes sur leur campus. Que l'école publique monte à son tour à bord du train n'a rien de particulièrement étonnant, surtout lorsqu'on replace ce virage dans un contexte plus général.

Cela dit, à plus ou moins brève échéance, c'est notre conception de l'école et le lien que nous entretenons avec elle qui risquent de s'en trouver modifiés. Pour le meilleur et pour le pire. Car les pièges d'un tel virage commercial sont bien réels.

Cela dit, il ne sert à rien de se leurrer, le changement est déjà en cours. Un nombre significatif de parents «magasinent» l'école de leur enfant comme ils le feraient pour tout autre produit. L'école n'est plus ce lieu qu'on fera nous-mêmes évoluer en participant à ses instances mais un établissement qui s'engage à livrer la marchandise, c'est-à-dire à transmettre certaines connaissances à l'enfant-client. Les parents, du moins ceux de la classe moyenne, se font de plus en plus exigeants. Ce n'est pas pour rien que le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, encourage les écoles à multiplier les «volets particuliers», notamment les programmes de sport-études, d'éducation internationale, d'immersionen sixième année, etc. Ces projets, outre qu'ils contribuent à retenir au secteur public les parents attirés par le secteur privé, constituent d'excellents outils de promotion.

Mais un doute s'installe. Qu'arrivera-t-il aux établissements que fréquentent des enfants qui en arrachent et que les experts en marketing auront bien du mal à présenter sous un jour merveilleux? Ces écoles, qui ne seront pas idéalisées à pleines pages dans les journaux, réussiront-elles à attirer des enfants? Autre question: faudra-t-il, à compter de maintenant, ne jamais mentionner les mots drogue ou violence de peur de ternir l'image de l'école?

La Fédération des commissions scolaires justifie son approche en faisant valoir qu'un système d'éducation à deux vitesses risque de s'installer si tous ceux qui le peuvent fuient vers le secteur privé. Mais la menace de fracture existe bel et bien à l'intérieur même du système public, entre ceux qui seront bien servis par une belle image et les autres...

Personne ne niera que l'école publique souffre d'une mauvaise perception. Mais cette perception n'est pas nécessairement éloignée de la réalité. Et il n'est pas certain que la solution réside dans un battage publicitaire orchestré par des experts en marketing.

Il y a quelques années à peine, un vent de protestation était rapidement venu à bout d'un projet des propriétaires d'autobus scolaires qui voulaient placer de la pub dans leurs véhicules. Les enfants devaient pouvoir apprendre loin du bruit commercial. Il sera plus difficile, désormais, de préserver cet espace

L'école de quartier ne résistera pas longtemps à ce virage, qui englobera l'école primaire comme le reste. Les parents, qui sont tenus d'inscrire leurs enfants à l'école du quartier, voudront aller voir ailleurs si l'herbe ne serait pas plus verte. L'école que les parents contribuent à changer en s'impliquant ne sera bientôt plus qu'une vision du passé.

Soyons réaliste. L'école publique a une côte à remonter, cela est certain. Une partie de la population ne lui fait plus confiance. Qu'elle soit mal comprise, cela est possible. Mais l'école secondaire publique souffre de maux réels, auxquels ses responsables doivent s'attaquer. Et il faudra plus qu'une campagne de promotion pour regagner la faveur des parents.


 

Le Soleil- Réussite scolaire et réussite éducative, un monde de différences - Le vendredi 03 mai 2002

Reginald Sorel

Québec


Le Conseil supérieur de l'éducation publiait, le 11 avril, un important rapport intitulé Au collégial : l'orientation au cœur de la réussite. Bizarrement, seul un éditorial a commenté brièvement ce document. Ce n'est sûrement pas la banalité du contenu qui en est la cause. En effet, alors que, comme son prédécesseur, le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, concentre toute son action sur la réussite scolaire en obligeant les établissements à atteindre des résultats chiffrés et ambitieux, le CSE écrit : « Dans le contexte actuel, le risque est grand de perdre de vue le sens de la réussite éducative, de compromettre la qualité de la réussite au profit d'objectifs quantitatifs, voire à lui nuire même sur le plan quantitatif. » C'est après une lecture des plans de réussite des collèges, ceux que le ministre a exigés de chacun, que le CSE en vient à cette sérieuse mise en garde.

Dans cet avis au ministre, le Conseil supérieur nous amène à découvrir un curieux phénomène dans les règles qui régissent le passage entre le secondaire, le cégep et l'université. Malgré la très grande variété des programmes qui s'offre à eux au cégep comme à l'université, ce sont les résultats scolaires qui, tout compte fait, auront décidé de la carrière future des étudiants. Une série de règles joue en ce sens et s'impose déjà, de façon presque irréversible, dès la fin du troisième secondaire.

C'est en effet le résultat scolaire obtenu à ce moment qui décidera de l'inscription, en quatrième secondaire, à un cours de math plutôt qu'à un autre. Cette seule règle aura pour effet d'ouvrir ou de fermer plusieurs options à ce jeune qui n'a que 14 ou 15 ans. En effet, outre le programme des sciences de la nature, plusieurs programmes techniques et des profils de sortie en sciences humaines rejettent les candidats qui ont suivi le cours de mathématiques allégées. Au moment de l'admission au cégep, c'est l'ensemble du dossier scolaire de l'élève qui risque de l'éliminer des programmes contingentés ou des programmes où la demande est forte.

L'élève qui veut se diriger vers l'université devra en plus prévoir l'effet éventuel de la cote R, imposée par de nombreux départements et facultés universitaires, dans son choix de programme à l'entrée au cégep.

Ces constats risquent de prendre plus d'ampleur dans les années qui viennent : « La pression qui s'exerce actuellement sur les collèges pour augmenter leur taux de diplomation, écrit le CSE, peut avoir pour effet de renforcer la sélection des élèves sur la base exclusive des résultats scolaires et d'élever ainsi le seuil d'admissibilité. » Et le Conseil ajoute : « Dans le contexte actuel de baisse démographique et de concurrence accrue, il arrive aussi que les pratiques de sélection des établissements changent, se raffinent et deviennent à certains égards moins transparentes. »

Le résultat de cette plus grande sélection ne peut donc avoir que deux effets : un déclin important du taux d'accessibilité au cégep ou une masse plus grande d'élèves qui se retrouvent dans des programmes sans trop savoir ce qu'ils y font. En l'absence de motivation, l'échec et le décrochage s'ensuivent. Le CSE note les résultats d'une étude qui démontre que les aptitudes intellectuelles ne comptent que pour 25 % dans la réussite scolaire, le facteur décisif étant « la capacité de se fixer des objectifs dans un programme spécifique, fruit d'une décision personnelle ».

Le CSE considère que la recherche de l'identité personnelle par laquelle passent tous les jeunes, et qui est intimement liée au choix d'une carrière future, est une réalité dont les collèges ne peuvent faire abstraction. Le soutien à ce difficile cheminement doit être aussi important que l'aide à la réussite.

Comme le note le Conseil supérieur, le rapport Parent justifiait la création du cégep, entre autres, par la nécessité d'offrir aux jeunes un moment qui leur permette de faire le choix d'une carrière, un moment de réflexion où l'hésitation est un peu la règle du jeu. Faut-il souligner que les pressions actuellement exercées en faveur d'une réussite scolaire rapide nous écartent totalement de cette vision ?

Les recommandations du CSE veulent réduire l'effet des résultats scolaires sur l'orientation par une série de mesures qui visent à effacer le caractère irréversible des échecs et des mauvais choix qui parsèment le cheminement de la plupart des jeunes à l'école et au cégep. Par exemple, la possibilité de reprendre un cours de mathématiques du secondaire qui ouvre la porte à plus d'options, le droit de reprise d'un examen raté sans avoir à refaire le cours, l'effacement d'un échec à son dossier si la reprise a été réussie, une moins grande spécialisation et une plus grande harmonisation des contenus d'enseignement entre les programmes d'un même collège afin de faciliter les changements de programme.

Plus ambitieuse est cette autre recommandation du CSE qui vise à renouveler en profondeur les contenus, l'organisation de l'enseignement et la pédagogie de la première année d'études collégiales afin de prendre pleinement en considération le fait que plusieurs élèves sont encore à la recherche d'une orientation professionnelle.

Avant de poser un jugement définitif sur chacune des nombreuses recommandations du Conseil supérieur, nous voulons en analyser les implications avec nos membres. Cela dit, nous sommes heureux que le Conseil se prononce enfin sur l'obligation de résultats imposée aux collèges et des réserves sérieuses qu'il émet à ce sujet. Nous partageons entièrement l'idée selon laquelle la réussite scolaire n'est pas synonyme de réussite éducative et nous sommes aussi fort inquiets des conséquences de cette politique sur la démocratisation de l'enseignement supérieur.

L'auteur est président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (CSQ)


 

La Presse : FRANÇAIS : Les cégeps devront-ils revoir leurs exigences à la baisse? - Le jeudi 16 mai 2002

Marc Thibodeau

La Presse


Les pressions exercées par le ministère de l'Éducation sur les cégeps pour les inciter à augmenter le nombre d'élèves qui obtiennent leur diplôme d'études collégiales risquent-elles d'inciter certains établissements à revoir leurs exigences à la baisse?

La question se pose à la suite d'une décision du cégep de Saint-Jérôme, qui a choisi à la dernière rentrée de réviser ses critères de correction du français.

Plutôt que de retirer un point par faute d'orthographe, de syntaxe ou de ponctuation jusqu'à concurrence de 30 points, les enseignants du département de français et de littérature de l'établissement n'enlèvent plus qu'un demi-point.

Manque d'uniformité

Michèle Bourgon, qui y enseigne la littérature, déplore cette décision. Les enseignants, dit-elle, voulaient d'abord s'ajuster aux pratiques de correction en cours dans la plupart des autres établissements de la province après avoir constaté que leurs propres critères étaient plus sévères.

«Il n'y a pas d'uniformité d'un cégep à l'autre, ce qui est absurde, dit-elle. Un élève qui a eu 60% à un endroit dans un cours de littérature aurait peut-être eu 70% ou 80% dans un autre, on ne peut pas savoir.»

L'initiative des enseignants reflète aussi, selon Mme Bourgon, l'effet pervers de l'importance qu'accorde le Ministère au taux de réussite de chaque cégep. Les établissements sont invités dans leur plan de réussite à se doter d'objectifs «ambitieux», mais c'est la «qualité» du diplôme qui risque d'être diluée dans le processus, note l'enseignante.

Selon elle, le cégep de Saint-Jérôme n'est «ni pire ni meilleur» que le reste du réseau puisque tous les établissements sont tentés d'utiliser des raccourcis pour atteindre les objectifs réclamés par Québec et rivaliser avec succès avec les établissements voisins. «C'est la même dynamique partout au Québec», indique Mme Bourgon.

Le directeur des études du cégep, Robert Ducharme, estime de son côté que la révision des critères de correction découle d'un souci «d'équité» envers les élèves.

«Nous étions l'un des seuls cégeps qui utilisaient cette grille plus sévère», note M. Ducharme, qui refuse de parler d'une baisse d'exigences. L'établissement, dit-il, craignait notamment que les critères plus sévères du département de français n'incitent les élèves à «aller étudier ailleurs».

Changements possibles pour la prochaine rentrée

Quelques heures après avoir conversé une première fois avec La Presse, M. Ducharme a précisé hier que les critères de correction pourraient être rehaussés à leur niveau initial pour les cours plus avancés à la prochaine rentrée. «Les élèves auraient ainsi le temps de s'ajuster dans leurs premiers cours avant d'être soumis à la grille plus sévère», dit-il.

Le responsable de la formation générale au Ministère, Jean-Denis Moffett, souligne que les établissements ont le dernier mot en ce qui a trait à la grille de correction. Beaucoup d'entre eux s'inspirent cependant de celle qui est retenue pour l'épreuve uniforme de français, dans laquelle chaque erreur d'orthographe entraîne la perte d'un point.

La présidente de la commission des affaires pédagogiques de la Fédération des cégeps, Monique Laurin, s'est dite «très surprise» hier de la décision du cégep de Saint-Jérôme. La tendance dans le réseau, dit-elle, est plutôt au renforcement des exigences en matière de français.

Le président de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ), Pierre Patry, qui réunit la majorité des enseignants de niveau collégial, affirme qu'il n'a pas eu vent d'autres établissements ayant révisé leurs critères de correction à la baisse.

La Fédération craint néanmoins que les pressions du Ministère incitent effectivement les établissements à réduire leurs exigences, en diminuant du même coup la valeur du diplôme décerné. «C'est bien d'encourager la réussite, mais pas à n'importe quel prix», dit-il.


 

La Presse - Dérapage à Saint-Jérôme - Le samedi 18 mai 2002

Claude Picher


Dans La Presse de jeudi, mon collègue Marc Thibodeau nous apprenait que la direction du cégep de Saint-Jérôme a décidé de revoir à la baisse ses critères de correction des examens de français.

Selon les anciens critères, l'élève perdait un point, jusqu'à concurrence de 30 points, pour chaque faute d'orthographe, de syntaxe ou de ponctuation. Cette norme a été abaissée à un demi-point. Autrement dit, l'élève peut commettre deux fois plus de fautes sans être inquiété.

Il s'agit là, à mon avis, de la nouvelle la plus déprimante de la semaine.

On n'insistera jamais assez sur l'importance de bien posséder sa langue maternelle.

Sur le marché du travail, la personne capable de s'exprimer correctement aura toujours plus de chances de décrocher un emploi intéressant, obtenir de l'avancement, persuader ses collègues et ses patrons, gagner l'estime de ses clients.

À l'heure où les frontières tombent, à un moment où les sociétés industrialisées misent sur l'économie du savoir, il est devenu plus important que jamais de communiquer efficacement, d'être capable de transmettre des messages clairs.

Les carrières de demain seront de plus en plus internationales. Parler une langue, voire deux, ne suffira plus. Des possibilités immenses s'ouvriront à ceux qui pourront non seulement s'exprimer en français et en anglais, mais aussi en espagnol, en allemand, voire en mandarin ou en russe.

Or, tous les experts vous confirmeront qu'il est impossible d'apprendre correctement une autre langue si on ne possède pas d'abord une solide maîtrise de sa langue maternelle.

Le même raisonnement s'applique au niveau collectif. Une société incapable de communiquer efficacement est condamnée à l'isolement et à la déchéance économique.

Alors que les défis les plus stimulants attendent ceux qui seront capables de bien s'exprimer, oralement et par écrit, le cégep de Saint-Jérôme dévalue sa propre grille de correction. C'est stupéfiant.

Pire: c'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire. De façon générale, les Québécois maîtrisent assez mal leur français. Je peux en témoigner personnellement. Je reçois des courriels par dizaines, chaque jour.

Les lettres ne contenant aucune faute, même celles qui proviennent de professeurs au collégial et d'étudiants, sont, hélas! plutôt rares. Dans ce contexte, la dernière chose à faire est certainement d'abaisser les critères de correction; au contraire, il est urgent de les renforcer.

* * *

Il serait cependant injuste de jeter tout le blâme sur le cégep de Saint-Jérôme.

Beaucoup plus coupable est le ministère de l'Éducation, et son obsession presque maladive du taux de réussite. Le problème a d'ailleurs très bien été expliqué à mon collègue Thibodeau par Michèle Bourgon, professeur de littérature au cégep de Saint-Jérôme (et qui, bien sûr, est en désaccord avec la révision des critères).

Le Ministère impose des objectifs à chaque cégep. Ces objectifs, évidemment, sont élevés, parce que cela paraît bien d'avoir des taux de réussite élevés. Or, pour toutes sortes de raisons, certains cégeps peuvent avoir plus de difficulté que d'autres à atteindre les objectifs du Ministère.

Le système comporte une faille importante: le Ministère peut imposer des objectifs au niveau des taux de réussite, mais chaque cégep peut déterminer ses grilles de correction.

Tous les ingrédients sont ainsi en place pour provoquer une perversion majeure. Les collèges qui sont incapables d'atteindre les objectifs du ministère n'ont qu'à diminuer leurs critères de correction. Pour faire grimper le taux de réussite, on diplôme les cancres! C'est aussi fou que cela.

Non seulement ce maquillage est-il une véritable honte, une trahison de la mission de l'enseignant, mais encore entraîne-t-il à son tour un autre effet secondaire détestable. Comme l'explique Mme Bourgon, un élève qui obtient une note de 60% dans un cours à un endroit aurait peut-être eu 70% ou 80% à un autre cégep.

Il n'y a pas moyen de savoir. Cette situation n'a aucune espèce de bon sens.

* * *

Au Québec, deux ministères, la Santé, avec un budget de 17 milliards de dollars, et l'Éducation, avec 11 milliards, gobent à eux seuls 64% des dépenses de programmes du gouvernement.

Aux prises avec des problèmes inouïs, la Santé occupe l'avant-scène de l'actualité. Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que les médias nous rapportent quelque nouvelle histoire d'horreur, avec en toile de fond le débordement des urgences, les listes d'attente interminables, les pénuries chroniques de médecins et d'infirmières, l'épuisement et la démotivation du personnel.

Un survol des principaux journaux québécois, couvrant le dernier mois, montre que les articles liés à la gestion des soins de santé sont quatre fois plus nombreux que ceux qui traitent d'éducation. Certes, la santé, c'est important. Mais dans ces conditions, on peut raisonnablement avancer que le dossier hautement stratégique de l'éducation n'a pas le traitement qu'il mérite.

C'est dommage, parce que le Ministère est manifestement mûr pour un grand ménage. Le nouveau titulaire, Sylvain Simard, semble bien intentionné. Son profil professionnel est étroitement lié au monde de l'éducation. Il faut espérer qu'il montre assez de courage pour mettre fin à l'hypocrisie des taux de réussite, qui déprécie la qualité des diplômes et discrédite l'ensemble du réseau.

Si rien n'est fait, et ça presse, le Québec doit se préparer à vivre de bien pénibles lendemains.


 

La Presse : Accès aux études supérieures: les femmes loin devant - Le mercredi 22 mai 2002

Marc Thibodeau


Alors que les hommes font du sur-place, le pourcentage de femmes qui entreprennent des études supérieures ne cesse de croître au Québec, creusant du coup un écart considérable entre les deux sexes.

De nouvelles données du ministère de l'Éducation consultées hier par La Presse indiquent que le taux d'accès des femmes aux études collégiales et universitaires était de 30 à 40% supérieur à celui des hommes en 2000-2001. Cette situation est tout à fait différente de celle que l'on observait au milieu des années 80.

Le taux d'accès aux programmes d'études conduisant à un baccalauréat, calculé par le ministère comme «la proportion d'une génération» qui atteint ce niveau d'études, était alors de 29% pour les hommes et de 31,3% pour les femmes. Quinze ans plus tard, les résultats correspondants sont de 29,2% et de 43%, soit un écart de 14 points.

À la maîtrise, le taux d'accès des femmes est de 9,9% supérieur de 0,3 point à celui des hommes, alors qu'il lui était inférieur de 1,5 point au milieu des années 80. Il n'y a plus qu'au doctorat que le taux d'accès des hommes est plus élevé que celui des femmes, l'écart étant de 0,4 point comparativement à 0,8 au milieu des années 80.

Au collégial, hommes et femmes se retrouvaient pratiquement sur un pied d'égalité au milieu des années 1970, leurs taux d'accès respectifs étant de 38,9% et 39,6%. Les taux correspondants sont aujourd'hui de 49,7% et 68,1%, soit un écart de près de 20 points.

Selon le directeur des études quantitatives et statistiques du Ministère, Robert Maheu, la mesure utilisée par le Ministère reflète le résultat que l'on obtiendrait en considérantquel pourcentage d'un groupe de 100 personnes de 16 ans s'inscrit au cégep ou à l'université durant une période donnée.

M. Maheu note que l'évolution du taux d'accès observé au Québec reflète celle que l'on voit dans la plupart des pays industrialisés comparables. «Il s'agit d'une tendance forte», dit-il.

La présidente du Conseil supérieur de l'éducation, Céline Saint-Pierre, estime que les tendances relevées aux études supérieures sont «inquiétantes». Elles reflètent d'abord, dit-elle, les difficultés scolaires des garçons, qui obtiennent en moins grand nombre que les filles leur diplôme d'études secondaires. «Ils sont conséquemment moins nombreux à poursuivre plus loin leurs études», note Mme Saint-Pierre.

Le féminisme a aussi joué un rôle «très important» dans cette tendance, estime-t-elle, puisque les filles sont fortement incitées à acquérir une formation qui leur permettra d'obtenir une place sur le marché du travail.

Le message n'est pas toujours aussi clair pour les garçons, note Mme Saint-Pierre, qui évoque de récentes études soulignant que, en milieux défavorisés, les filles seraient plus encouragées que les garçons à poursuivre leurs études.

«Il y a encore l'idée que les garçons vont bien s'en sortir même s'ils n'étudient pas trop longtemps», dit Mme Saint-Pierre, qui s'inquiète de ce qu'il adviendra des rapports entre hommes et femmes dans la société québécoise si l'écart en matière de formation continue de croître.

La question de la réussite scolaire des garçons nécessite une intervention «urgente», plaide enfin la présidente du CSE, qui se réjouit de constater que beaucoup d'acteurs du réseau de l'éducation se mobilisent actuellement à ce sujet. «La prise de conscience est là», dit-elle.


 

La Presse : Le point de vue d'un élève - Le jeudi 23 mai 2002

Claude Picher


Samedi dernier, dans cette chronique, je déplorais que l'obsession des taux de réussite imposés par le ministère de l'Éducation provoque, entre autres effets pervers, un abaissement des exigences et une dévaluation des diplômes décernés par les cégeps.

Je citais notamment l'exemple du cégep de Saint-Jérôme, qui a revu à la baisse ses critères de correction des examens de français.

Cette chronique m'a valu un abondant courrier. À quelques exceptions près, vous êtes unanimes à dénoncer cette situation. Une lettre de désaccord, en particulier, m'a profondément troublé.

Elle provient d'un ancien élève au cégep de Saint-Jérôme, et elle contient un témoignage accablant sur le rendement du réseau de l'éducation. C'est le genre de document qui mérite d'être reproduit intégralement, en espérant qu'il tombe sous les yeux du ministre et de ses hauts fonctionnaires.

Je n'ai strictement rien changé à cette lettre, pas une virgule, pas un signe de ponctuation, rien. La seule chose que je me suis permis d'omettre, c'est le nom de l'auteur, qui ne mérite pas d'être humilié en public.

À la première lecture, certains seront peut-être portés à sourire, d'autres à bondir d'indignation. Le texte grouille de fautes d'orthographe, de ponctuation et de syntaxe. La phrase est lourde et souvent nébuleuse.

Le raisonnement est laborieux. De toute évidence, l'auteur n'a même pas pris la peine de relire sa lettre, ne serait-ce que pour corriger les fautes de frappe. C'est un texte écrit par quelqu'un qui éprouve de la difficulté à communiquer efficacement.

Certes, il serait téméraire de conclure que l'auteur est représentatif. Il a deux semaines, j'ai fait partie du jury qui devait évaluer les 13 participants à la finale provinciale d'un concours d'art oratoire.

Organisé par le Cercle Entreprendre, le concours s'est déroulé, en un premier temps, dans une soixantaine d'institutions d'enseignement québécoises. C'est donc un vaste événement, et il fallait évidemment s'attendre à ce que les finalistes possèdent tous une maîtrise exceptionnelle du français parlé.

Malgré cela, j'ai été surpris; j'ai assisté cette soirée-là à des prestations qui ont largement dépassé mes attentes. Preuve que le réseau scolaire québécois est capable de grandes choses.

Cela dit, il ne faut pas s'attarder à la forme de la lettre que vous allez lire, mais à son message, qui prend par endroits des allures de cri de désespoir. Jugez-en par vous-même.

* * *

M. Picher

Suite à la lecture de votre chronique d'aujourd'hui je tien à vous faire remarqué certains points qui vous échappe et qui mine la crédibilité de votre analyse malgré le fait qu'elle soit sans fautes d'orthographes. En effet pour convaincre il ne faut pas seulement savoir s'exprimer mais bien avoir quelque chose de crédible à communiquer.

Premièrement je suis un ancien élève du cégep de St-Jérôme (94-97) est lorsque j'y étudiais c'estait 40% que l'on enlevais à cette époque, je suis content de voir que la mesure ait été révisé à 30%, ce qui m'aurais sûrement permis d'avoir mon diplôme. Pour ce qui est des cours de «français» il faut pousser l'analyse un peut plus loin.

En effet ce n'est pas parcequ'un cour à le nom de «français» qu'il enseigne les rudiments du français écrit. Les cours de français au cégep enseignent l'analyse littéraire. Ce cours a pour but de nous faire lire des textes de différentes époques et de nous sortir leurs idées de base.

Ce cour, comme tout les autres cours au cégep, n'enseigne pas la grammaire, l'orthographe ou la syntaxe, cependant pour je ne sait qu'elle raison on se permet dans ce cours d'enlever plus de points à ce qui attrait à la qualité du français écrit que dans les autres cours sous le simple prétexte qu'il s'agit d'un cour de français.

Dans les autres cours la règle est de 10% et je n'est jamais eu aucuns cours ou cette règle a été appliqué. Donc j'était relativement bon dans le cour de «français» mais lorsqu'on m'enlevais les fautes on me faisait échoué.

Il m'aura fallut 3 reprise de ce cour pour finalement le réussir (il m'en restait encore 3 à faire!), non pas car je ne comprenais rien de ce que l'on m'enseignais, au contraire je connaissait le cour par coeur à la fin, mais plutôt car j'avais en poche un diplôme d'études secondaire qui ne valait rein et où on ne m'avais pas appris correctement le français écrit.

En passant je ne savait pas plus écrit à la troisième reprise du cour mais je l'ai passé à 61%, allez savoir comment? Je trouve donc qu'il est malhonnête de pénalisé les élèves sur leurs fautes d'orthographe dans ses cours car le problème est ailleurs.

Lorsqu'on arrive au cégep on à un diplôme d'études secondaires (DES) en poche et c'est ce diplôme qui est sensé être la preuve que l'on sait lire et écrire, après tout ça fait 11 ans qu'on est sensé nous l'enseigne. Cependant en pratique un DES ne prouve rien car il y à une lacune dans le système qui fait que l'on sort du secondaire en ne sachant pas écrire correctement.

Le réseau collégiale à tellement confiance à la valeur du DES qu'ils m'ont fait passé une test de français afin de s'assurer que je méritait bien mon DES avant de d'admettre dans les cours régulier de français.

Comble de l'incompétence j'ai passé ses teste qui ont de tout évidences été conçus par les même gens qui ne nous apprennent rien au primaire et au secondaire car je l'ai passé et suis entré en «français» régulier sans suivre un cour de rattrapage.

Le problème est donc à la base et au lieu de l'identifier et de l'éliminer on se contente plutôt d'éliminé les mauvais éléments du système en leur exigeant des contraintes injustifié sans les aidé, i.e. en ne leur fournissant aucuns outils pour que ceux-ci puisse apprendre ce qu'il aurais du apprendre au primaire et au secondaire.

Si on nous apprenais à écrit au primaire et au secondaire il n'y aurais pas de problème au cégep et à l'université et on n'aurais pas à mettre des contrôles répressifs qui ne sont pas une solution au problème mais plutôt une façon de le camouflé et de ne pas prendre ses responsabilité en tant que société au lieu de mettre un effort en éducation, la où est le véritable problème.

Je sais que beaucoup de gens les examen et les évaluations sont très (trop) importante mais le but d'un système d'éducation n'est-il pas de nous faire apprendre des choses? Les test n'ont jamais rien appris à personne ils ne sont qu'un élément de contrôle de l'apprentissage et je trouve déplorable qu'on les utilises comme outil pédagogique comme dans votre analyse.


Photo Robert Nadon, La Presse

Jacques Désilets, président du conseil d'EDUCOLLEGE.COM: faire de la formation en ligne n'est pas aussi facile qu'on le pense...

 

La Presse : LA VIE AU TRAVAIL - EDUCOLLEGE.COM, un nouvel outil - Le lundi 27 mai 2002

Jacques Benoit


La formation en ligne, très à la mode, présente une difficulté à la fois toute simple et insoupçonnée, estime Jacques Désilets, directeur général du cégep de Sainte-Foy et président du conseil de la société EDUCOLLEGE.COM.

Difficulté à laquelle se sont heurtées beaucoup d'universités américaines, lesquelles, après avoir offert des cours sur Internet, y ont renoncé depuis.

«La difficulté, c'est qu'il faut que ça soit intéressant», disait-il il y a quelques jours dans une interview à La Presse, à l'occasion du lancement de l'entreprise, que viennent de fonder les cégeps John Abbott, de Sainte-Foy et du Vieux-Montréal.

Vérité de La Palice?...

Non pas. Le problème étant, explique M. Désilets en substance, que la lecture de textes sur écran peut devenir très rapidement fort ennuyeuse. Autrement dit, des cours donnés par l'entremise d'Internet doivent à tout prix retenir l'attention de ceux qui les suivent. Et pour cela, ils doivent être conçus en fonction de ce nouveau média.

«Avant de songer à former EDUCOLLEGE, il a fallu se renseigner sur les erreurs des pionniers, par exemple d'avoir mis des cours en ligne sans les adapter au média», dit-il.

Pour éviter cet écueil, les trois cégeps ont donc requis les services d'une firme -Theorix, du Nouveau-Brunswick- spécialisée, précisément, dans la gestion et la mise au point de contenus d'apprentissage s'adressant aux non-programmeurs.

Le mode de fonctionnement d'EDUCOLLEGE: elle offre de faire de la formation en ligne pour le compte d'organisations de toutes sortes, entreprises, associations professionnelles, etc. Et donc, à partir de leurs besoins, «de monter le cours avec eux».

«On leur dit: «On est des spécialistes de la formation. Et vous, quels sont vos besoins?» Les trois collèges veulent agir comme courtiers. Aller chercher les meilleures expertises du réseau collégial de 48 cégeps où qu'elles se trouvent. On ne se limite pas à nous trois.»

Dans chaque cas, et donc pour chaque sujet de formation, EDUCOLLEGE constituera une coentreprise avec le client, en vue de partager les risques et les bénéfices, comme elle est à le faire avec la Chambre d'assurances de dommages.

Les avantages pour le client, selon Jacques Désilets: la tâche leur sera simplifiée («les gens sous-estiment en général les difficultés de faire de la formation en ligne») et cela leur fera faire des économies.

«Faire venir des gens dans une autre ville pour 10-15 jours afin de les former, ça coûte cher», souligne-t-il.

Déjà, en puisant dans les ressources des services de formation continue des trois cégeps, EDUCOLLEGE dispose de nombreuses expertises: en assurance, dans les services financiers, la micro-informatique, l'électronique, la mécanique, l'infographie, etc.

Et elle est à faire du démarchage auprès de partenaires éventuels, tels les compagnies d'assurances l'Industrielle-Alliance et La Capitale, mais également les Villes de Montréal et de Québec, dont le problème, à la suite des fusions, est maintenant de «fondre des cultures différentes».

Les clients-partenaires de la société qu'ont fondée les trois cégeps devront avoir des besoins bien précis et que ces besoins soient «récurrents» pour pouvoir s'associer à EDUCOLLEGE, explique M. Désilets.

Pour ce qui est de la clientèle visée, elle sera forcément «disséminée sur le territoire», et devra «déjà avoir accès à des outils de formation», autrement dit à Internet.

«La facturation se fera par participant et par heure de formation, ajoute-t-il. Chaque fois, on établira ce qu'est le break even -pour parler latin-, puis ce qu'est le volume auquel on veut arriver, et enfin le tarif.»

Un tarif, précise-t-il, qui ne doit pas être trop élevé, d'où la nécessité d'un nombre suffisant de participants et d'heures de formation à leur donner.

«Précédemment, on pensait que les gens étaient prêts à payer n'importe quoi pour de la formation en ligne. Ce n'est pas le cas», dit-il.

La formation pourra être en français et en anglais, avec toute la souplesse qu'offre Internet: au rythme de chacun, à toute heure du jour ou de la nuit, etc.

Ce qui ne veut pas dire que tout se fera en ligne, puisque, par exemple pour les examens qui suivront, les participants auront à se présenter... en chair et en os.

«On fonctionnera en mode hybride, dit Jacques Désilets. Si on donne par exemple une formation sur le traitement de l'eau, on voudra s'assurer que les gens ont appris quelque chose, en se présentant physiquement aux examens. Pour s'assurer que ce n'est pas leur frère biologiste qui a répondu aux questions...»


La Presse : Le MEQ resserre la correction de l'examen de français de 5e secondaire - Le jeudi 30 mai 2002

Marc Thibodeau


Après avoir essuyé une montagne de critiques au fil des ans, le ministère de l'Éducation a finalement décidé cette année de réviser de fond en comble ses critères de correction pour l'épreuve unique de français écrit de 5e secondaire.

Les nouveaux critères, qui sont expliqués dans un récent document de la direction de la formation générale des jeunes obtenu hier par La Presse, visent notamment à éviter que des élèves puissent obtenir la note de passage sans maîtriser les rudiments de la langue.

Par le passé, plusieurs élèves qui multipliaient les erreurs d'orthographe et de grammaire en rédigeant le texte argumentatif demandé de 500 mots réussissaient l'épreuve en obtenant le maximum de points pour la qualité de leur discours ainsi qu'une fraction minime des points réservés pour la qualité de la langue.

Ils devront désormais «réussir» à la fois le volet discursif et le volet linguistique, chacun valant 50% de la note finale.

«Ainsi, un message sans équivoque est véhiculé auprès des élèves: la compétence à écrire repose à la fois sur la production d'un texte dont les idées sont pertinentes, claires et cohérentes, et sur le respect des règles du code linguistique.

Les deux aspects de la compétence sont considérés d'égale importance», indique le document du ministère.

La responsable de l'évaluation du français à la direction générale des jeunes, Linda Drouin, a indiqué hier que le ministère veut s'assurer qu'il n'y a plus d'échappatoire possible pour les élèves éprouvant des difficultés en français. «C'est un message clair que nous envoyons», dit-elle.

Le ministère n'a cependant pas encore défini quel seuil de réussite il entend retenir pour chaque volet. «On pourrait exiger 50 ou 60% des points tant pour le discours que la langue», a expliqué Mme Drouin, qui parle de la nécessité d'avoir des attentes «élevées mais réalistes» envers les élèves.

Dans le volet linguistique, le nombre de points disponibles pour le vocabulaire a été révisé à la baisse afin d'accroître l'importance de l'orthographe et de la grammaire, qui constituent les «principales faiblesses» des élèves.

«Avant, il y avait 12 points de pourcentage pour le vocabulaire et c'était très facile pour les élèves de les obtenir. Il n'y en a plus que cinq», indique Mme Drouin.

La double exigence du ministère relativement à la qualité du discours et de la langue ne s'appliquera qu'à compter de l'année prochaine, a-t-elle précisé, pour permettre aux élèves et aux enseignants de se «préparer en conséquence».

Les taux de réussite qui auraient été obtenus en utilisant un seuil de 50 ou 60% seront cependant calculés dès cette année par le ministère de manière à informer les écoles des résultats que leurs élèves auraient obtenus. «Nous allons rétro-informer les milieux», note Mme Drouin.

Le ministère a aussi décidé de revoir le déroulement de l'examen en diminuant le nombre de feuilles de référence pouvant être utilisées.

Normalement, les élèves étaient invités à lire, une semaine avant l'examen, des textes portant sur trois thèmes distincts. Ils pouvaient ensuite noter des arguments sur une feuille de référence pour chaque cas.

Cette année, un seul thème s'applique et une seule feuille de référence est permise. Le «contexte» du texte argumentatif n'est précisé que le jour de l'examen pour éviter que les élèves puissent rédiger leur texte à l'avance, note Mme Drouin.

Après avoir lu à l'avance sur le thème de la censure, les élèves ont appris au début de l'épreuve qu'ils devaient écrire comme s'ils s'adressaient à des directeurs d'école songeant à censurer des oeuvres culturelles.

«Les élèves doivent choisir les arguments pertinents dans ce contexte et produire un texte conséquent», note-t-elle.

Plusieurs enseignants avaient déclaré au cours des dernières années qu'il était facile pour les élèves d'utiliser les feuilles de référence de manière à préparer l'épreuve à l'avance. Certains s'étaient même vantés de disposer de recettes qui permettaient aux plus cancres de réussir haut la main.

Le ministère a songé à abolir carrément la feuille de référence, note Mme Drouin, mais l'hypothèse a été rapidement écartée. «Cette méthode a déjà été utilisée par le passé et nous nous sommes souvenus que ça donnait des textes avec une argumentation beaucoup moins riche», dit-elle.


 

Marie-Andrée Chouinard


Le processus de reddition de comptes lié aux plans de réussite des collèges sera balisé par des dispositions juridiques que le ministre de l'Éducation entend présenter à l'automne. «Il faudra que le résultat soit là», martèle Sylvain Simard, précisant que des mesures sont examinées par son ministère pour «assurer la pérennité de cette opération».

C'est ce qu'a souligné hier le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, interrogé peu après le dévoilement d'une analyse des plans de réussite des cégeps, présentée par la Commission de l'évaluation de l'enseignement collégial du Québec (CEEC). L'organisme gouvernemental, qui avait renvoyé l'ensemble des collèges à leurs devoirs au début de 2002, estime que 80 % des collèges ont présenté un plan de réussite complet, 20 % d'entre eux devant encore apporter des correctifs à leur plan d'action.

«[Ces 20 %] ont présenté des mesures intéressantes, mais leurs analyses ne sont peut-être pas assez précises pour qu'on soit en mesure de dire si ça va bien aller», a expliqué hier le président de la CEEC, Jacques L'Écuyer. Ainsi, on a demandé à certains collèges de mieux cerner les causes des échecs et des abandons scolaires.

L'objectif le plus spectaculaire lié aux plans de réussite est de propulser la moyenne de taux de diplomation des collèges de 61 % à 76 % avant 2010. Pour arriver à ces cibles quantitatives, les cégeps devaient présenter des mesures liées à leurs réalités particulières, concernant la transition entre le secondaire et le collégial, la motivation des élèves, les programmes et les méthodes pédagogiques.

Satisfait des plans de réussite qu'il a sous les yeux, le ministre Simard promet qu'un suivi rigoureux de ces plans d'action sera effectué. «Ce n'est pas un exercice futile, et je crois que tout le monde l'a compris, explique-t-il. S'il faut des rappels à l'ordre, nous les ferons.»

Dès l'automne, le processus d'existence même des plans de réussite au collège sera intégré à la Loi sur les cégeps, ne serait-ce que pour leur donner valeur légale, précise le ministre Simard. «Nous allons légiférer de façon à doter la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial du pouvoir d'assurer le suivi des plans de réussite», ajoute-t-il.

Comment effectuera-t-on cette reddition de comptes, qu'on a assortie par exemple à l'université -- avec les contrats de performance -- au versement conditionnel d'une partie du financement ? «Pour l'instant, rien n'est prévu, explique M. Simard, qui assure qu'on peut hausser les exigences de diplomation sans que la qualité en souffre. Sauf qu'il est évident que, dans une phase ultérieure, le résultat devra être positif.»

Cette reddition de comptes possible n'inquiète pas le président de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher, qui y voit une manière normale de se soumettre à l'analyse dans un contexte de gestion des fonds publics. «Il est trop tôt pour envisager ce qui adviendrait d'un collège qui n'atteindrait pas ses cibles. Mais s'il s'avère qu'une cible n'est pas atteinte, les collèges pourront expliquer pourquoi.»

Certains collèges ont présenté des mesures «novatrices» pour garantir l'atteinte de leurs objectifs de réussite. «On nous a parlé de réunions entre professeurs du secondaire et du collège, d'apprentissage par projets, et beaucoup de projets intègrent l'appui des parents», explique Jacques L'Écuyer.

Les cégeps proposent en outre au ministre de l'Éducation de voir à des cibles autres que quantitatives et qui seraient elles aussi garantes du succès d'un établissement. «Nous voulons soumettre au ministre des indicateurs différents», explique M. Boucher, ce à quoi le ministre se dit extrêmement «ouvert». Par exemple, le taux de satisfaction des employeurs pourrait donner un indice, outre le taux de diplomation, de la performance d'un collège.



Les trois principaux partis en lice pour les élections complémentaires s'entendent pour dire que l'éducation est un enjeu crucial pour la société québécoise. D'importantes divergences de vues existent cependant quant aux mesures qui s'imposent pour favoriser la réussite du plus grand nombre.

Photothèque La Presse

Depuis que les libéraux ont dégelé les droits étudiants au tout début des années 1990, plusieurs manifestations se sont tenues pour les geler de nouveau ou mieux, les réduire.

En témoigne éloquemment l'enthousiasme manifesté par l'Action démocratique du Québec (ADQ) pour les bons d'études, une formule de financement expérimentée aux États-Unis qui fait frémir tant le Parti québécois que le Parti libéral.

En vertu de cette approche, les parents reçoivent un bon d'un montant équivalent à la subvention que le gouvernement accorde normalement pour l'éducation de leur enfant. Ils peuvent ensuite le remettre à l'établissement, public ou privé, qui leur paraît le mieux placé pour prendre en charge sa formation.

Au dire de l'ADQ, la formule stimulerait la compétition entre les écoles et les forcerait à accorder plus d'attention aux besoins réels des élèves et des parents tout en donnant plus de latitude au personnel pour explorer d'autres voies de formation.

Une voie contestée

Après avoir relevé que les bons d'études sont utilisés «depuis plusieurs années» dans des États américains comme la Floride, la Californie et le Wisconsin, la formation de Mario Dumont affirme dans son programme que «tous s'entendent» pour dire que cette approche «a été non seulement bénéfique pour les familles mais aussi pour les écoles publiques et les communautés».

Le programme ne souffle mot du fait que ces initiatives, réalisées à petite échelle, suscitent en fait de profondes divisions aux États-Unis, où tenants et opposants brandissent des études à l'appui de leurs positions respectives alors que les contestations juridiques se multiplient.

En entrevue à La Presse, la porte-parole de l'ADQ en matière d'éducation, Patricia Saint-Jacques, une enseignante de 32 ans de Boisbriand, a indiqué cette semaine que le recours aux bons d'études était une «piste» et non une solution qui s'appliquerait d'emblée «mur à mur».

Le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, juge pour sa part que l'implantation des bons d'études mènerait à un système «discriminatoire» où les écoles les plus faibles seraient «abandonnées» à elles-mêmes. Le Parti libéral note de son côté que l'approche ne donne pas de résultats probants.

À défaut d'appuyer les bons d'études, ces deux partis s'entendent sur la nécessité de diversifier l'offre de formation dans le réseau public en soutenant la multiplication d'écoles à vocation particulière.

Ils veulent de plus favoriser la reddition de comptes. Le ministre Simard estime que les plans de réussite produits par les établissements, où sont consignés objectifs de réussite et statistiques, constituent une excellente façon de faire pression sur les écoles sans tomber dans les excès.

Les libéraux veulent évaluer

La formation de Jean Charest dit de son côté vouloir attribuer à chaque école un «bulletin» permettant d'apprécier sa performance. Le porte-parole libéral en matière d'éducation primaire et secondaire, Yvon Marcoux, affirme que le bulletin serait «nuancé» et comparerait les établissements similaires. «On ne veut pas comparer des pommes et des bananes», assure-t-il.

Les libéraux parlent aussi d'évaluer les enseignants, une mesure controversée dont les modalités d'application «demeurent à préciser», a indiqué M. Marcoux. Ils préconisent de plus l'instauration de primes à la performance, une mesure pour laquelle l'ADQ affiche aussi un intérêt, au dire de Mme Saint-Jacques.

Le PQ insiste de son côté sur la nécessité d'accroître l'encadrement des élèves pour assurer la réussite du plus grand nombre. M. Simard juge que le système actuel est «remarquablement efficace» mais qu'il laisse filer entre ses mailles trop d'élèves. Les deux autres formations parlent aussi de la nécessité de lutter contre le décrochage, en augmentant par exemple le nombre de professionnels disponibles pour soutenir les élèves.

En matière d'enseignement supérieur, les trois partis souhaitent soutenir la compétitivité du réseau avec ceux des autres pays occidentaux tout en assurant le maintien de services de qualité en région.

Le financement des universités

Leurs discours diffèrent cependant sur la façon d'assurer le financement des universités. Le porte-parole du Parti libéral en matière d'enseignement supérieur, Jacques Chagnon, note que son parti entend comparer le niveau de financement des universités québécoises avec celui des autres universités canadiennes avant de décider s'il y a lieu de procéder à un dégel des droits de scolarité alors que l'ADQ parle de les indexer en fonction de l'indice des prix à la consommation.

Le ministre Simard promet de son côté qu'ils demeureront gelés pour quatre ans de plus si le Parti québécois obtient un troisième mandat.

Son parti, dit-il, a clairement démontré l'importance qu'il accorde au réseau de l'éducation en ajoutant des centaines de millions dans ce secteur au cours des dernières années.

«Il faudra maintenir cet effort de réinvestissement à l'avenir même s'il est clair qu'une bonne partie de l'argent se trouve au niveau fédéral», conclut le ministre en reprenant le thème du déséquilibre fiscal avec Ottawa, un sujet sur lequel les trois formations en lice font preuve d'une plus grande harmonie qu'en éducation.