Bureau : (514) 396-3320, Cell. : (514) 707-3320,
labergem@fecq.org
La
Presse : La FEUQ promet une vive opposition à tout dégel des frais de
scolarité
Le
Devoir : Pour un dégel contrôlé - Le jeudi 17 janvier 2002
Montreal Gazette: Legault backpedals
on tuition - Thursday, January 17, 2002
Le
Soleil : Tollé étudiant - Le jeudi 17 janvier 2002
Le
Soleil : éditorial : temps de dégel ? – 17 janvier 2002
Le
Devoir : Droits de scolarité : un débat s’impose, dit Jean Charest –
17 janvier 2002-10-06
Montreal Gazette : Students vow to
fight raise in tuition fees - - Monday, January 21, 2002
Journal de Montréal: Les étudiants se
mobilisent contre le dégel de frais – 21 janvier 2002-10-06
Le Devoir : Dégel des frais de
scolarité : Les étudiants se mobilisent – le 21 janvier 2002
The Gazette: Higher tuition fees will
spell lower quality Tuesday, March 26, 2002
Montreal Gazette- Raising tuition is
quick-fix solution - Wednesday, March 27, 2002
Le
Devoir : Ralentir la cadence – 28 mars 2002
Métro :
Le ministère de l’Éducation vise la réussite éducative – 28 mars 2002
Le
Soleil : Lutte au décrochage et éducation des adultes - Le jeudi 28 mars 2002
Le
Devoir : Philosopher au cégep - Le samedi 30 mars 2002
Le Devoir : Avis du
Conseil supérieur de l'éducation: L'obsession de la réussite nuit aux cégépiens
Le Soleil : 15 millions pour aider
les cégeps en région à garder leur clientèle – 12 avril 2002
Le Soleil : Fausse alerte au cégep
- Le vendredi 12 avril 2002
Métro : 15 Millions pour les
cégeps - 12 avril 2002
Métro : Des sous qui arrivent à
point en région - 12 avril 2002.
Le Soleil - Les cégeps en région en
2010: un tiers des étudiants en moins - Le lundi 15 avril 2002
Le Devoir- Un réseau à
repenser - Le mardi 16 avril 2002
Métro, Moins d’étudiants - 16 avril 2002
La Presse : Première femme à la
direction de McGill - Le mercredi 17 avril 2002
Le Soleil : Les profs de cégep
dénoncent l’obsession des diplômes – 25 avril 2002
Le Soleil : Cégep de
Rimouski : 5$ de plus pour la quote-part étudiante – le 25 avril 2002
Métro : Diplôme collégial - 25
avril 2002
Métro : les étudiants ne lâchent
pas prise - 29 avril
Le Soleil : Contre l'habilitation des
collèges à décerner les diplômes - Le mardi 30 avril 2002
Le Devoir : Les filles en
tête - Le mardi 30 avril 2002
Le Devoir : École publique
- «L'approche client» fait son chemin - Le mercredi 01 mai 2002
Le Devoir : Prêts : les
étudiants à temps partiel désormais admissibles - 1er mai 2002
La Presse : Les prêts et bourses
ouverts aux étudiants à temps partiel - Le mercredi 01 mai 2002
Le Devoir : Problème
d'image? - Le vendredi 03 mai 2002
La
Presse - Dérapage à Saint-Jérôme - Le samedi 18 mai 2002
La Presse : Accès aux études supérieures:
les femmes loin devant - Le mercredi 22 mai 2002
La Presse : Le point de
vue d'un élève - Le jeudi 23 mai 2002
La Presse : LA VIE AU TRAVAIL - EDUCOLLEGE.COM,
un nouvel outil - Le lundi 27 mai 2002
La
Presse : Le dégel des droits de scolarité au cœur des débats – mardi 11
juin 2002
QUEBEC, le 16
janv. /CNW/ - Madame Isabelle Merizzi, présidente
sortante de la Commission-Jeunesse du Parti libéral
du Québec, dénonce le ministre de l'Education, monsieur François Legault, pour son manque total de clarté dans le dossier
des droits de scolarité, ce qui fait en sorte que les étudiants ne savent pas à
quoi s'en tenir dans les prochains mois. "Le gouvernement péquiste nous a
habitué à des gestes incohérents mais cette fois-ci, ça
dépasse toute commune
mesure."
La Présidente de la Commission-Jeunesse
rappelle que le Parti libéral du Québec a une position limpide sur ce sujet :
le maintien du gel des droits de scolarité jusqu'à ce qu'une vaste étude sur le
financement des universités
soit effectuée
dans une perspective d'écoute de tous les intervenants et du maintien de l'accessibilité
aux études universitaires. "Monsieur Charest a
réitéré cet engagement devant la Fédération Universitaire du Québec réunie à
Sherbrooke au
mois de novembre dernier et entend respecter sa parole."
Enfin, madame Merizzi
souhaite que la volonté du ministre de tenir un débat soit bien réelle et qu'il
ne s'agisse pas en réalité, d'une tentative de manipuler les étudiants afin de
relancer la popularité du Parti Québécois en
promettant au bout du
compte le gel complet des droits de scolarité durant le mandat. "Les
étudiants ne sont plus dupes et en ont assez de monter aux barricades pour
sauver l'image du ministre Legault. Le Parti libéral
du
Québec, quant
à lui, est prêt à tenir un débat et il s'y est engagé. Ce dont le PLQ se
préoccupe le plus, c'est la qualité et l'accessibilité du diplôme
universitaire", a conclu la porte-parole de la Commission-Jeunesse.
-30-
Renseignements: Nicolas
Rochette, Coordonnateur aux communications,
Commission-Jeunesse du Parti
libéral du Québec, (418) 688-8910,
1-800-463-4575
MONTREAL, le 16 janv. /CNW/ - "Garantir
l'accessibilité aux études c'est d'abord assurer le gel des frais de scolarité
!" c'est en ces termes que Mme Andrée Mayer-Périard,
présidente de la Fédération étudiante universitaire
du Québec (FEUQ)
a accueilli les propos tenus par M. François Legault.
"Dans une économie du savoir, il
importe que l'on fasse de l'accessibilité aux études une priorité pour
permettre aux jeunes d'intégrer le marché du travail", souligne Mme Mayer-Périard. En effet, 59 % des nouveaux emplois créés en
l'an 2000 exigent un diplôme universitaire.
Quant à la solution préconisée par M. Legault d'ajuster le système de prêts et bourses en
conséquence, la FEUQ tient à rappeler que le nombre d'étudiants ayant contracté
une dette d'études de plus de 15 000 $ a augmenté
de 100 % depuis
1994. "Il est donc impératif de bonifier le système actuel de prêts et
bourses ainsi que les modalités de remboursement des dettes d'études afin de
permettre aux étudiants de réussir leurs études, clame la présidente de la
FEUQ, et le gel des frais de scolarité demeure une condition essentielle à
l'accessibilité aux études et à une telle réforme."
Il est encore étonnant qu'un ministre du
gouvernement du parti québécois, après avoir reconnu l'importance de
l'éducation, en décembre dernier, puisse tenir de tels propos. Mme Mayer-Périard affirme que "les étudiants auront ce
sujet à l'ordre du jour à leur Congrès qui se déroulera samedi et dimanche
prochains à Trois-Rivières."
La FEUQ ne craint aucun débat sur le gel
des frais de scolarité. "Nous avons toutes les études nécessaires pour
démontrer de façon éloquente la nécessité du gel des frais de scolarité"
conclue la présidente de la FEUQ.
-30-
Renseignements:
Farouk Karim - FEUQ, (514) 396-3380
MONTREAL, le
16 janv. /CNW/ - La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) réagi très
négativement aux propos tenus ce matin par le Ministre de l'Education, qui
souhaite faire un nouveau débat sur le gel des
frais de scolarité.
La Fédération tient à rappeler au gouvernement ses engagements électoraux
concernant le gel et croit que l'émergence d'un tel débat à ce moment-ci est
prématurée.
"Nous excluons tout débat avant la prochaine
campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault
doit faire de même. Ce sera certainement mieux ainsi pour son
gouvernement!" lance Martin Simard, président de
la FECQ.
La FECQ croit cependant que l'hésitation du
ministre de l'Education relativement au gel lors d'un troisième mandat est
symptomatique de l'usure du gouvernement. "Le gouvernement utilise les
mêmes vieilles méthodes. Il met le feu aux poudres pour éclipser d'autres
enjeux et réaliser son agenda politique. Ce sont des stratégies de gouvernement
usé par le pouvoir." Décrie monsieur Simard.
La FECQ rappelle que plusieurs dossiers
font l'objet d'un consensus au sein du milieu de l'Education, notamment
l'abolition du processus d'habilitation. "Nous sommes au rendez-vous pour
régler les vrais problèmes de l'Education, pas pour les créer." conclu
Martin Simard.
-30-
Renseignements: Mathieu Laberge, Directeur des communications FECQ,
PAR ROLLANDE PARENT
MONTREAL (PC) - En soulevant la question d'un possible
dégel des frais de scolarité dans un éventuel troisième mandat péquiste et en
dénonçant le déséquilibre entre les dépenses gouvernementales en santé et
celles en éducation, le ministre de l'Education, François Legault,
a déclenché une série de réactions, dont la vigueur a semblé le surprendre.
Non seulement ces réactions sont-elles venues du chef
du Parti libéral du Québec et de la Fédération étudiante collégiale du Québec
(FECQ) mais également de sa collègue vice-première
ministre, Pauline Marois.
"Legault ouvre la porte
au dégel des frais de scolarité" titrait Le Devoir mercredi. "Le
ministre veut rester à l'Education mais croit qu'il faut revoir le financement
des soins de santé", était-il écrit en sous-titre.
Il n'en fallait pas davantage pour que le ministre soit
pressé de s'expliquer dès sa première apparition publique mercredi. "A
l'heure actuelle, il n'est pas question de dégeler les frais de scolarité. On a
pris un engagement lors de la dernière campagne électorale de maintenir les
frais de scolarité universitaire au niveau où ils sont actuellement pour toute
la durée du mandat. Il y a respect de cet engagement", a soutenu le
ministre.
Se référant à l'article en question, le ministre a tenu
à préciser qu'on lui avait demandé si, dans la prochaine plateforme électorale,
on prendrait des engagements concernant le gel des frais de scolarité.
"J'ai dit que, pour l'instant, il était prématuré de répondre à cette
question et que je ne pouvais ni confirmer ni infirmer", a fait valoir le
ministre.
Le ministre s'est cependant bien gardé de revenir sur
ses propos voulant qu'un débat sur la question des frais de scolarité
universitaire devait se tenir. Il a plutôt parlé de la
nécessité de débattre de deux autres questions: le déséquilibre fiscal entre
Québec et Ottawa et le financement des soins de santé.
"On sait qu'avec le vieillissement de la
population et le coût croissant des médicaments et des nouvelles techniques, on
a une croissance des dépenses de santé qui est plus grande que la croissance
des revenus.
"Il ne faut pas négliger les autres missions,
incluant l'éducation. On pourrait ajouter la famille, l'innovation. Il y a des
secteurs dans lesquels on doit continuer d'investir", a-t-il ajouté.
Interrogée sur la question, la vice-première
ministre Marois a, sans équivoque, fermé la porte aux
suggestions du ministre Legault. "Le
gouvernement du Québec a réussi depuis des années à maintenir un équilibre dans
les budgets accordés tant à l'éducation, qu'à la santé ou à d'autres missions
de l'Etat. Je crois que c'est cet équilibre qu'il faut chercher à
maintenir", a déclaré Mme Marois.
"Nous avons le devoir de réfléchir à de nouvelles
stratégies à l'intérieur de chacune des missions", a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le président de la Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ), Martin Simard, a indiqué
qu'il s'opposait à ce que la question des frais de scolarité soit discutée
d'ici les prochaines élections.
"Nous excluons tout débat avant la prochaine
campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault
doit faire de même", a-t-il dit. La FECQ a dit croire que l'hésitation du
ministre relativement au gel lors d'un troisième mandat est "symptomatique
de l'usure du gouvernement".
Pour sa part, le chef de l'Opposition Jean Charest a rappelé qu'une résolution adoptée par sa
formation au Conseil général du printemps 2001 au Mont-Tremblant
préconisait, outre le gel, un débat en commission parlementaire sur la
question.
"Pour le Parti libéral du Québec, il n'est
vraiment pas question de renier son engagement de maintenir le gel des frais de
scolarité avant que les élus ne se soient penchés sur la question de tout le
financement du système d'éducation à l'occasion d'une commission
parlementaire", a affirmé M. Charest.
Mario Cloutier
François Legault ouvre la
porte à un dégel des frais de scolarité universitaires à la suite d'un débat
qui se tiendrait à ce sujet. Lors d'une entrevue éditoriale au Devoir, le
ministre de l'Éducation n'a pas pu s'engager formellement au maintien du gel
des frais de scolarité au cours d'un éventuel troisième mandat du PQ. Son gouvernement a souvent tergiversé à ce sujet mais a
réussi à garder les frais de scolarité les plus bas au pays depuis son retour
au pouvoir, en septembre 1994.
«Ce qu'on va
s'assurer de faire, c'est de maintenir l'accessibilité. Comment on fait pour
s'assurer que tout jeune qui a le goût de compléter une formation universitaire
soit capable de le faire? On va s'en tenir à ça pour l'instant», a expliqué M. Legault.
Le ministre de l'Éducation et de l'Emploi pense qu'il
est temps de tenir un débat sur les frais de scolarité. Il estime qu'une hausse
des frais aurait des impacts négatifs sur l'accessibilité aux études, ce qui,
reconnaît-il, pourrait tout de même être compensé par des ajustements au
système de prêts et bourses.
Se posant en défenseur de «l'accessibilité avant tout»,
il ajoute cependant que les revenus totaux des universités québécoises sont
supérieurs à ceux des institutions canadiennes. Dans ce cas, dit-il, le
maintien du gel des frais de scolarité «ne serait pas un drame» non plus.
Reprenant son cheval de bataille du Sommet du Québec et
de la jeunesse, en l'an 2000, le ministre Legault
demande par ailleurs une hausse de ses crédits.
«La clef du développement de la société québécoise
passe par l'éducation. On a de bons résultats au Québec. On investit beaucoup per capita, mais on a intérêt à
en mettre davantage. [...] On ne se trompe pas en investissant dans
l'éducation.»
Le budget québécois doit être revu, selon lui, en
tenant compte du déséquilibre fiscal canadien et des surplus du gouvernement
fédéral, mais aussi des dépenses vertigineuses en soins de santé au Québec. Il
en fait une question «d'équité entre les générations».
M. Legault espère poursuivre
le travail entrepris en Éducation après le remaniement ministériel prévu dans
quelques semaines. Cela ne l'empêche pas de demander un débat qui mettra dans
la balance les dépenses effectuées en santé par rapport aux investissements
rentables que représente l'éducation.
«On a un débat à
faire sur la santé. Quels services est-on capables de se payer? Quel
pourcentage du PIB est-on prêt à y consacrer? Il ne faut pas que toutes les
marges de manoeuvre aillent à la Santé.»
Il craint notamment la croissance des coûts des
médicaments et des nouvelles techniques utilisées. Le ministre Legault souligne la hausse beaucoup plus rapide des
dépenses en santé que celle des revenus du gouvernement.
«Qui va payer,
en bout de ligne? Il ne faut pas que ce soit au détriment des autres missions
de l'État.»
Pour la nouvelle année, M. Legault
s'est donné trois objectifs: l'amélioration de l'imputabilité des réseaux, la
lutte contre le décrochage scolaire en milieu défavorisé et un plan d'action en
formation continue. Défi de taille et méconnu, il vise le «raccrochage» de deux
millions d'adultes québécois de moins de 65 ans, dont 200 000 de moins de 30
ans, qui n'ont pas terminé leur secondaire V.
«Dans une
société du savoir, ça devient prioritaire de travailler là-dessus.»
Avec ce nouveau programme, la priorité ira aux
sans-emploi, aux bénéficiaires de l'aide sociale et aux sans chèque. Désormais
responsable de l'Emploi en plus de l'Éducation, le ministre Legault
pense qu'il faut revoir la collaboration entre les Centres locaux d'emploi
(CLE) et les commissions scolaires.
«Je veux qu'on
revoie un par un les programmes d'Emploi-Québec pour
améliorer la formation de base d'ici deux ou trois ans.»
Les programmes de formation devront être adaptés,
pense-t-il, notamment en ce qui a trait à leur souplesse. M. Legault croit qu'il faudra rejoindre les adultes où ils se
trouvent en utilisant les groupes d'éducation populaire et en se déplaçant dans
les entreprises. Une campagne d'information sera également mise sur pied.
Ce plan d'action de quatre à cinq ans en formation des
adultes se financera avec une partie du budget de 200 millions des engagements
financiers du Sommet de la jeunesse, la majeure partie de ces investissements
additionnels allant d'abord au décrochage scolaire.
Mais là aussi, les impôts québécois qui dorment à
Ottawa devront éventuellement être récupérés. Et il prévient déjà le
gouvernement fédéral contre toute nouvelle intrusion dans ce domaine de
compétence provinciale.
«Il faut voir où
on va mettre cet argent et il faut craindre le pire. On a vu dans le passé les
Bourses du millénaire et les chaires fédérales dans les universités.»
Les plans de réussite des écoles et des cégeps du
Québec pourraient bientôt être encadrés par une loi «avec des dents». Cet outil
permettrait ainsi au gouvernement de mettre au pas les établissements qui ne
remplissent pas leurs objectifs en matière de diplomation.
C'est ce qu'a révélé hier le ministre de l'Éducation,
François Legault, en entrevue éditoriale au Devoir.
«J'ai des [fonctionnaires] qui, à l'heure actuelle, travaillent là-dessus»,
a-t-il indiqué. «Donnons-nous la chance au moins d'essayer d'améliorer la
situation dans les cégeps où cela ne va pas bien. Mais si les gens ne se
prennent pas en main, je n'exclus pas, dès ce printemps - autant au niveau des
commissions scolaires que des cégeps -, de me donner un projet de loi où on
aurait les dents pour agir quand c'est nécessaire d'agir.»
Le ministre souligne qu'il pourrait également utiliser
une autre stratégie pour forcer les établissements à respecter leur plan de
réussite. «J'ai déjà un pouvoir très fort qu'il faut utiliser avec parcimonie,
et c'est le devoir de transparence. Si, demain matin, je dis publiquement que
tel cégep ou telle commission scolaire a des résultats inacceptables et un très
mauvais plan de réussite, la pression va être très forte. Et je n'ai pas besoin
d'un projet de loi pour cela. Nous ne sommes pas rendus là, et il faut faire
attention, mais on peut utiliser la reddition de comptes publique pour susciter
une action.»
Et M. Legault n'a pas ménagé
les dirigeants des cégeps de la province. «C'est le réseau dans lequel il y a
le plus de travail à faire. J'ai demandé aux 48 collèges publics de préparer un
plan de réussite. J'ai même demandé que les 48 plans soient refaits parce que
je trouvais qu'on n'était pas assez ambitieux, entre autres, avec les taux de diplomation.» Il précise qu'il rencontre chaque semaine des
représentants d'un cégep ou d'une commission scolaire où la mise en forme de
ces contrats traîne la patte.
Dans le réseau collégial, 55 % des étudiants décrochent
leur DEC. Pour la formation technique, moins de 49 %
obtiennent leur diplôme cinq ans après le début de leurs études. François Legault reconnaît qu'il faut valoriser la formation
professionnelle car 20 % des cégépiens finissent par compléter un DEP.
Secondaire
Il rejette cependant la rhétorique de certains voulant
que les élèves fraîchement diplômés du secondaire soient trop faibles pour
réussir au cégep. «Arrêtons de dire qu'au secondaire, ça ne va pas bien. Ça va
très bien quand on se compare aux autres pays de l'OCDE. Les cégeps qui disent
que la clientèle qui arrive du secondaire n'est pas assez forte ou mal
préparée, je leur réponds qu'on est avec les deux ou trois meilleurs pays au
monde, comme le Japon et la Corée.»
«Quand on fait le diagnostic pour savoir pourquoi un
cégep n'a pas un bon taux de diplomation, eh bien, on
ne peut pas ignorer le personnel, ajoute M. Legault.
Et je parle autant de la direction du collège que du personnel enseignant. Il
faut se poser des questions de ce côté et il faut agir. Il y a des débats qu'on
peut entamer, mais il y a des débats qu'il faudra continuer dans le cadre des
prochaines négociations de conventions collectives.»
Équité salariale
Le ministre a également espoir d'en venir à une entente
au cours des prochaines semaines dans le dossier de l'équité salariale. Et il
semble prêt à mettre de l'eau dans son vin. En effet, il veut négocier avec la
Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ)
pour augmenter non plus le nombre d'heures en classe mais bien le nombre
d'heures que les enseignants passent auprès des élèves à l'école.
«Il faut trouver comment faire pour avoir plus de temps
de façon systématique à l'école en échange d'une rémunération plus élevée des
enseignants», a expliqué le ministre. Il répète que la négociation se fera
selon le principe du «donnant donnant».
Lorsqu'il parle d'accroître le temps de présence des
enfants à l'école, François Legault veut absolument
que les enseignants fournissent des services supplémentaires. Ceux-ci
pourraient prendre la forme d'aide aux devoirs, d'activités sportives et
culturelles, voire de rencontres individuelles plus nombreuses avec les
parents.
«Au primaire, par exemple, on veut réduire de façon
importante le redoublement. Un enfant qui en temps normal aurait redoublé avant
la réforme et ne redouble pas, il a peut-être besoin [...] de récupération ou
d'aide aux devoirs et aux leçons. Ça peut être en dehors des heures de classe,
mais quand même, ça pourrait être à propos. Aussi important, sinon plus, que de
hausser le temps d'enseignement», dit le ministre.
«C'est la même chose avec le suivi individualisé des
élèves, reprend-il. [...] Je travaille sur un plan d'action dans les milieux
défavorisés et je dirais qu'une partie importante du travail qu'il y a à faire
auprès de ces enfants ne touche pas à l'approche pédagogique. Ça touche des
problèmes de détresse humaine, des jeunes qui consomment [de la drogue], qui
ont des problèmes familiaux, des problèmes à la maison. Il faut créer un
sentiment d'appartenance à l'école.»
Presse Canadienne
Montréal
La Fédération étudiante universitaire du Québec promet
de s'opposer farouchement à tout dégel des frais de scolarité dans les
universités et n'écarte d'emblée aucun moyen de pression pour faire valoir son
point de vue.
Le ministre de l'Éducation, François Legault, a indiqué lors d'une
entrevue au quotidien Le Devoir qu'il
n'écartait pas cette possibilité à moyen terme
La Fédération conteste l'affirmation du ministre à
l'effet que l'accessibilité pourrait être maintenue malgré un dégel grâce à une
bonification du régime de prêts et bourses. Selon la FEUQ, cette approche
n'aurait d'autre effet que d'accroître l'endettement étudiant.
De plus, elle fait valoir que plusieurs étudiants ne sont pas admissibles à
l'aide financière et qu'une hausse des frais de scolarité ne ferait que
restreindre davantage l'accessibilité pour ces étudiants.
S'attaquant à un sujet tabou au sein de son
gouvernement, le ministre de l'Éducation, François Legault,
vient d'ouvrir la porte à une éventuelle hausse des droits de scolarité. Il
faut saluer cette ouverture. Un débat s'impose, cela est certain, quant à la
pertinence de maintenir à leur niveau actuel les droits de scolarité à
l'université, inchangés depuis près de dix ans.
Après avoir dit à plusieurs reprises mardi, en entrevue
au Devoir, qu'il croit le temps venu de tenir un débat sur les droits de
scolarité, M. Legault a mis la pédale douce hier en
répétant que toute prise de position sur cette question serait «prématurée».
Mais elle resurgira, n'en doutons point. Il est difficile de défendre sans plus
de discussion le gel permanent au moment même où le financement de nombreux
programmes est remis en question. Même les garderies à 5 $ par jour, fleuron
par excellence d'un gouvernement qui aime se dire social-démocrate, ne sont pas
assurées de pérennité.
Dans ce contexte, et à plus forte raison lorsque le
ministre en question n'a de cesse de répéter que la santé rongera bientôt une
trop grosse part du budget de l'État, il serait logique de débattre de la
pertinence du gel des droits, qui s'établissent à 1668 $ par année et qui sont
en moyenne deux fois plus bas que dans le reste du pays.
La majorité des recteurs du Québec, qui réclamaient
bruyamment une hausse des droits il y a à peine trois ans, se sont calmés
depuis que le gouvernement a accru ses subventions à l'enseignement supérieur.
Cependant, encore aujourd'hui, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un
ajustement. La Fédération étudiante universitaire du Québec voit évidemment les
choses d'un autre oeil et les propos du ministre de l'Éducation donneront le
ton à son prochain congrès, qui se tient ce week-end. On se rappelle que la
FEUQ avait vu le jour pour combattre la hausse salée imposée par le ministre
libéral Claude Ryan au tournant des années 90. Le maintien des droits à leur
niveau actuel revêt donc un aspect quasi mythique pour la fédération étudiante.
Malheureusement, les arguments qu'elle sert pour se défendre s'apparentent à un
entêtement irréaliste.
Non pas qu'il faille remettre en cause le principe de
l'accessibilité à l'enseignement supérieur. Tout le monde s'entend sur cet
objectif fondamental de société. Mais il faut se demander si la démocratisation
de l'accès à l'université passe nécessairement par la quasi-gratuité. Un débat
sur cette question permettrait d'apporter un éclairage nouveau sur le lien
entre les coûts d'entrée à l'université et son accessibilité, surtout au sein
des milieux moins favorisés.
Il va par ailleurs de soi qu'un débat sur les droits de
scolarité doit être élargi au système de prêts et bourses, au type
d'accompagnement que l'État peut fournir à ceux qui n'ont pas les moyens de
financer leurs études. Le Québec a longtemps tiré de l'arrière en matière
d'éducation supérieure, et personne ne désire revivre cette triste époque.
Cependant, d'un autre côté, mieux vaut se diriger
lentement vers une hausse de droits contrôlée et raisonnable plutôt que de
risquer un dégel brutal lorsque la situation économique redeviendra difficile.
Cette dernière option heurterait à coup sûr les étudiants les moins fortunés.
Et le Québec ne désire pas emprunter cette voie dans laquelle l'Ontario s'est
engagée.
Le gouvernement ne voudra peut-être pas affronter les
associations étudiantes sur cette question, pas plus que les libéraux
d'ailleurs, favorables au gel. Mais à moyen terme, une telle attitude
desservirait ceux-là mêmes qu'on aurait tenté d'amadouer, pour des raisons de
nature électorale.
ALLISON HANES,
François Legault
could barely utter the words "tuition" and "unfreeze" in
the same sentence yesterday without university students pouncing on his words
and denouncing the possibility.
During a public appearance at
the UniversitÈ de MontrÈal,
the education minister backed quickly away from comments made a day earlier
that the government might open a debate on lifting the eight-year fee freeze
after the next election.
"There are no studies of
any kind of lifting the freeze," Legault said
yesterday. "It would be premature at this moment to talk about what we
might do in our next mandate."
But his backpedaling
didn't stop students from showing what any government who tried to hike the
lowest fees in the country would face.
"We don't want a
debate," said AndrÈe Mayer-PÈriard,
president of the FÈdÈration ?tudiante Universitaire
du QuÈbec. "For us
it's clear: accessibility is the tuition freeze."
The federation has hired an economist
to assemble the facts and figures, she said, and vows to make maintaining the
fee freeze an issue in the next provincial election.
Quebec-resident students pay an
average $1,668 for an undergraduate arts degree - far less than the national
average and half of what it costs
"The student movement is
going to protest," said Jeremy Farrell, president of the Student Society
of McGill University.
Lower tuition means students
don't graduate with $25,000 loans, credit-card debt and a high risk of
defaulting - experiences their counterparts elsewhere in
With rising rents in
Studies show that each
percentage increase in tuition corresponds with a 0.07-per-cent increase in the
drop-out rate, said BenoÓt Riopel,
secretary-general of the UniversitÈ de MontrÈal student union.
Liberal higher-education critic
Jacques Chagnon said his party has pledged not to
make any decisions on tuition fees until a parliamentary commission
investigates the wider issue of university funding.
It would be a shame if
"Participation rates of
students from middle- or lower-income families have been declining," he
said. "It's a direct impact of rising tuition."
But money has to come from
somewhere for universities to keep class sizes small, attract and keep skilled
faculty, compete for students and stay on the cutting edge of research and
classroom technology, said Concordia University rector Frederick Lowy.
"If there's not more
government money available, you either increase tuition or you deal with the
consequences of underfunding," he said.
"I'm not for raising tuition fees per se. I'm talking about a means to an
end to balance accessibility to quality of education."
Michèle LaFerrière, Le Soleil, Québec
Le possible dégel des frais de
scolarité évoqué par le ministre de l'Éducation François Legault
a suscité de vives réactions d'opposition dans le milieu étudiant.
Dans le Devoir d'hier, le ministre se déclarait ouvert
à un débat sur la question, tout en refusant de s'engager au maintien du gel
des frais de scolarité au cours d'un éventuel troisième mandat du Parti
québécois.
Selon la Fédération étudiante universitaire du Québec
(FEUQ), l'accessibilité aux études passe d'abord par le gel des frais de
scolarité. Et le ministre de l'Éducation a beau préconiser l'ajustement du
système de prêts et bourses à un éventuel dégel des frais de scolarité, « le
régime d'aide financière a déjà besoin d'être amélioré », fait valoir la
présidente de la FEUQ, Andrée Mayer-Périard.
Ainsi, dit-elle, en vertu du régime d'aide financière,
les étudiants ont droit à des frais de subsistance de 5 $ par jour pour la
nourriture. Et aucun montant n'est prévu pour le transport de ceux qui
n'habitent pas chez leurs parents. « Le gouvernement considère qu'ils devraient
demeurer près du lieu de leurs études, souligne-t-elle. Et il surévalue la
capacité des parents de payer pour leurs enfants. »
La FEUQ rappelle que le nombre d'étudiants ayant
contracté une dette d'études de plus de 15 000 $ a augmenté de 100 % depuis
1994. « Plus un étudiant s'endette, plus son insertion sociale et
professionnelle est difficile », mentionne Andrée Mayer-Périard.
« Le financement des universités n'est pas lié aux
frais de scolarité, croit-elle. Le gouvernement pourrait très bien se
désengager d'autant. Ce n'est pas dans les poches des étudiants qu'il lui faut
chercher de l'argent. » Et de toute façon, s'il augmente les frais de
scolarité, le nombre d'étudiants diminuera.
La FEUQ rappelle au ministre Legault
que le chef du Parti libéral, Jean Charest, s'était
engagé, en novembre, à maintenir le gel des frais de scolarité.
La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)
juge prématuré un débat sur le gel des frais de scolarité. « Nous excluons tout
débat avant la prochaine campagne électorale et nous croyons que le ministre Legault doit faire de même », soutient Martin Simard, président de la FECQ.
« Le gouvernement utilise les mêmes vieilles méthodes,
poursuit-il. Il met le feu aux poudres pour éclipser d'autres enjeux et
réaliser son agenda politique. Ce sont des stratégies de gouvernement usé par
le pouvoir. »
Pour Arpi Hamalian,
présidente de la Fédération québécoise des professeurs d'université, « l'accès
à l'université doit être libre pour tous les citoyens qui se qualifient pour y
entrer ». Dans un monde idéal, les frais de scolarité devraient être
inexistants, comme en France ou dans les Pays-Bas, « où les taux de réussite
sont beaucoup meilleurs qu'ici », insiste-t-elle. « En Angleterre, où on a
augmenté les frais de scolarité il y a quelques années, certaines universités
pensent à revenir à la gratuité », affirme-t-elle.
Dans la même foulée, elle s'insurge contre les frais
plus élevés imposés par les universités aux étudiants étrangers. Elle constate
que pour eux, le Québec n'hésiterait pas à « s'en aller vers un dégel ». À ses
yeux, il y a une contradiction entre l'économie du savoir prônée
par le gouvernement et un accès à l'université rendu de plus en plus difficile.
L'État ne doit pas se désengager, répète-t-elle.
Pressé de s'expliquer dès sa première apparition
publique, hier, François Legault a mentionné qu'il
n'était pas question, à l'heure actuelle, de dégeler les frais de scolarité. «
On a pris un engagement lors de la dernière campagne électorale de maintenir
les frais de scolarité universitaire au niveau où ils sont actuellement pour
toute la durée du mandat. Il y a respect de cet engagement », a-t-il soutenu.
La vice-première ministre
Pauline Marois a fermé la porte aux suggestions du
ministre Legault. « Le gouvernement a réussi depuis
des années à maintenir un équilibre dans les budgets accordés tant à
l'éducation qu'à la santé ou à d'autres missions de l'État. Je crois que c'est
cet équilibre qu'il faut chercher à maintenir. »
(Avec la Presse canadienne)
Marc Thibodeau
Le Parti québécois trouvera
les étudiants sur son chemin s'il s'avise de revenir sur sa décision de geler
les droits de scolarité.
Tant la Fédération étudiante collégiale du Québec
(FECQ) que la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont prévenu
hier qu'un éventuel dégel serait inacceptable puisqu'il aurait un effet marqué
sur l'accessibilité aux études supérieures.
Le président de la FECQ, Martin Simard,
a indiqué que le gouvernement n'avait aucune raison valable
de revenir sur cette question à l'heure actuelle.
Il écarte tout débat sur le sujet. «On ne veut pas de
débat là-dessus, personne n'en veut. Le gel fait consensus», a-t-il noté lors
d'un entretien téléphonique.
La présidente de la FEUQ, Andrée Mayer-Périard,
qui dit ne pas craindre un débat sur la question, écarte aussi l'hypothèse d'un
dégel des droits de scolarité. «L'accessibilité, c'est le gel des droits de
scolarité. C'est la seule garantie», dit-elle. D'éventuels ajustements au
régime de prêts et bourses ne pallieraient pas une hausse des droits puisque
les étudiants sont déjà lourdement endettés, prévient Mme Mayer-Périard.
Les deux fédérations sont intervenues hier en réaction
aux propos tenus par le ministre de l'Éducation, François Legault,
dans un article du quotidien Le Devoir,
où il soulignait la nécessité de tenir un débat sur le gel des droits de
scolarité.
Le président du Conseil permanent de la jeunesse,
Patrick Lebel, a indiqué qu'il doutait fort que le gouvernement revienne sur
cette question en période préélectorale.
Le ministre, de passage hier à l'Université de
Montréal, a précisé qu'il n'était pas question de revenir sur la promesse du
gouvernement de maintenir le gel des droits de scolarité jusqu'à la fin du
présent mandat. Il a ajouté qu'il était «prématuré» de dire si le Parti
québécois prendrait le même engagement en vue d'un troisième mandat.
Le chef de l'opposition, Jean Charest,
a déclaré de son côté que le Parti libéral ne «renierait» pas sa promesse de
maintenir le gel des droits de scolarité avant qu'une commission parlementaire
ne se soit penchée sur la question du financement du réseau de l'éducation.
Karim
Benessaieh
Alarmés par les récentes
déclarations du ministre de l'Éducation François Legault
concernant une hausse des droits de scolarité, et nullement rassurés par les
rétractations qui ont suivi, trois groupes représentant quelque 60 000
étudiants ont annoncé dimanche le lancement d'une grande campagne de
mobilisation dans tout le Québec.
À compter du 4 février, des «semaines d'information» se
tiendront dans une vingtaine d'établissements scolaires de la province. Le 6
février, on tiendra simultanément plusieurs «caravanes de mobilisation». Le
tout va culminer avec une manifestation à Québec devant les bureaux de M. Legault, le 21 février.
La lutte va être chaude, promet le porte-parole de
l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, Victor Chiasson-Lebel. «Nous ne nous laisserons pas intimider.
Dans l'histoire des mouvements étudiants, les plus grandes grèves se sont
souvent faites à propos des droits de scolarité.»
En entrevue la semaine dernière, le ministre Legault a ouvert une boîte de Pandore en refusant de
s'engager à geler les droits de scolarité, ajoutant qu'il était temps de tenir
un débat sur ce sujet. Pressé de questions, il a précisé le lendemain qu'il
n'était pas question, à l'heure actuelle, de les dégeler.
Cette seconde déclaration, de toute évidence, n'a pas
convaincu les représentants des trois associations qui ont convoqué les médias
dimanche. L'Association pour une solidarité syndicale
étudiante, la section québécoise de la Fédération canadienne des étudiantes et
étudiants et un regroupement d'associations étudiantes collégiales
indépendantes ont décidé de réagir haut et fort contre ce qu'ils qualifient
d'«odieuse annonce du ministre».
Les jeunes porte-parole ont dénoncé l'endettement
croissant des étudiants, les effets «de plus en plus visibles des compressions
dans l'éducation» et l'oubli des promesses du Sommet du Québec et de la
jeunesse de 2000.
Ils se sont déclarés opposés à «l'assujettissement de
l'éducation aux lois du marchés», au phénomène grandissant de la commandite et
des contrats d'exclusivité dans les établissements scolaires. «L'école est une
industrie qu'on veut voir rentable, et le système d'éducation, un secteur de
l'économie qui exploite sa matière première, la population étudiante», dénonce
Victor Chiasson-Lebel.
Les grands absents dans cette mobilisation sont les
deux principaux regroupements étudiants du Québec, la Fédération étudiante
universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec
(FECQ). À elles deux, elles comptent près de 215 000 membres. Aucune n'a
annoncé de mouvement de mobilisation à la suite des déclarations du ministre de
l'Éducation.
Les porte-parole ont candidement avoué dimanche qu'ils
n'avaient pu joindre ces deux organismes, faute de temps. «Mais nous
connaissons tous leur position sur le gel des droits de scolarité», a ajouté M.
Chiasson-Lebel.
IRWIN BLOCK
Any suggestion
that the
Though
Education Minister François Legault has merely hinted at reopening the debate
on the eight-year tuition freeze after the next election, student activists
said they are ready now to say no, thanks.
Maintaining
the fee freeze will be added to the agenda of a Feb. 21 demonstration in
"Sure, it's
a trial balloon, calling for a public debate, and our response is to mobilize,
act and demonstrate now," said Victor Chiasson-Lebel, secretary for
internal affairs of the association, which represents five CÉGEPs and students
in law and sociology at the Université du Québec à Montréal.
The students
aim to drive home the issues with a propaganda campaign Feb. 2-8, including
participation in a Canada-wide protest Feb. 6 on 10 college and university
campuses.
"Education
must remain accessible, publicly funded, and be of exceptional quality,"
said Sabine Friesinger, a Concordia University journalism student and chairman
of the Canadian Federation of Students, Quebec section, which represents
Concordia students and those in post-graduate studies at McGill University.
The
students are decrying reforms that would result in colleges with lower
graduation levels getting less funding. Universities also have to sign
performance contracts tied to increased funding, which critics say could lead
to lower standards. Performance-based funding system would make it more
difficult for schools with lower graduation rates to attract better students,
compounding the problem, the students say.
The
students also oppose universities turning to large corporations for funding, as
this allows companies to influence the curriculum, especially in business and
engineering schools.
"Post-secondary
education should focus on creating knowledge, shaping critical thought and
developing social conscience," said Chiasson-Lebel, a post-graduate
student of international law at UQÀM.
The
students called for more funding for education and, as an eventual goal.
tuition-free university education, as exists in parts of
Quebec-resident
students pay, on average, $1,668 for an undergraduate arts degree, compared
with $4,732 in
Presse Canadienne
Chicoutimi
Photo Martin Chamberland, La Presse |
L'habilitation permettrait à chaque cégep de décerner
son propre diplôme en tenant compte de ses spécialités. |
La Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ) rejette le projet du gouvernement d'octroyer à
chaque cégep le pouvoir de décerner ses diplômes. Le concept appelé
habilitation devrait être mis en application en 2003.
Réunis en assemblée en fin de semaine à Rimouski, les
étudiants on prévu plusieurs actions, dont une journée nationale d'actions sur
le thème «Diplômes à vendre» et qui doit avoir lieu le 9 avril.
«Avec l'habilitation, les diplômes collégiaux ne
reconnaîtront plus les mêmes standards de réussite dans chaque institution.
Inévitablement, les petits cégeps perdront des étudiants au profit des plus
gros, mieux financés» craint Martin Simard, président
de la FECQ.
L'habilitation permettrait à chaque cégep de décerner
son propre diplôme en tenant compte de ses spécialités. L'idée qui a été lancée
par le ministère de l'Éducation il y a quelques années devait servir à établir
une compétition entre les cégeps. Mais, selon Martin Simard,
le projet risque plutôt de défavoriser les cégeps en région. «On veut que le
ministre garde sa responsabilité, celle de décerner les diplômes.»
Parmi les actions, on parle déjà de mise aux enchères
de diplômes d'études collégiales (DEC), de combats extrêmes entre les
institutions incarnées par des mascottes, etc. «On veut illustrer
humoristiquement et artistiquement les effets dramatiques de l'habilitation sur
nos études et nos institutions» a souligné M. Simard.
In response to
the March 23 editorial "Someone has to pay," I can only say that it
should not be the students. Raising tuition fees should never be considered an
option.
The average
student debt for a Canadian student is around $20,000. Many students have
incurred much higher debts than this as well. These debts can stay with a
student for years after graduation, interest rates adding to the already heavy
burden.
Your editorial claims that access to education has not been seriously
affected by higher tuition fees across the country. This might be the case, but
the financial pressure it puts on young people at the outset of their
professional careers is certainly a problem. Many students are simply unable to
continue their studies once they have begun when financial burdens become too
cumbersome. Others worry about accruing excessive debts and either drop out or
take jobs, making their studies a secondary priority.
While your editorial states that the quality of education is more
important than access, it is obvious that higher tuition fees automatically
mean a decline in quality of education. When the students have to worry about
the stress of finances, the education system must cater to them in order to
help them learn, in turn lowering its standards.
Not to mention
the fact that a university relying more heavily on tuition fees will be
required to accept more under-qualified students in order to make money.
Education
should be free of all distractions and available to all who desire it. An
educated population benefits the entire country. In order for the government to
agree to inject more money into post-secondary education, the voting public
needs to recognize this and let their elected representatives know.
Christopher Moreman
Verdu
Normand Delisle
Presse Canadienne
Québec
Les ministères de l'Éducation,
de la Santé et de la Famille verront leur budget augmenter considérablement au
cours du prochain exercice financier.
Photo PC |
Le président du Conseil du
trésor, le ministre Joseph Facal |
C'est ce qui ressort du budget des dépenses
gouvernementales que le président du Conseil du trésor, le ministre Joseph Facal, a déposé mardi à l'Assemblée nationale.
En éducation, les dépenses du ministère augmenteront de
508,8 millions de dollars, passant de 10,5 milliards de dollars à plus de 11
milliards de dollars. C'est une augmentation de l'ordre de 5,7 pour cent.
De même, en santé, les dépenses s'accroîtront de 312
millions de dollars pour atteindre 17,5 milliards de dollars. C'est une hausse
de 2 pour cent. Il faut tenir compte toutefois qu'en décembre dernier, des
crédits supplémentaires de 394 millions de dollars avaient été votés pour la
santé, notamment pour la campagne de vaccination contre la méningite.
Le ministère de la Famille verra aussi ses dépenses
augmenter 180 millions de dollars, en hausse de 9 pour cent.
Au total, les dépenses de l'État québécois s'élèveront
à 49,7 milliards au cours du prochain exercice financier 2002-2003. De cette
somme, 6,5 milliards de dollars iront pour payer les intérêts sur la dette
accumulée du Québec. Les années financières du gouvernement ne commencent pas
le premier janvier, mais vont du premier avril au 31 mars suivant.
«Nous continuons
d'investir prioritairement dans la santé, l'éducation et la famille, comme nous
nous sommes engagés à le faire», a déclaré le ministre Facal
en présentant le budget des dépenses.
Le président du Conseil du trésor a mis en relief le
fait que, depuis cinq ans, le budget du ministère de la Santé a augmenté de 4,5
milliards de dollars. Depuis 1998 Les deux tiers de la croissance budgétaire a été consacrée à la santé.
De plus, M. Facal a rappelé
que les Québécois font des efforts financiers plus grands que ceux de l'Ontario
pour la santé. Les Québécois investissent 6,9 pour cent de leur richesse
collective en santé, contre 5,8 pour cent en Ontario.
Mais les coûts du régime d'assurance médicaments
demeurent exorbitants et augmentent de 15 pour cent par année depuis cinq ans.
«Ce rythme de croissance ne peut être soutenu à moyen terme», a dit M. Facal. Le ministre de la Santé, François Legault, a reçu le mandat de revoir le financement de
l'assurance médicaments tout en préservant l'accessibilité du régime.
Dans l'éducation, le budget augmente de plus de 500
millions de dollars. La hausse vise à respecter l'engagement pris lors du
Sommet de la jeunesse, en mars 2000, soit réinvestir un milliard de dollars de plus
en trois ans dans ce secteur.
Le ministre a aussi noté l'augmentation du budget du
ministère de la Famille et de l'Enfance. Les crédits additionnels de 180
millions de dollars visent notamment à augmenter le nombre de places en
garderie, notamment afin d'atteindre l'objectif de 200 000 places d'ici l'an
2006.
Malgré ces hausses de budget de quelques ministères,
l'équilibre budgétaire demeure pour la quatrième année consécutive.
Par ailleurs, diverses mesures ont été annoncées pour
améliorer la gestion des fonds publics.
Pour inciter les ministères à économiser, on leur
permet désormais de reporter à l'année suivante les économies effectuées dans
leur budget annuel. Plus de 25 millions de dollars d'économies ont été
reportées pour cette année.
De plus, le délai que le gouvernement s'accordait pour
payer ses fournisseurs sera réduit de 60 à 30 jours, comme le veut la pratique
dans le monde des affaires. Cette mesure «encouragera les petits fournisseurs à
faire affaire avec le gouvernement», croit le ministre Facal.
Enfin, le gouvernement est en train de procéder au
rajeunissement de la fonction publique. Plus de 6000 fonctionnaires
occasionnels sont récemment devenus permanents et une vaste campagne de
recrutement de personnel a permis de dresser une liste de 50 000 candidats
susceptibles d'occuper un emploi au cours des prochaines années.
Un plan d'action visant le rajeunissement de la
fonction publique sera lancé sous peu, en même temps que seront renforcées les
règles de déontologie qui régissent les fonctionnaires.
It was with bitter
disappointment that I read The Gazette's March 23 editorial "Someone has
to pay" and learned that The Gazette seems to feel that the
"someone" in question should be the students.
How easy it is to tell
students that they should be the ones to pay, with the little money they have,
for government cuts and mismanagement in the education portfolio for nearly a
decade. It's certainly easier than pressuring the
Raising tuition fees is simply
a quick-fix solution that lets the government off the hook and places all the
pressure on the most vulnerable elements in the education system: the students.
Tim McSorley
Student,
Saint-Bruno
Le gouvernement Landry refuse de se commettre plus
avant dans le gouffre financier de la santé et des services sociaux. Les
crédits du ministère de François Legault augmenteront
de 4,4 % en 2002-03 tandis que ceux de son ancien portefeuille, l'éducation,
feront un bond de 4,8 % pour la même période. La santé coûtera plus de 17
milliards au trésor québécois en 2002-03, et l'Éducation, 11 milliards, parmi
des dépenses de programmes totalisant 43 milliards, en hausse de 2,3 %.
En présentant son budget des dépenses hier, le
président du Conseil du trésor, Joseph Facal, a été
on ne peut plus clair face à ses choix: «Nous faisons déjà beaucoup pour la
santé», a-t-il déclaré à la presse sans mentionner de nouveau l'épée de
Damoclès maintenue par Ottawa mais ajoutant toutefois que «nous voudrions en
faire davantage, mais notre gouvernement [...] a choisi de ne pas dépenser
l'argent qu'il n'a pas».
Notamment, la croissance des coûts du programme d'assurance-médicaments devra cesser dès cette année, a
souligné M. Facal. Depuis sa création, en 1997-98,
les coûts de ce programme ont augmenté en moyenne de 15 % par année, passant de
700 millions à 1,3 milliard en 2002-03.
Pas un sou de plus n'ira dans ce programme cette année
et le maigre surplus de cinq millions du Fonds de l'assurance-médicaments
ne pourra évidemment pas combler l'augmentation du prix des médicaments sur la
même période.
«Il n'est pas
question de remettre le régime en question», a toutefois affirmé le ministre
François Legault. «Tout est envisagé, y compris une
contribution des entreprises pharmaceutiques [...]. Il y aura un ensemble de
mesures.»
L'Association des hôpitaux du
Québec accuse pour sa part le gouvernement de ne pas prendre ses
responsabilités en ne touchant pas, grâce aux crédits, au déficit accumulé de
430 millions des hôpitaux. Elle demande une rencontre d'urgence avec le
ministre Legault.
Éducation
La pilule des crédits était moins dure à avaler pour le
ministre de l'Éducation, Sylvain Simard. Québec a
confirmé hier le maintien des engagements du Sommet de la jeunesse et de la
dernière tranche de 200 millions. En clair, presque le tiers de la croissance
des dépenses va à l'éducation alors que ce secteur ne compte que pour le quart
des dépenses de programmes.
La politique familiale reçoit également une part
importante du gâteau avec un ajout de 180 millions. Cette augmentation des
crédits est évidemment ciblée sur le développement de places dans les garderies
à 5 $ par jour. Québec maintient ainsi le cap vers 200 000 places d'ici 2006.
À l'inverse, le budget de dépenses qui baissera le plus
en 2002-03 sera celui d'Emploi et Solidarité sociale, mais la diminution de 138
millions des crédits alloués à cette enveloppe s'explique aisément par une
diminution de 25 000 du nombre de ménages nécessitant l'aide de dernier
recours.
Économies à réaliser
En outre, les crédits 2002-03 indiquent que le
gouvernement doit encore réaliser des économies de 300 millions. M. Facal espère ne pas avoir à étaler ce montant en
compressions au sein des divers ministères grâce aux crédits périmés pour
2001-02, sommes non utilisées qui s'élèvent généralement, à Québec, à plus de
200 millions.
Par ailleurs, le Conseil du trésor a aussi prévu un
montant de 404 millions, dans son fonds de suppléance et son budget
d'investissements, qu'il réserve aux ententes en cours de négociation avec ses
employés sur le dossier de l'équité salariale. Mais «il ne s'agit pas d'une
cible pour les négos», a précisé Joseph Facal.
L'opposition,
quant à elle, a évidemment lancé son offensive sur les crédits accordés à la
santé. Le critique libéral Jean-Marc Fournier estime que les bénéficiaires de
l'assurance-médicaments verront leur franchise
augmenter. Le déficit des hôpitaux est également désastreux, selon lui. «À 430
millions accumulés, ce n'est pas un déficit mais du sous-financement.
Les Québécois méritent mieux que ça», a-t-il conclu.
Le chef de l'ADQ, Mario
Dumont, a critiqué la récupération que fait le conseil exécutif, au profit du
Secrétariat à l'information gouvernementale, de montants provenant du ministère
du Tourisme afin de faire de la «propagande». M. Dumont déplore également
l'augmentation des crédits du ministère de la Famille pour un programme, les
CPE, où chaque nouvelle place créée coûte dorénavant 11 200 $.
Éditorial
Dans la petite guerre perpétuelle que
se livrent les ministères de la Santé et de l'Éducation, ce dernier a remporté
une manche politique cette semaine en arrachant une hausse plus importante des
crédits qui lui seront consentis en 2002-2003. Mais ne nous leurrons pas. La
Santé n'est pas en reste non plus. D'ailleurs, les crédits trahissent un manque
de contrôle dans les dépenses, qui pourrait réserver de mauvaises surprises aux
Québécois. Danger.
Le ministre de la Santé, François
Legault, est mal placé pour se plaindre de la hausse importante - 4,8 % - des
crédits accordés à l'éducation. N'était-il pas le premier à se plaindre de
l'appétit sans fin du ministère de la Santé lorsqu'il dirigeait le ministère de
l'Éducation? Et à insister sur l'importance primordiale de la scolarisation?
Son successeur, Sylvain Simard, entend consacrer une portion importante de la
hausse à la lutte contre le décrochage, en renonçant au traditionnel
saupoudrage et en ciblant plutôt un certain nombre d'établissements où les
jeunes sont le plus mal en point. Convaincu que l'école à elle seule ne peut
venir à bout de cette catastrophe sociale qu'est le décrochage scolaire, M.
Simard veut mobiliser la population autour de ce phénomène. Il a raison. Il
reste à souhaiter que l'argent soit judicieusement investi, là où il peut
contribuer efficacement à changer les choses.
Mais, en éducation comme ailleurs, une
part non négligeable des hausses ira à ce que les fonctionnaires appellent dans
leur jargon «les coûts de système» (augmentation des coûts de chauffage,
hausses dues à l'inflation, etc.) et à la rémunération qui, globalement, croît
à un rythme inquiétant.
En effet, les dépenses prévues pour la
rémunération s'élèveront à quelque 24, 4 milliards en 2002-2003, soit 56,5 %
des dépenses des programmes. Il y a à peine quatre ans, la rémunération des
employés de l'État s'établissait à 19,5 milliards! Cette hausse dépasse les 25
%. En comparaison, le taux d'inflation totale pour ces années s'élève à 8 % .
Il est vrai que le nombre d'employés de l'État, qui s'établissait à 413 000 en
1998, a crû pendant cette période, mais de 13 000, ce qui représente une hausse
des effectifs de moins de 3,5 %. Aux milliards annoncés hier s'ajouteront dès
cette année les sommes reliées à l'application de la Loi sur l'équité salariale
et l'an prochain, l'augmentation de 2 % récemment consentie.
Les employés de l'État ont droit,
comme les autres, à des ajustements salariaux. Cependant, ces chiffres
trahissent un emballement que rien ne justifie, ni le contexte économique, ni
les dernières données démographiques sur la population québécoise. Au
contraire, la prudence s'impose. Personne ne souhaite revivre la période de
compressions brutales qui a permis, mais à quel prix, d'atteindre l'objectif du
déficit zéro.
Par ailleurs, derrière l'éducation, le
secteur de la santé a pu sembler perdant dans cette opération budgétaire. Dans
les faits, il n'en est rien puisque Joseph Facal consent une hausse 4,4 % en
santé. Le président du Conseil du trésor n'a dit mot du déficit de 400 millions
de dollars avec lequel les hôpitaux sont aux prises. Sauf que ce déficit est
réel et rien ne porte à croire que les établissements de santé pourront l'effacer
de sitôt. L'État se met la tête dans le sable en le passant sous silence.
Quant aux coûts du programme
d'assurance-médicaments, M. Facal a indiqué qu'ils avaient augmenté en moyenne
de 15 % par année depuis la mise sur pied du programme et que cela devait
cesser! François Legault est censé annoncer sous peu un plan visant à réduire
les coûts du système. Fort bien. Mais on attend également du ministre qu'il
resserre l'ensemble de la gestion du système de santé.
Les crédits budgétaires 2002-2003
logent à l'enseigne d'un optimisme qu'il conviendrait de nuancer. Et surtout,
ils trahissent une désinvolture dans les dépenses qu'il faudra corriger avant
que la spirale ne devienne incontrôlable. Élections ou pas, ce gouvernement se
doit de retrouver sans tarder la vision à long terme qu'il semble avoir perdue.
Valérie
Lesage
Québec
L'ajout d'un demi-milliard de dollars dans le budget consacré à
l'éducation permettra au ministre Sylvain Simard de
lancer au cours des prochaines semaines sa stratégie de lutte au décrochage
dans les milieux défavorisés et une politique de l'éducation aux adultes.
Le budget du ministère de l'Éducation a été majoré de
508 millions $ pour l'exercice 2002-03, ce qui le porte à 11,144 milliards $.
« Ces crédits budgétaires nous permettent de respecter
intégralement les engagements pris au Sommet du Québec et de la jeunesse et de
couvrir les coûts de système », a indiqué M. Simard.
Il s'agit de la dernière tranche du réinvestissement du milliard de dollars promis
en mars 2000 à la fin du Sommet. Ces 200 millions avaient failli être emportés
par les difficultés économiques de l'après 11 septembre, mais « l'embellie »
souhaitée par le premier ministre s'est finalement pointée.
Les commissions scolaires de la province recevront 324
millions $ de plus cette année. Cela assure le financement des coûts de
croissance du réseau et permet un réinvestissement de 60 millions $ qui servira
en bonne partie à la lutte au décrochage. « Je me suis engagé à ce qu'il n'y
ait pas de saupoudrage et que les sommes aillent vraiment là où il y a des
milieux défavorisés, de façon à donner un coup de pouce très important à ces
milieux où les besoins sont beaucoup plus grands et où surtout, la corrélation
entre la défavorisation et le taux de décrochage est
extrêmement claire », a expliqué M. Simard.
L'argent neuf servira aussi à lutter contre la
décroissance de l'effectif scolaire dans les régions éloignées. Une opération
de consultation auprès des commissions scolaires débutait hier matin pour
contrer les effets du déficit démographique. « Il s'agit de faire en sorte
qu'il n'y ait pas de fermeture ou le moins de fermetures possible pour nous
assurer que même si des mesures structurantes doivent être prises, on ne prive
pas les régions d'établissements essentiels pour l'éducation », a dit le
ministre Simard.
Il a par ailleurs demandé au ministère de l'Éducation
et à celui de l'Emploi, dont il est aussi titulaire, de chercher des moyens de
faciliter l'accessibilité à des cours de français langue seconde pour les
adultes anglophones du Québec. Mardi, des représentants de la communauté
avaient fait part de leurs difficultés au premier ministre Bernard Landry, qui
en a aussitôt avisé M. Simard. « Dans le fond, on a
tout investi, et avec grand succès, pour nous assurer que les jeunes
anglophones soient bilingues et aient des cours de français de qualité.
Peut-être en effet faut-il aussi penser à ceux qui n'ont pas eu la chance de
passer par un système où le français avait la place qu'il a aujourd'hui. »
Le ministre Simard a annoncé
qu'il ferait des propositions à ce sujet en annonçant sa politique d'éducation
des adultes et de formation continue.
Imaginez: si la philosophie ne faisait pas partie des
cours obligatoires de formation générale au cégep, le médecin qui vous soigne,
le professeur qui enseigne à vos enfants, l'avocat qui vous accuse ou vous
défend, l'infirmière et tous les autres professionnels qui croisent votre
route, des gens qui consacrent leur existence à penser l'essentiel, à réfléchir
à ce qui ne s'en va pas, quand la rumeur de l'accessoire s'est éteinte, ne
sauraient peut-être même pas que cela existe. Mais reste-t-il quelque chose,
après, quand le collégial n'est plus qu'un souvenir de jeunesse, de cette
expérience scolaire imposée, ponctuelle et unique en son genre?
Il n'existe, à vrai dire, aucun instrument capable de
mesurer les résonances à long terme d'une telle aventure, mais je reste
intimement persuadé que la philosophie au collégial ne s'exerce pas en vain. Ce
sera, pour l'un, le souvenir d'un prof engagé qui rappelle que la vie avec la
pensée est possible, voire nécessaire; pour l'autre, à la croisée des chemins
peut-être, une réminiscence que «cela» existe, l'art de se poser des questions
et de délibérer en faisant appel au meilleur d'une tradition. C'est, je le sais
bien, à la fois peu et beaucoup, mais je choisirai beaucoup en pariant sur le
miracle de l'éveil intellectuel dans la relation pédagogique.
C'est pour témoigner de la noblesse de ce pari, qui
touche au sens même de l'expérience philosophique au collégial, que Giovanni Calabrese, éditeur chez Liber, a réuni les réflexions de
cinq professeurs d'expérience, qui sont aussi des essayistes. Moins pour
défendre la place de la philosophie au collégial que pour témoigner de sa
pratique sur une longue période de temps. Moins, donc, pour justifier quoi que
ce soit que pour partager une passion avec l'espoir qu'elle soit transmissible.
Et tous ceux qui enseignent, peu importe la matière,
de même que tous ceux qui croient encore à la valeur de la philosophie, ne
devraient pas bouder l'invitation.
Il revient à Pierre Bertrand, toujours fidèle à son
idéal du philosophe-artiste, d'ouvrir le bal. Dans la
classe, l'essayiste qui cultive une éthique et une esthétique du tâtonnement ne
trahit pas sa «ligne de création» (titre d'un de ses essais, paru en 1993).
Partisan d'une «pédagogie sans méthode et sans recette» qui privilégie le
questionnement plus que les réponses, Bertrand, dans des fragments qui abordent
la problématique sous divers angles, livre un plaidoyer senti en faveur «d'une
philosophie incarnée» qui doit ébranler l'être même de celui qui s'y adonne.
Conscient de l'attitude souvent rétive des étudiants
dont il sollicite la participation, il tente d'aller au delà d'une fidélité aux
grands textes parce qu'il sait que l'essentiel se trouve dans «le geste de
philosopher» en lui-même: «Ce qui fascinera l'étudiant, beaucoup plus que telle
ou telle thèse, sera une sensibilité difficile à cerner, une sorte d'aura
indéfinissable, une attitude mystérieuse face à l'existence.»
Plutôt éthéré mais vibrant dans son évocation du
philosophe en professeur, Bertrand n'évite toutefois pas le poncif de
l'apitoiement quand il traite du statut de la philosophie au Québec. À cet
égard, on peut bien lui donner en partie raison, mais non sans ajouter que la
répétition de la plainte, d'oeuvre en oeuvre, s'avère plus lassante que
stimulante.
Plus serein, le témoignage de Michel Métayer, auteur du
magistral La Morale et le monde vécu, brille par sa fraîcheur. Ici encore, le
professeur rejoint l'essayiste dans son attachement à une pratique
philosophique allergique aux constructions purement abstraites qui négligent le
vif d'une existence en quête de sens plus que de rationalité. Partisan d'une
pédagogie du plaisir qui laisse aussi entrer l'humour dans la classe, Métayer
affirme n'avoir rien à faire de la complainte sur l'indigence intellectuelle
des étudiants. «Le premier responsable de la réussite et de l'échec d'un cours,
écrit-il, c'est le professeur!»
Dans ce beau texte simple et stimulant, le philosophe
ne renie pas sa passion du concret. Aussi, il partage avec le lecteur ses
stratégies pédagogiques: cours magistral interactif, ruses pour désamorcer le
relativisme de principe des étudiants et multiplication des exemples concrets
qui fournissent «un gain de crédibilité» puisque «cela les convainc de la
pertinence de l'idée, du fait qu'elle renvoie à quelque chose de tangible».
Un défi
intellectuel
Refusant d'accorder à la philosophie un statut
supérieur à d'autres disciplines, Métayer défend néanmoins sa pertinence dans
le parcours scolaire en mettant en relief «le défi intellectuel
particulièrement relevé qu'elle présente aux élèves». La critique du
rationalisme qui clôt son témoignage est une démonstration probante de
l'immense potentiel pédagogique de son approche concrète de la philosophie.
Laurent-Michel Vacher, quant à lui, impose, encore une fois, sa voix
forte et farouchement originale. Amant turbulent de la philosophie, celui qui a
choisi de «prendre autant que possible le parti de l'homme de la rue» exprime
tambour battant son refus d'une approche élitiste - et dominante - de la
philosophie qui condamne l'expérience commune au nom d'une méthode «historico-herméneutique», imbue de sa supériorité sur les
autres modes de savoir et enfermée dans une attitude de révérence face aux
grands textes et aux grands penseurs.
Partisan d'une philosophie «en harmonie avec le savoir
humain et respectueuse des connaissances acquises» de même que «soucieuse de
clarté, d'argumentation rationnelle et d'esprit critique», Vacher disqualifie
le culte des grands textes au profit d'une «pédagogie de la discussion»
problématique (et non historico-herméneutique),
scientifique (les questions et les idées plus que les textes comme tels),
polémique (et non magistrale) et démocratique (et non élitiste). Dans un
passage courageux et beau de son témoignage, Vacher parle du «respect minimal
dû à tous nos frères et soeurs humains» et ajoute: «Il me semble que beaucoup
d'autres choses dont la philosophie est coutumière résisteraient mal à cette
pensée que femmes et hommes de notre temps nous demandent légitimement compte,
en silence, de nos spéculations et de nos bavardages professoraux.» C'est ça,
avoir du panache!
L'espace me manque pour traiter plus en détail les
contributions de Robert Hébert et Jacques Marchand, qui complètent ce livre.
J'en dirai au moins ces quelques mots. Dans une petite histoire critique de la
philosophie au collégial, le premier plaide en faveur d'un «socratisme
pédagogique» qui rejoint l'idée commune aux cinq professeurs d'une philosophie
incarnée, et il soulève l'idée selon laquelle le recul de la philosophie au
collégial, décrété par la réforme Robillard de 1994, «officialise le désaveu de
la Révolution tranquille». Quant à Marchand, il traite de la problématique de
l'impossible institutionnalisation du philosophe dans un texte assez
pointilleux qui n'évite pas la tentation réactionnaire, un danger qui guette
plusieurs enseignants, en flirtant avec l'idée d'une sélection plus sévère des
étudiants et celle d'une évaluation rigide des enseignements. Sa conclusion,
toutefois, retrouve des accents plus sympathiques: «L'époque de la belle âme et
de la conscience malheureuse s'achève sous nos yeux: place au mauvais sujet, au
philosophe bricoleur, au modeste artisan minimaliste.»
Le message essentiel de Pratiques de la pensée pourrait
se résumer en des termes semblables: place à une philosophie vivante au
collégial!
Pratiques de la pensée
Philosophie et enseignement de la philosophie au
collégial
Pierre Bertrand, Robert Hébert, Jacques Marchand,
Michel Métayer, Laurent-Michel Vacher
Éditions Liber
Montréal, 2002, 192 pages
MONTREAL, le 9
avril /CNW/ - Voici le détail des actions qui se
dérouleront aujourd'hui
dans le cadre de la journée de protestation contre
l'habilitation appelée par
la Fédération étudiante collégiale du Québec, le 24
mars dernier.
Rappelons que l'habilitation est le processus qui permettra aux
cégeps de décerner
leur propre diplôme d'études collégiales (DEC) :
MONTEREGIE/MONTREAL :
Cégep Edouard-Montpetit
(945, chemin Chambly, Longueuil)
Panneau lumineux affichant les cours
boursiers des Cégeps suite à
l'habilitation.
Des personnages en toges distribueront des diplômes
à rabais.
Heure : Midi
LIEU : Chemin Chambly devant le Cégep
Cégep de Saint-Hyacinthe (3000, rue Boullé, Saint-Hyacinthe)
Ventes aux
enchères du Diplôme d'études collégiales.
Heure : 12 h
LIEU : Cafétéria
Ecole Nationale d'Aérotechnique (5555, rue
de la Savane, Saint-Hubert)
Un gros "H" sur le sol
photographié à partir d'un avion
Heure : 11 h 30
LIEU : Stationnement de l'ENA
Cégep de Granby-Haute-Yamaska
(50, rue Saint-Joseph, Granby)
Vente de diplômes aux enchères
Heure : 11 h- 12 h 30
LIEU; Cafétéria du Cégep
Cégep St-Jean-sur-Richelieu
(30, boul. du Séminaire Nord, Saint-Jean)
Vente de diplômes aux enchères et
improvisation sur le thème de
l'habilitation
Heure : 13 h 30
LIEU : Cafétéria
Cégep de Sorel-Tracy
(3000, boul. de la Mairie, Tracy)
Mise en vente du Cégep par l'agent
immobilier Bernard Landry :
affichage
d'une affiche cégep à vendre
Heure : Indéterminée
LIEU : Devant le Cégep
Collège de Rosemont
(6400, 16e Avenue, Montréal)
Simulation de la fermeture du Cégep.
Un personnage à l'effigie de
Sylvain Simard
vendra des diplômes d'études collégiales.
Heure : Midi
LIEU : Stationnement devant le Cégep
Collège Gérald-Godin
(2915, boul. Saint-Charles, Kirkland)
Kiosque d'information diplôme à
vendre
Heure : 11 h - 13 h
LIEU : Entrée Principale.
Cégep du Vieux-Montréal
(255, Ontario est, Montréal)
Royal Rumble
des cégeps
Heure :10 h
45
LIEU : Devant le cégep
BAS-ST-LAURENT/GASPESIE
Cégep de Rimouski (60, rue de l'Evêché
Ouest, Rimouski)
Matches d'improvisation sur le thème
de l'habilitation devant
l'Assemblée
générale
Heure : Midi
LIEU : Café étudiant
Cégep de Rivière-du-Loup
(80, rue Frontenac, Rivière-du-Loup)
Un gros "H" symbolisant
l'habilitation sera érigé devant le Cégep.
Chasse au trésor et vente de diplômes
sous le thème : "Diplômes à
rabais"
Heure : 14 h
LIEU :tout
le cégep
Cégep de la Gaspésie et des Iles, campus
Gaspé (96, rue Jacques-Cartier,
Gaspé)
Rassemblement étudiant devant le
Cégep (tam tam jam) avec peintres
qui
illustrent l'habilitation. Distribution de faux diplômes
Heure : 12 h 30 - 13 h 30
LIEU : Entrée principale
SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN/COTE-NORD
Cégep de Saint-Félicien (1105, boulevard
Hamel, Saint-Félicien)
Pièce de théâtre sur le thème de
l'habilitation.
Heure : 11 h 30
LIEU : Place centrale
Cégep de Jonquière (2505, Saint-Hubert, Jonquière)
Vente de diplômes aux enchères
Heure : Toute la journée
LIEU : Tout le cégep
Cégep de Chicoutimi (534, rue Jacques-Cartier Est, Chicoutimi)
Kiosque de sensibilisation
Heure : 12 h
LIEU : Centre social.
Cégep de Baie-Comeau (537, boul. Blanche,
Baie-Comeau)
Vente de diplôme à rabais
Heure : 12 h 30
LIEU : Entrée principale.
MAURICIE/CENTRE-DU-QUEBEC
Cégep de Victoriaville (475, rue Notre-Dame Est, Victoriaville)
Pierres tombales des petits cégeps et
inscriptions "Terrain privé"
devant le
Cégep et campagne "Wanted" pour les gros
cégeps à
l'intérieur.
Heure : Toute la journée
LIEU : Devant le Cégep
Cégep de Trois-Rivières (3500, rue de Courval, Trois-Rivières)
Théâtre public sur l'habilitation des
collèges
Heure : 11 h
LIEU : Cafétéria
Cégep de la région de l'amiante (671, boul.
Smith Sud, Thetford Mines)
Vente aux enchères de diplômes.
Heure :12 h
15 - 13 h
LIEU : Salon étudiant
Cégep de Shawinigan (2263, boul. du
collège, Shawinigan)
Panneau luminueux
d'information et distribution de popcorn avec
information
contre habilitation.
Heure : 12 h
LIEU Cafétéria
QUEBEC/BEAUCE-APPALACHE
Cégep de Lévis-Lauzon
(205, Mgr-Ignace-Bourget, Lévis)
Match de lutte entre les institutions
collégiales, les lutteurs
portant les
noms des cégeps.
Heure :11 h
LIEU : Hall du cégep
Cégep de Beauce-Appalaches
(1055, 116e rue Est, Ville de Saint-George)
Improvisation théatrâle,
lecture de manifeste et signature de
pétition.
Heure : à confirmer
LIEU : à confirmer
MARTIN SIMARD,
PRESIDENT DE LA FECQ, EST DISPONIBLE POUR ENTREVUE ET
COMMENTAIRES
AU NUMERO LAISSE EN REFERENCE
-30-
Renseignements:
Mathieu Laberge, directeur des communications FECQ,
Cell. (514)
707-3320
Alors que les cégeps appliquent depuis l'automne leurs
plans de réussite, le Conseil supérieur de l'éducation jette un pavé dans la
mare en affirmant que la «rigidité» du système pénalise le cégépien: à trop
miser sur les objectifs de diplomation, les collèges
ont peut-être négligé les besoins des élèves...
«Le contexte est tel que les collèges sont pressés
d'augmenter leurs taux de diplomation», écrit le CSE
dans l'avis L'orientation au coeur de la réussite, portant sur le réseau
collégial et dévoilé hier. «En choisissant de privilégier une approche où les
taux de diplomation tiennent lieu d'indicateurs par
excellence, on risque de ne pas accorder suffisamment d'attention aux besoins
des jeunes et aux conditions de leur développement.»
Dans un avis audacieux que le CSE apparente à un plan
d'action, une vingtaine de recommandations formulées au ministre de l'Éducation
visent à démontrer que, pour améliorer les chances de réussite au cégep, et donc
les taux de diplomation, mieux vaut orienter les
étudiants et éviter de considérer leur indécision scolaire comme un problème,
mais plutôt comme un réflexe naturel.
Les mesures proposées touchent non seulement le
collégial mais aussi le secondaire et l'université, qui gravitent autour des
cégépiens. Et le CSE constate que les plans de réussite des cégeps ont négligé
les mesures d'orientation des jeunes en misant essentiellement sur les
objectifs de diplomation. L'admission au cégep et à
l'université devrait tenir compte de la motivation des jeunes en pariant sur
des entrevues plutôt que de juger les candidats seulement sur le dossier
scolaire.
Les cégépiens devraient avoir droit à une deuxième
chance après avoir échoué à une épreuve. Un cours échoué en première année de
collège devrait être effacé du relevé de notes si repris et réussi par l'élève.
Une révision des programmes contingentés au collège s'impose car ceux-ci
freinent peut-être les ambitions de certains élèves. Le calcul de la cote R,
qui garantit l'accès à l'université, devrait être revu!
Ne donne-t-on pas l'impression de prôner une tolérance
extrême? «On ne dit pas qu'il faut changer les résultats scolaires et ne plus
en tenir compte, ou devenir laxistes dans leur interprétation, explique Céline Saint-Pierre, présidente du Conseil supérieur de
l'éducation. C'est l'usage qu'on doit en faire qu'il faut modifier.» La
présidente est restée perplexe devant des statistiques selon lesquelles 75 %
des étudiants de cinquième secondaire «ne savent pas où se diriger au cégep» et
28 % des cégépiens ont changé de programme au moins une fois.
«Sur une cohorte de 100 élèves entrés au cégep en 1994,
quatre ans plus tard 53 % ont reçu un diplôme, 16 % sont encore inscrits et 31
% ont quitté, sans que l'on sache pourquoi ni ce qu'ils ont fait», souligne Mme
Saint-Pierre.
Dans son avis, le Conseil insiste sur le fait que
l'indécision constatée à l'entrée au collégial ne devrait pas être considérée
comme un problème mais comme une partie intégrante du cheminement de l'élève.
«Admettre que l'indécision fait partie du processus de développement des jeunes
suppose aussi que l'on prenne acte de la diversité des cheminements», note-t-on
dans l'avis.
L'obsession actuelle du Québec autour de la réussite
inquiète le Conseil, qui craint que cela ne se répercute jusque sur la sévérité
des critères d'admission des collèges. «Tout le Québec regarde actuellement le
système scolaire en ce qui a trait aux résultats à atteindre, et dans les temps
prévus, explique Mme St-Pierre. Or on se rend compte
qu'une majorité d'élèves font leur cégep en une session de plus que le temps
prescrit.»
Le CSE critique aussi le manque de ressources -
conseiller d'orientation, aide pédagogique individuelle, conseiller en
information scolaire et professionnelle - destinées à aider les étudiants à
mieux cibler leurs parcours. «Elles sont nettement insuffisantes», ajoute Mme
Saint-Pierre.
Pascale Breton
|
Photo Rémi Lemée,
La Presse |
|
Sylvain Simard |
En injectant une somme de 15 millions et en
préconisant le développement de créneaux spécifiques à certains établissements,
le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, espère
contrer la baisse de clientèle dans les cégeps, particulièrement dramatique en
région.
Se disant conscient que les cégeps sont des
pôles d'attraction à la fois éducatif, social et culturel,
le ministre a rappelé la volonté du gouvernement de tout faire pour empêcher la
fermeture des collèges dans les régions.
«Les cégeps sont invités à continuer de faire
ce qu'ils font déjà, c'est-à-dire définir des créneaux d'excellence. Il n'est pas
question pour nous de forcer les gens à rationaliser, mais plutôt les inciter
par des avantages financiers à se concentrer sur les secteurs où ils ont le
plus de chance d'attirer des étudiants», a déclaré M. Simard.
Le ministre a annoncé les mesures qu'il
compte mettre de l'avant en divulguant hier le rapport du comité mixte formé il
y a un an par des représentants du ministère et de la Fédération des cégeps
afin d'étudier la baisse de l'effectif scolaire dans le réseau collégial
public.
Le gouvernement alloue une somme de 9,3
millions spécifiquement pour contrer la baisse de la clientèle. Une part de
cette somme correspond en fait à la mesure d'aide aux cégeps pour les dépenses
autres que l'enseignement, annoncé en 2000-2001 et reconduite pour la prochaine
année, tandis que le reste permettra d'offrir une allocation fixe à chaque
établissement pour assurer un développement selon ses besoins. Une somme de 2,5
millions est aussi disponible pour répondre à des besoins particuliers,
notamment en ce qui a trait au transport scolaire.
|
En 2002-2003, le gouvernement injectera aussi
trois millions pour soutenir certains programmes de formation technique - même
s'ils comptent moins que l'effectif de 45 élèves normalement prévu -, tandis
qu'il lève dès maintenant le moratoire sur les centres collégiaux de transfert
de technologie (CCTT), «ce qui contribuera à créer de nouveaux créneaux
d'excellence dans les régions», a dit le ministre.
Financement
Il existe actuellement 23 CCTT et le
ministère pourrait approuver la création d'une demi-douzaine d'autres au cours
de la prochaine année. Des discussions sont aussi en cours avec le ministère de
la Recherche, de la Science et de la Technologie pour augmenter le financement
des centres.
Le rapport divulgué hier montre des
prévisions alarmantes si rien n'est fait. D'ici 10 ans, certains cégeps
concentrés dans sept régions auront perdu plus du quart de la clientèle
étudiante qu'ils avaient en 1999. C'est entre autres le cas des régions de la Gaspésie-Île-de-la-Madeleine, de Chaudière-Appalaches
et du Bas-Saint-Laurent.
Le décrochage scolaire est cependant un
élément important de cette baisse de clientèle, atteignant parfois 30%, a par
ailleurs rappelé le ministre qui annoncera au cours des prochaines semaines de
nouvelles mesures pour y faire face.
Présent au moment de l'annonce, le président
de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher, s'est
dit heureux de constater que le ministre a tenu compte des recommandations du
comité. «Pour les collèges, c'est l'aboutissement favorable de tous les efforts
que nous avons faits collectivement ces dernières années pour contrer les
effets négatifs de la baisse de la population étudiante dans les cégeps»,
a-t-il dit, rappelant que c'est en 1997 que les premiers signes d'une baisse
importante de la clientèle ont commencé à se faire sentir.
La Fédération étudiante collégiale du Québec
a elle aussi salué les mesures annoncées par le ministre. «On constate que le
ministère a cherché des avenues prometteuses. Avec les sommes allouées pour les
programmes spécifiques, on n'empêchera pas les jeunes de partir, mais nous
allons en intéresser d'autres à venir étudier dans la région», a déclaré le
président de la FECQ, Martin Simard.
À croire des associations étudiantes et
syndicales, la qualité de la formation collégiale serait menacée et le réseau
collégial risquerait la catastrophe si le ministère de l'Éducation transférait
aux cégeps le soin de décerner les diplômes. Remettons les pendules à l'heure.
D'abord, cette délégation de responsabilité a
été introduite par les libéraux en 1993 dans le règlement sur le régime des études
collégiales, sans qu'aucun ministre ne s'en prévale. Sylvain Simard ne manifeste pas plus d'empressement. Et même si tel
était le cas, et même si les libéraux revenaient au pouvoir, il n'y aurait pas
péril en la demeure.
Nous pourrions craindre la dégradation de la
formation et le développement chaotique du réseau collégial si le ministère de
l'Éducation abandonnait toutes responsabilités par rapport à la formation
générale et technique offerte dans les collèges. Tel n'est pas le cas. Même si
Québec décidait d'appliquer à la lettre le règlement et habilitait les cégeps à
décerner des diplômes, le ministère garderait l'oeil sur les programmes et
s'assurerait de la capacité et de la qualité des établissements qui les
dispensent.
Depuis la réforme de 1993, le ministère de
l'Éducation laisse plus de latitude aux cégeps dans l'élaboration des
programmes, mais continue néanmoins de déterminer les principaux objectifs et
standards à atteindre. Il en sera ainsi même si les cégeps émettaient les
diplômes. La mobilité ne sera donc pas plus difficile pour les 4 % d'élèves qui
changent de collège, et les programmes ne seront pas plus différents d'un cégep
à l'autre qu'ils ne le sont présentement.
D'autre part, la Commission d'évaluation de
l'enseignement collégial qui a entrepris il y a deux ans une évaluation
institutionnelle des cégeps publics et privés assurerait toujours son mandat.
Pour pouvoir émettre un diplôme, un cégep devra être apte à le faire. Le Québec
ne gagnerait rien à ce que les cégeps deviennent des distributeurs de diplômes
sans valeur.
Les opposants à l'habilitation semblent
défendre une uniformisation du réseau collégial qui n'existe plus depuis
longtemps. Avec des approches pédagogiques et administratives mieux adaptées à
leur milieu, des cégeps ont acquis une meilleure réputation et assurent aux
élèves une meilleure cote R que d'autres. Chez les employeurs, des cégépiens
sont déjà plus en demande s'ils sont finissants de tel collège plutôt que tel
autre. Ce n'est pas le fait que le diplôme reçoive le sceau du cégep plutôt que
du ministère qui changera la donne.
ALLISON
HANES
In hopes of reversing declining
enrolment at colleges in the regions, Education Minister Sylvain Simard announced yesterday he is pumping $15 million into
the province's CÉGEPs.
Falling student populations
have put the futures of many CÉGEPs in places like Baie Comeau and
No one can force students not
to go where the jobs are, said Simard, but the money
will keep the colleges at home vibrant and functioning so that going to the
city won't become the only choice.
About $9 million will go to
help stabilize those CÉGEPs that have seen their
student populations drop off the most dramatically.
Transportation Targeted
Another $2.5 million will go to
addressing specific needs, for instance transportation in a region that is
poorly served. About $3 million will go to keeping programs running that have
very few students for the duration of the programs.
And $1 million will be spent on
helping colleges rationalize their programs, for instance by sending equipment
to another school or replacing one course of study with another.
Another element of the plan
according to the education minister is to reverse the high-school drop-out rate
in some regions.
Warmly Greeted
"The fight against
dropping out will increase the basin of students that can then be tapped to go
to college," Simard said.
Gäetan Boucher, president
of the Fédération des CÉGEPs,
said he was satisfied with the funding.
"It's the culmination of
all the efforts we've made collectively in the last few years to counter the
drop in the student populations at our CÉGEPs,"
Boucher said.
Student groups, who have long
been demanding that something be done to solve the situation in the regions,
greeted the news warmly
"These constitute the base
conditions to permit the CÉGEPs in the regions to
develop," said Martin Simard of the Fédération Étudiante Collégiale du Québec in a
statement.
Pascale Breton, La Presse, Québec
Photo Rémi Lemée,
La Presse |
«L'objectif chaque
année est d'améliorer notre programme de prêts et bourses. (...) C'est une
façon de nous assurer de l'accessibilité des étudiants à l'enseignement
supérieur», a expliqué Sylvain Simard. |
Le gouvernement Landry donne un coup de pouce
aux étudiants en indexant pour la quatrième année le régime de prêts et
bourses. Ils bénéficieront également d'un taux variable pour le remboursement
de leurs dettes.
Le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, a annoncé vendredi que cette indexation sera de
2,7% pour les quelque 90 000 étudiants qui bénéficient du programme. Le
gouvernement investit à cette fin une somme de 12 millions qu'il a pu récupérer
grâce au remboursement des emprunts, moins élevés cette année en raison du taux
d'intérêt.
«L'objectif chaque année est d'améliorer
notre programme de prêts et bourses. (...) C'est une façon de nous assurer de
l'accessibilité des étudiants à l'enseignement supérieur», a expliqué M. Simard à La Presse. Le ministre a profité de
l'occasion pour rappeler que le gouvernement entend déposer sous peu un projet
de loi concernant un programme d'aide financière pour les étudiants à temps
partiel.
Le ministre a également annoncé vendredi la
conclusion d'une entente entre le gouvernement et les institutions financières
qui permet d'instaurer un taux variable pour les étudiants qui commenceront à
rembourser leur dette d'études sous peu. Cette entente prévoit aussi une hausse
de 0,4% cette année du taux d'intérêt payé aux institutions financières pour
les prêts qui sont à la charge du gouvernement.
Cette entente coûtera quatre millions cette
année à Québec, mais l'ensemble des étudiants en sortiront gagnants, a dit le
ministre. «Si nous prenons le taux moyen d'endettement d'un étudiant, qui est
de 12 000$ -alors qu'il est de 17 000 à 27 000$ dans les autres provinces
canadiennes- cela voudrait dire 1400$ d'économie», a indiqué M. Simard.
Les étudiants pourront, de cette façon,
bénéficier de la baisse des taux d'intérêts qu'on connaît cette année, chose
dont ils ne pouvaient profiter auparavant, régis pendant cinq ans au taux en
vigueur au moment de la signature de l'entente de remboursement avec leur
institution bancaire.
Les étudiants ont rapidement réagi à cette
deuxième annonce en autant de jours de la part du ministère de l'Éducation.
L'indexation a été saluée avec satisfaction, mais les divers regroupements en
réclament encore davantage.
La Fédération étudiante universitaire du
Québec et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont ainsi rappelé
qu'ils revendiquent depuis longtemps un mode de remboursement proportionnel au
revenu qui tiendrait compte de la situation financière réelle des étudiants.
«Nous souhaitons une vision à long terme, a
mentionné le président de la FECQ, Martin Simard.
Quant au taux variable, c'est intéressant, mais il est difficile de dire
l'impact que cette mesure aura, surtout si les taux d'intérêts montent.»
Mathieu Boivin
Presse Canadienne, Québec
Photo
Martin Chamberland, La Presse |
La Coalition cégeps en région propose de
référer des étudiants en région de manière systématique. Ainsi, un élève refusé
en «Photo» au cégep du Vieux-Montréal serait
directement recommandé au cégep de Matane, où le
programme ne réussit pas toujours à faire le plein d'étudiants. |
Les cégeps de sept régions québécoises auront
perdu, en 2010, entre un cinquième et un tiers de la population étudiante
qu'ils comptaient en 1999, révèle une étude conjointe de la Fédération des
cégeps et du ministère de l'Éducation.
Et à défaut d'attirer des jeunes des grands
centres dans les cégeps des régions, on voit mal comment Québec — malgré
l'annonce, la semaine dernière, de mesures et de subventions additionnelles
bien accueillies par le milieu — réussira à renverser une tendance qui semble
irrémédiable à moyen terme.
Alain Dion, porte-parole de la Coalition des
cégeps en région, a indiqué, lundi, que «la situation est dramatique. Si nous
restons avec ces perspectives-là, le gouffre financier deviendra sans fond pour
le gouvernement.»
Qu'on en juge: les cégeps du Bas-Saint-Laurent compteront 25% moins d'étudiants en 2010
qu'ils n'en comptaient en 1999. Au Sagenay-Lac-Saint-Jean,
ce sera 22% de moins, et la Mauricie sera dégarnie de 24% de son effectif
scolaire.
L'Abitibi-Témiscamingue
perdra quant à elle 28% de sa masse d'étudiants, tandis que la Côte-Nord et Chaudière-Appalaches
auront perdu respectivement 21 et 25% de leurs populations étudiantes
collégiales. En Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le
recul atteindra 33%.
Les cégeps étant financés sur la base de leur
population étudiante, certains établissements en région font déjà face à un manque
à gagner budgétaire. Et même si le ministère de l'Éducation a annoncé la
semaine dernière 10 millions supplémentaires — et récurrents — pour faire face
au problème, l'argent ne serait pas suffisant, a plaidé M. Dion.
«L'argent n'est pas une solution miracle,
(...) il faut réussir à amener des jeunes des grands centres vers les cégeps
régionaux, a analysé l'enseignant au cégep de Rimouski. Le ministère a posé des
gestes importants, mais il faut des solutions durables à long terme, comme
développer des créneaux exclusifs aux cégeps régionaux.»
M. Dion donne l'exemple du programme «Arts et
Technologie des Médias (ATM)» du cégep de Jonquière, ou «Pilotage d'aéronef» du
cégep de Chicoutimi. Ces cours ne s'offrent nulle part ailleurs au Québec et
amènent en région un bon nombre d'étudiants de l'extérieur.
La Coalition cégeps en région propose
également un mécanisme de référence qui tient compte du premier choix de
l'élève. Ainsi, un élève refusé en «Photo» au cégep du Vieux-Montréal
serait directement recommandé au cégep de Matane, où
le programme ne réussit pas toujours à faire le plein d'étudiants.
Il faudrait de plus, selon l'organisme,
éviter de mettre les collèges des régions en compétition avec les collèges
urbains. «L'ouverture récente du programme «Tourisme» au cégep de Limoilou a fait chuter les cohortes du même programme
offert à Matane», peut-on lire dans les documents de
la coalition.
Il faudrait donc une politique d'attribution
des nouveaux programmes qui tienne compte du portrait actuel du réseau
collégial, suggère-t-on.
Martin Simard,
président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), abonde dans
le même sens qu'Alain Dion. «Les jeunes partent souvent des régions pour
s'affranchir du cadre familial, ou pour aller poursuivre certains programmes
d'études là où ils sont offerts, explique-t-il. On ne peut pas les empêcher de
partir (...), il faut donc les remplacer en attirant des jeunes de l'extérieur
de la région.»
M. Simard estime
lui aussi qu'il faut reproduire le succès du programme ATM de Jonquière dans
d'autres régions. «Sans tomber dans la monoculture du savoir, prévient-il, il
faut créer des pôles d'attraction régionaux.»
À son avis, les forces d'une démographie
déclinante et de jeunes qui choisissent de quitter leur région natale seront
difficiles à contrer, «mais l'accessibilité régionale est fondamentale. Fermer
un cégep, c'est comme fermer une école primaire: c'est le coeur d'une région
qui cesse de battre.»
Éditorial
Le Conseil supérieur de l'Éducation (CSE) dénonce, dans
un récent avis, l'obsession de la performance scolaire, qui, loin d'avoir
l'effet escompté, éloignerait un nombre important de jeunes initialement
intéressés par le cégep. Le document met le doigt sur un certain nombre de
problèmes sérieux, mais semble incapable de tirer les conclusions auxquelles
devrait aboutir un tel diagnostic, soit une réforme en profondeur de ce réseau.
Les suggestions que formule le CSE pour améliorer le
réseau collégial sont de divers ordres. Certaines sont ponctuelles et fort
pertinentes, comme par exemple celle d'effacer la mention échec du relevé de
notes si le cours a été repris avec succès. Le CSE s'interroge par ailleurs
avec raison sur la tendance au contingentement à laquelle succombent
un nombre grandissant de collèges. Concluant à la dictature des notes,
l'organisme se demande également s'il ne serait pas possible de prendre en
considération, lors de l'inscription de l'étudiant, des facteurs comme la
motivation et la maturité intellectuelle du candidat. Pourquoi pas? En usant
d'une telle mesure avec souplesse, l'égalité des chances sera peut-être mieux
servie. Car, l'avons-nous oublié, la création des cégeps visait à accroître
l'accessibilité aux études supérieures.
Or, force est de constater, 35 ans plus tard, que le
chemin qui reste à parcourir est considérable. Au milieu des années
quatre-vingt, un quart des jeunes du début de la vingtaine détenaient au moins
un diplôme, alors que la moitié de leurs parents n'en avaient aucun. Mais ce
rattrapage n'a pas soutenu le rythme. Aujourd'hui, le Québec affiche un taux de
décrochage catastrophique au secondaire.
Au niveau collégial, les choses se passent à peine
mieux, puisque seulement 55 % des jeunes du secteur préuniversitaire
décrochent leur diplôme quatre ans après leur entrée au collège, un pourcentage
qui tombe à 49 % au secteur technique. Chaque secteur est aux prises avec un
certain nombre de problèmes, de nature différente. Mais attardons-nous au
secteur préuniversitaire, creuset des sciences
humaines, devenu au fil des ans une véritable voie de garage où s'engouffrent
tous les indécis, tous ceux que les notes empêchent d'aller ailleurs, tous ceux
dont la motivation est en panne.
D'ailleurs, le rapport du CSE souligne que les jeunes
issus du secteur préuniversitaire sont moins nombreux
qu'avant à poursuivre leurs études à l'université. Le CSE refuse de porter un
jugement sur ce phénomène, se contentant de relever «un changement de
trajectoire par rapport à ce qui est attendu». En effet!
Le CSE admet que tout ne tourne pas rond, surtout
pendant cette fameuse première année au secteur préuniversitaire.
Elle attribue une partie de ces problèmes à un «malaise au regard de
l'orientation des élèves». L'organisme plaide pour une plus grande indulgence à
l'égard des jeunes qui se cherchent. Personne dans les collèges ne nie le droit
d'un jeune incertain de son choix à changer d'orientation. D'ailleurs, le
nombre d'années que mettent les jeunes à achever leurs études traduit bien ces
hésitations.
Comme tous ceux qui se sont penchés sur ce curieux
patient qu'est le réseau collégial, le CSE revendique un meilleur encadrement.
Plus, il parle de «réorganiser la première année» afin qu'elle colle davantage
à la réalité des jeunes.
Fort bien. Mais le resserrement réclamé par le CSE ne
suffira pas. Pas plus qu'une meilleure écoute des besoins des jeunes ne saurait
remplacer la nécessité pour les jeunes eux-mêmes de comprendre l'importance de
la discipline personnelle et de la réussite. Ne pas tout sacrifier sur l'autel
de la performance, soit, mais minimiser l'importance d'effectuer ses études
collégiales en bonne et due forme, jamais. Une telle conception de l'éducation
desservirait le Québec tout entier, en faisant croire qu'un passage au cégep
peut être réussi même sans avoir obtenu le diplôme. En ce sens, l'insistance du
ministère de l'Éducation est une excellente orientation.
Mais, finalement, au fil des constats et des rapports,
relevant tous des manquements sérieux, le temps est peut-être venu de remettre
en question l'organisation du cégep, de manière fondamentale. Le cégep n'a
jamais accepté son rôle d'accompagnement, jouant beaucoup trop tôt la carte de
l'autonomie des jeunes. Tout doit être revu. À quand une commission d'enquête
spécifique au réseau collégial?
Opinion
«La prochaine application fondamentale attribuée à
Internet sera l'éducation. Cela sera si déterminant que l'usage du courriel
aura l'apparence d'une erreur d'arrondi», lançait récemment John Chambers, chef
de la direction chez Cisco Systems.
Dans le monde de la connexion à haut débit, la capacité de transmettre le
savoir par le truchement de technologies numériques donnera en effet lieu à la
création d'un nouveau monde et à la formation de nouveaux milieux
professionnels. Mais j'aimerais tout d'abord explorer la signification du
concept même de l'interactivité avant d'en arriver à un tel sujet.
Pendant plusieurs années, j'ai assuré la réalisation
d'Horizon et de Tomorrow's World pour la BBC. J'ai cependant constaté que les
seules options offertes à mes auditeurs étaient d'écouter, de changer de chaîne
ou... d'aller dormir. Ce monde, où les producteurs (ou les lecteurs) offrent
des présentations habiles aux téléspectateurs sans toutefois remettre en
question leurs fondements, est dépassé. L'interactivité, rendue possible grâce
aux nouvelles technologies, n'est pas seulement une affaire de nouveaux marchés
développés pour renouveler de vieux médias qui ont fait leur temps comme la
télévision ou la musique. C'est plutôt l'affaire d'une toute nouvelle relation
fondamentale entre les producteurs et les consommateurs.
En attendant le grand soir, quelques organisations
semblent avoir pris les devants en vue d'explorer les possibilités du monde de
la connexion à haut débit et de voir de quelles façons et dans quelle mesure
celui-ci pourra influencer les gens. La plupart des grandes compagnies n'ont
pas encore tenté l'expérience et les plus petites ne peuvent se permettre d'y
consacrer cinq ans avant d'en récolter les fruits, d'autant plus que ce type de
recherche bute en général sur la technologie. Mais très bientôt, cette
technologie ne sera plus un problème.
Aujourd'hui, les ordinateurs sont très dispendieux et
extrêmement complexes à utiliser. Les télévisions sont plus conviviales, mais
leurs fonctions sont extrêmement limitées, et la majorité des bandes passantes
de ce qu'on appelle pompeusement la télévision interactive n'offre qu'un seul
type de diffusion, sans aucun moyen de permettre une véritable interactivité en
retour, et ce, en dépit des cinq années nécessaires pour produire des
applications jugées performantes pour une telle une plate-forme.
Le site de Wimbledon Interactive, que nous avons
commencé à développer il y a six ans au BBC Multimedia
Centre, en est un bon exemple. Les gens désiraient vraiment ce service et il a
eu beaucoup de succès, au même titre par exemple que le site de Big Brother développé par Channel
4. Tout ce que Wimbledon Interactive permet vraiment de faire est de choisir ce
qu'on l'on désire regarder (tout comme le fait Big Brother). La seule façon de réagir consiste à prendre le
téléphone ou la plume. Mais bientôt, différentes options permettront une plus
grande participation.
D'ici cinq
ans
Les jeunes le savent. Ils achètent et utilisent les
jeux d'ordinateurs en grand nombre puisqu'il s'agit pour eux d'une expérience
de contrôle et de participation active bien plus grande que ne le permet
l'écoute linéaire d'une émission de télévision. Plusieurs professeurs inventifs
ont compris que s'ils arrivaient à participer au développement de logiciels
éducatifs imaginatifs, ils pourraient utiliser ce nouveau pouvoir pour
améliorer et même révolutionner l'expérience d'apprentissage.
Même lorsque certains cours plus ou moins traditionnels
sont donnés en ligne, la relation entre le professeur et son élève peut être
transformée. Dans une classe ou un amphithéâtre, ce sont bien souvent les mêmes
étudiants qui posent des questions ou qui s'impliquent dans les débats. Mais
les tuteurs qui travaillent en ligne (comme ceux de l'université de Phoenix, en
Arizona, qui ont développé avec succès un programme de business training en
ligne) rapportent que presque tous les élèves qui sont branchés désirent
participer et, qu'en conséquence, ils n'ont jamais eu à travailler si fort pour
répondre aux besoins de ceux-ci.
Aujourd'hui, la bande passante est toujours lente, ce
qui explique que plusieurs croient encore qu'Internet n'est qu'un outil
permettant la mise en ligne de vastes quantités de textes informatifs. Mais
l'ère d'une connexion Internet à haut débit accessible à prix modique sera à
notre portée d'ici à un peu plus de cinq ans. À partir de ce moment,
l'expérience en ligne sera aussi bien liée au divertissement et à l'émotion
qu'il l'est maintenant aux simples données. Il ne fait aucun doute que cette
bande passante répondra à une certaine demande pour la pornographie en ligne et
le développement de jeux interactifs, mais je crois aussi qu'elle pourra aussi
changer radicalement la façon dont les gens apprennent. À ce moment, de
nouveaux logiciels encourageront les gens à développer leur créativité et à
atténuer leur passivité.
Les technologies numériques font tomber les barrières
du monde de la création médiatique. Des instruments, comme la bande passante,
sont de plus en plus accessibles financièrement. Le dernier exemple en liste
est le court métrage 405 The Movie
dans lequel un jet immense atterrit sur la voiture d'un homme alors qu'il
rentre à la maison en empruntant l'autoroute. Le film présente des effets
spéciaux tout à fait convaincants et une bande sonore stéréo complète. 405 est
le chiffre qui identifie l'autoroute qui, dans la fiction, a été évacuée pour
permettre l'atterrissage d'urgence d'un immense jet. Le court métrage a été
réalisé sur quelques portables au coût de 11 000 $. Aujourd'hui une version de
haute qualité peut être téléchargée en ligne - lentement -, mais le monde
imminent de la connexion à haut débit permettra de se les envoyer
instantanément.
Penser par
soi-même
Lorsque tous les foyers seront munis d'une caméra
numérique reliée à un set-top box facile à utiliser
avec des logiciels, les étudiants pourront envoyer leurs essais sous forme de
courts métrages exprimant leurs points de vue personnels. Les aspirants
musiciens pourront jouer ensemble en ligne - on peut d'ailleurs déjà observer
la décharge sismique que le net a initiée dans le monde de la musique. Les
étudiants en architecture pourront explorer les représentations 3D de bâtiments
plus vrais que nature provenant du monde entier et «rencontrer» leurs comparses
dans ce monde virtuel.
De plus, l'intelligence artificielle étant de plus en
plus élaborée, intégrée tant aux logiciels locaux qu'aux serveurs centraux,
elle permettra de répondre aux demandes de chaque individu, à ses histoires,
ses habilités et son style d'apprentissage d'une façon à laquelle peu de
professeurs peuvent prétendre aujourd'hui. Et le champ d'expériences et
d'informations accessibles à chaque enfant et adulte du monde sera si vaste que
le rôle le plus important du professeur sera d'aider les étudiants à savoir
aussi penser par eux-mêmes alors qu'ils exploreront tous ces mondes.
L'éducation a depuis toujours signifié bien plus que
d'être en mesure de gagner à Who Wants
To Be A Millionaire? Les
industries créatrices en général sont déjà en train de devenir la clé la plus importante
de nos économies. Par exemple, le développement de jeux d'ordinateur et
d'autres logiciels rapporte plus à l'Écosse que le pétrole de la mer du Nord.
La connaissance stricte de faits n'est pas ce que recherchent les employeurs
dans ces industries. Ils chercheront plutôt des habiletés à développer une
pensée créatrice et une capacité à communiquer, à travailler en équipe, à faire
des connexions imprévues entre certaines disciplines, à prendre plaisir au
processus créatif - toutes des choses que certains services interactifs en
ligne ou logiciels d'apprentissage peuvent améliorer.
Un vaste marché global de l'apprentissage s'ouvrira
avec le déploiement de l'ère de la connexion à haut débit. Dans ce monde
nouveau, ce sont les étudiants et non les enseignants qui arriveront en premier
et qui pourront ainsi prendre le contrôle de leur propre expérience. Mais, au Futurlab de la NESTA, nous croyons également que si les
professeurs réussissent à tirer parti de cette technologie, ils n'en
deviendront que plus efficaces. Ils seront en mesure de mettre leurs étudiants
en contact avec des experts de partout au monde, de les motiver davantage grâce
à la complicité de logiciels divertissants. Ils disposeront en outre de
l'équipement nécessaire pour donner à chacun ce dont il a besoin pour qu'ainsi
il puisse surmonter ses propres limites.
Des dangers
Un petit bémol cependant s'inscrit au centre de toute
cette interaction et cette participation. Il sera désormais à la portée de
n'importe qui de mettre en ligne le contenu qu'il a imaginé et, ainsi, de
tenter de le vendre au plus offrant. Il n'y aura plus de frontière claire qui
puisse partager le «message» de la publicité ou de la promotion. BMW, par
exemple, a désormais son propre site Internet. N'importe quelle compagnie,
groupe religieux ou politique pourra avoir accès à une audience mondiale par
l'entremise du dédale des connexions à haut débit. Avec un million de canaux,
n'importe quel gouvernement ou le propriétaire de n'importe quel copyright en
la matière qui voudrait contrôler le contenu de la toile ou insister sur le
respect d'un quota de productions locales, comme le font déjà le Canada et
l'Europe pour la télévision, trouvera la tâche impossible. Les enseignants tout
comme les étudiants devront donc demeurer vigilants s'ils veulent éviter ces
écueils.
Chez NESTA, nous orienterons nos recherches non pas sur
la technologie elle-même, mais sur la façon dont les gens désirent actuellement
aborder cette nouvelle ère des connexions à haut débit. Par exemple, nous travaillons
de pair avec le groupe Revolution Software dans le
but de voir si nous pouvons transformer son jeu d'aventures Broken
Sword en un logiciel d'apprentissage du langage. Ce
dont nous avons besoin, c'est de recherche créative sans objectif précis à court
terme, qui puisse fournir l'espace nécessaire aux idées imprévues nées de
l'interaction entre le contenu et l'humain. Ensuite, tel que l'a dit Lord Puttnam, nous pourrons tous commencer à élaborer le
«Hollywood de l'éducation».
Martin Freeth
Assisté de David Puttnam,
Martin Freeth a fondé, il y a quatre ans, les BAFTA's Interactive Entertainment
Awards. Après une longue carrière à la télévision de
la BBC au cours de laquelle il a réalisé plusieurs films, séries et émissions à
caractère scientifique, il a mis au point le BBC Multimedia
Centre, un centre qui a mené des recherches sans but pratique sur les médias
interactifs et qui a conduit au développement de la BBC Online.
Martin Freeth a récemment été nommé directeur
exécutif du nouveau Futurlab de Bristol, une
initiative de la National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA) de la Grande-Bretagne, un organisme dont
les fonds permettent la réalisation de projets créatifs qui s'inscrivent dans
un large spectre d'intérêt, y compris les logiciels d'apprentissage.
Louise Leduc
Sa mère avait obtenu une bourse pour étudier
à McGill, mais elle avait dû la refuser sous les
pressions de son propre père. «Une fille n'a pas sa place à l'université»,
avait-il tranché.
Photo ALAIN ROBERGE, La Presse |
Heather Munroe-Blum donne tort à son grand-père de
magistrale façon. |
Heather Munroe-Blum
donne aujourd'hui tort à son grand-père de la plus magistrale façon. Non
seulement fait-elle son entrée à McGill, mais plus
encore, elle y entre par la grande porte.
Première femme à y occuper le poste de
principal (l'équivalent du recteur), Mme Munroe-Blum
en tire certes beaucoup de fierté. «J'aimerais bien que ma mère soit encore de
ce monde pour voir cela!»
En entrevue avec les médias hier, Mme
Blum avait encore bien peu à dire.
De quelle façon compte-t-elle aborder le
problème du sous-financement à McGill?
Comment attirer les plus grands chercheurs et
professeurs de tous les horizons? Faut-il prôner un dégel des droits de
scolarité, comme le préconisait son prédécesseur, Bernard Shapiro?
Mme Blum y est cependant allée
d'un vibrant plaidoyer en faveur de la vocation généraliste de McGill. «Les gouvernements qui font peu de cas des sciences
sociales et qui n'en ont que pour les sciences pures et le génie commettent une
grave erreur», a-t-elle fait valoir, citant l'exemple de la bioéthique. L'usage
des technologies les plus avancées ne suppose-t-il pas de se pencher sur leurs
implications philosophiques, culturelles et sociales?
Sous Heather Munroe-Blum, elle-même détentrice d'une maîtrise en service
social et d'un doctorat en épidémiologie, l'Université McGill
accordera donc une place de choix aux arts, aux lettres et aux sciences
sociales. Sous son règne, l'université continuera par ailleurs de s'ouvrir au
secteur privé, si et seulement si, jure-t-elle, c'est dans l'intérêt premier de
l'université. «Les professeurs devront toujours avoir pleine liberté de
réaliser les recherches de leurs choix», insiste Mme Blum.
Sur la question des droits de scolarité, elle
n'a pu préciser quelle sera sa position, mais elle a rappelé que les Québécois
paient nettement moins cher leur éducation universitaire que les autres
Canadiens. «Chose certaine, je ne privilégierai jamais des hausses des droits
de scolarité qui ne seraient pas accompagnées d'un système d'aide financière
adéquat.
Aucun étudiant admis à McGill
ne devrait être empêché d'y étudier à cause de contraintes financières», de
poursuivre Mme Blum, qui raconte avoir elle-même terminé ses études
grâce à plusieurs prêts et bourses, mais avec une dette d'étude de 8000$.
Native de Montréal, Mme Blum n'est
manifestement pas bilingue. Des cours intensifs de français sont inscrits à son
programme des prochains mois, après son départ de l'Université de Toronto.
Au cours de sa carrière, Mme Blum,
qui entrera officiellement en fonction en décembre, au départ de Bernard
Shapiro, s'est principalement intéressée à l'élaboration de pratiques et de
politiques de santé mentale. Avant de devenir vice-présidente de l'Université
de Toronto, en 1994, elle avait été professeure à
l'Université McMaster et à l'Université de Toronto,
puis doyenne de la faculté de service social.
Ses fonctions antérieures d'administratrice
l'ont amenée à faire du lobbyisme auprès des
gouvernements ontarien et canadien pour assurer un financement adéquat à ses
anciennes universités d'attache.
Fait à noter, elle est présidente du Groupe
consultatif universitaire d'Industrie Canada et vice-présidente du conseil de
Génome Canada.
Martin Simard, président de la Fédération étudiante collégiale du
Québec (FECQ)
(À Madame Brigitte Breton, éditorialiste, LE
SOLEIL)
J'ai lu avec attention votre éditorial du 12
avril portant sur l'habilitation des collèges à décerner le diplôme d'études
collégiales (DEC). Force est de constater que votre argumentation se vaut, mais
à ce compte vous devez admettre que la nôtre est également valable.
Effectivement, votre approche se base sur les
écrits, la législation et la réglementation en place à l'heure actuelle. La
nôtre, cependant, trouve sa source dans l'expérimentation des pratiques
gouvernementales et politiques qui ont cours face au réseau collégial. Dans ce
cadre, il est normal que votre argumentation s'inscrive en droite ligne avec
celle du ministre et du gouvernement alors que celle de la FECQ rejoint les
gens qui vivent les cégeps au quotidien : les étudiants, les professeurs, le
personnel de soutien, le personnel professionnel, etc.
Votre raisonnement se résume à : « Nous
laissons aller le réseau collégial depuis quelques années ; il va mieux.
Continuons de le laisser aller ; il n'ira que de mieux en mieux. » Penser de la
sorte, c'est faire fi du coup dur qui a été asséné au réseau collégial de 1994
à 1997 alors qu'il subissait des coupes budgétaires sans précédents. Pendant
près de quatre ans, le réseau gérait la décroissance et ne pouvait se permettre
d'évoluer. Depuis, à la suite de la pression des mêmes acteurs dont vous
dénoncez l'action maintenant, des investissements ont eu lieu dans le réseau
collégial. Bref, le réseau ne va pas mieux parce qu'on le laisse aller. Il
progresse parce qu'on lui a permis de sortir la tête de l'eau et de recommencer
à respirer un tant soit peu.
Vous affirmez que le ministre garderait l'œil
sur les programmes, advenant l'habilitation. Sur ce point, j'aimerais vous
rappeler le dossier des « frais champignons », qui défrayait les chroniques
d'éducation il y a quelques temps et que vous avez eu l'occasion de couvrir à
plusieurs reprises en 1999. Le ministre devait aussi « garder l'œil » sur les
droits chargés aux étudiants collégiaux. Il a tellement bien effectué son
devoir d'administrateur public que, depuis 1999, les acteurs du réseau tentent
de mettre de l'ordre dans ce chaos. Le ministre a tellement gardé l'œil ouvertqu'il s'est fait prendre au dépourvu en commission
parlementaire. Vous vous rappelez ? Vous y étiez.
Alors concernant la vigilance du ministère de l'Éducation et des
administrations des collèges, on repassera !
En laissant plus de latitude aux
administrations, le ministre a abandonné certaines de ses tâches. Bien que nous
reconnaissions un certain degré d'autonomie aux administrations locales des
cégeps, il nous apparaît que l'habilitation viendrait confirmer une tendance à
l'abandon du réseau public que forment les collèges. En conservant intact le
processus d'habilitation dans la réglementation, le ministre se laisse la porte
ouverte à un abandon graduel de la notion de réseau collégial.
Bref, comme la présence du libéralisme tous
azimuts semble devenir la norme en vogue, même en ce qui a trait aux services
publics, je me permettrai de prendre l'analogie économique suivante : vous nous
dites à la manière d'Adam Smith : « Laissez faire, laissez aller ! À long
terme, tout sera réglé. » Eh bien ! Tout comme Keynes, nous vous répondons,
madame : « À long terme, nous serons tous morts ! »
Éditorial - Alors
qu'elles étaient quasi absentes des facultés de médecine il y a 40 ans, voilà
qu'elles prennent la profession d'assaut, plus que jamais. En septembre
prochain, 80 % des étudiants qui entameront des études en médecine à l'Université
de Montréal seront des femmes. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter?
La proportion de femmes dans les facultés de médecine
de la province ne cesse d'augmenter. Le phénomène s'observe ailleurs au pays,
mais nulle part n'est-il aussi marqué qu'au Québec où, si la tendance se
maintient, les hommes médecins se compteront dans quelques années sur les
doigts de la main. Les conséquences de ce revirement brutal sont nombreuses et,
on le sait, elles ne touchent pas seulement la médecine. Pour s'en convaincre,
il n'est que de jeter un coup d'oeil aux statistiques: en septembre dernier,
les femmes représentaient 58,7 % de toutes les nouvelles inscriptions à temps
plein dans les universités du Québec. Et leurs dossiers scolaires étant plus
reluisants, elles décrochent sans problème les meilleures places dans les
disciplines contingentées. Car, est-il nécessaire de le rappeler, les filles
manifestent tôt dans la vie un désir de persévérer qui n'habite pas les garçons
avec la même intensité.
À l'Université de Montréal, la direction de la faculté
de médecine a voulu aller plus loin. Craignant que son processus de sélection
des candidats ne désavantage les garçons, par quelque biais systémique caché,
elle l'a soigneusement révisé. Conclusion? Tout en accusant certaines
faiblesses, le processus ne comporterait aucun biais sexuel et il n'y aurait
donc pas lieu de mettre en vigueur des mesures de discrimination positive en
faveur des garçons. Si les filles forment aujourd'hui une majorité écrasante,
c'est d'abord parce qu'elles sont beaucoup plus nombreuses à faire une demande
d'admission.
La direction de la faculté s'était demandé,
dans un premier temps, si la plus grande maturité des filles à la sortie du
cégep n'expliquait pas, en partie, la désertion des garçons. Cette hypothèse
méritait d'autant plus d'être examinée que les candidats de nombreuses
institutions anglophones, où la proportion de filles, tout en étant importante,
n'était pas écrasante, ont déjà obtenu un baccalauréat lorsqu'ils entrent en
médecine. Les garçons, frivoles plus longtemps, se rattraperaient donc. Mais
encore là, l'Université n'a rien trouvé de concluant. Les garçons qui font une
demande d'admission après avoir obtenu un baccalauréat dans une autre faculté
ne se distinguent pas du lot.
Jetant un coup d'oeil dans le rétroviseur, le comité
se demande si bon nombre de garçons ne se sont pas exclus d'eux-mêmes plusieurs
années auparavant, en ne choisissant pas, au secondaire, les options qui
ouvrent la porte des sciences biologiques une fois parvenus au cégep.
L'adolescent de 14 ans ne sera pas nécessairement porté à choisir le cours de
mathématiques le plus exigeant, ce qui ne signifie en rien qu'il ne serait pas
ultérieurement apte à remplir les exigences d'une profession qui lui est
désormais fermée à jamais.
Le système scolaire est beaucoup trop rigide.
L'étudiant qui n'a pas suivi les cours nécessaires pour être admis dans un
programme collégial devrait pouvoir suivre ces cours sans être obligé de
reprendre toute une année ou attendre des mois. Un grand nombre de jeunes
ignorent à cet âge quel chemin ils emprunteront plus tard dans la vie, et cela
n'a rien de scandaleux.
La féminisation de la profession entraîne des
changements importants dans l'organisation du travail. Comme c'est le cas dans
d'autres secteurs, les femmes médecins ne sont dans l'ensemble pas prêtes à
sacrifier leur vie familiale à leur carrière. Les 60 heures par semaine, bien
peu pour elles! Au fil des ans, elles en sont venues à imposer une organisation
du travail qui prend en compte leurs responsabilités familiales. Est-ce à dire
qu'elles boudent certaines spécialités? Pas du tout. À l'Université de
Montréal, les filles dominent tous les départements, sauf celui de la
chirurgie.
Le gouvernement, qui avait déjà reconnu qu'il y avait
pénurie de médecins en augmentant quelque peu le nombre des admissions dans les
facultés de médecine, devra se montrer moins chiche et comprendre que, si les
femmes sont moins obsédées par leur travail, il faudra plus de médecins pour
accomplir les mêmes tâches.
La surreprésentation des filles ne se limite pas à la
médecine. Elles surclassent les garçons dans la majorité des disciplines
contingentées, sauf en génie. Il n'y a pas là de quoi se surprendre puisque le
phénomène du décrochage des garçons dès le secondaire s'observe depuis une
bonne dizaine d'années dans l'ensemble du monde occidental. L'école serait-elle
faite pour les filles? La question se pose. En guise de début de réponse, qu'il
suffise de mentionner que si les femmes représentent 80 % des étudiants en
médecine, elles forment encore 95 % du contingent de jeunes qui se préparent à
enseigner à l'école primaire!
Cela dit, il ne fait aucun doute que le décrochage des
garçons est un phénomène complexe que de petits changements ne sauront pas
enrayer. Mais cela ne présage rien de bon pour l'avenir. Il est important que
les institutions scolaires, mais aussi le gouvernement dans son ensemble,
s'attaquent à ce problème.
L'école devenue produit? Les parents et l'élève
métamorphosés en clients? Pour concurrencer le réseau privé, prévenir les
effets des chutes démographiques et mieux répondre aux attentes des parents,
les écoles publiques se tournent vers le marketing et les stratégies de
communication.
Identifiées en effet comme l'un des défis auxquels
l'école publique doit faire face pour éviter les baisses de clientèle, les
stratégies de communication constituent l'un des axes du colloque «Les défis de
l'école publique» organisé conjointement par le ministère de l'Éducation et la
Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) dans une dizaine de
jours.
Invités à mieux vendre leur produit aux clients que
sont les parents et les élèves, les dirigeants scolaires, enseignants et
parents qui fréquenteront le colloque auront donc droit à des conférences sur
la «construction d'une image positive de l'école», la manière de soigner ses communications
avec les clients de l'école, les outils de promotion liés à la vente du produit-école et les actions de mise en marché nécessaires
pour faire mieux connaître les services de l'école, tel qu'on le décrit dans le
programme du colloque.
Des conférenciers issus d'entreprises de communication
marketing telles BPR, Tactic, Amalgame Cargo,
Cossette Communication marketing et Hill & Knowlton,
Ducharme Perron ont donc été invités par le ministère
et la fédération à proposer diverses pistes pour modifier les communications
entre la population et l'école, leur donnant un souffle promotionnel. En marge
du colloque, un salon de l'école publique ouvert à la population doit permettre
aux écoles et aux commissions scolaires qui y auront un kiosque de «marquer leurs
bons coups», tel que l'explique le président de la FCSQ, André Caron.
Alors qu'on perçoit une baisse de popularité du réseau
public au profit du concurrent privé, que faut-il comprendre de ce virage
marketing que l'on propose soudain aux écoles comme une manière de mieux
mousser leur produit? «Il faut travailler sur la perception, sur l'image de
l'école publique», explique André Caron, qui croit que la concurrence du réseau
privé n'est pas la raison première qui motive les rapprochements entre l'univers
du marketing et l'école. «L'école a des comptes à rendre, mais ça n'a pas seulement une connotation négative, ça. Il faut
parler des bons coups aussi! Tant mieux si ça nous permet d'attirer du monde.»
Du même souffle, le président de la FCSQ admet que
tout cela entraînera les écoles dans un vent de promotion. «C'est cela, il faut
bien l'admettre. Et il faut voir et traiter notre clientèle comme des clients,
parce que c'est de cela qu'il s'agit, avec les parents au primaire, et les
élèves au secondaire.»
Cette façon de promouvoir le produit-école,
à laquelle les universités se sont abonnées depuis quelques années déjà comme
en font foi des campagnes publicitaires agressives, n'aura peut-être pas
l'appui spontané d'un réseau peu habitué aux manières de l'entreprise privée.
«Les gens vont être frileux devant certains termes, c'est très évident, parce
que l'approche privée n'est pas spontanément liée à ce réseau institutionnel»,
explique à ce sujet l'un des conférenciers, Jean Rouleau, vice-président
planification et chef du produit chez Amalgame Cargo, une entreprise de
communication marketing.
«Les écoles publiques n'ont jamais vraiment été dans
une dynamique de concurrence, mais maintenant elles le sont, à cause de la
baisse démographique et de la concurrence du réseau privé», ajoute celui qui
entretiendra les participants les 9 et 10 mai prochains sur «les enjeux et les
défis liés à la promotion et au marketing de l'école publique».
«L'école connaît un problème de perception, et c'est
un problème réel», poursuit Jean Lemay,
vice-président marketing chez BPR, qui doit donner le ton à ce volet
«communication» du colloque en évoquant le «problème de perception et de
crédibilité majeur» que vit le réseau public et qui «entraîne une baisse de
clientèle importante», tel qu'on le présente dans le programmedu
colloque.
«Il faut parler du concept de perception, et de la
façon d'en faire un élément de gestion», poursuit M. Lemay.
«Les écoles doivent avoir une attitude gagnante, être pro-actives,
persistantes et authentiques. En bref, ce qu'elles doivent saisir, c'est que
les bons coups font tache d'huile.»
Pour mieux vendre leur produit, les écoles doivent
donc adopter - et peut-être acheter - des stratégies de communication qui
permettront de mieux vendre ce qu'elles ont à offrir. «Il faut maintenant
considérer les parents comme des clients, dans le sens noble du terme, comme
des consommateurs qui viennent chercher un service», explique Line-Sylvie Perron, présidente et directrice générale de
Hill & Knowlton, Ducharme Perron, qui doit
aborder lors du colloque l'amélioration des communications entre les parents et
l'école dans une optique de mise en marché et de promotion.
«Les attentes des parents sont de plus en plus
grandes, et l'école doit innover elle aussi pour suivre la cadence», ajoute Mme
Perron. «La société demande beaucoup aux parents, mais les parents eux-mêmes
demandent beaucoup de l'école, qui doit trouver de nouveaux moyens de les
rejoindre.»
Ce virage marketing est proposé au moment où les
écoles donnent l'impression de diversifier de plus en plus leur offre, au sein
même du réseau public, comme en témoigne la prolifération des volets
particuliers dont elles se dotent. La concurrence que l'on connaît entre privé
et public se transporterait-elle donc à l'intérieur même du secteur public?
«Non, il ne faut pas voir cela comme une manière pour
les parents de magasiner les écoles», explique André Caron, qui croit que le
principe de l'école de quartier vers laquelle on devrait spontanément se
diriger n'est pas en péril. «Mais c'est sûr que si une école vante son projet
particulier, ça peut avoir des retombées et tant mieux si ça arrive!»
Pascale Breton
La Presse
Québec
Le régime de prêts et bourses mis en place
par le gouvernement québécois ouvre désormais sa porte aux
étudiants à temps partiel ainsi qu'à ceux qui suivent une formation
professionnelle au secondaire.
C'est ce qu'a annoncé mardi le ministre de
l'Éducation, Sylvain Simard, en déposant son projet
de loi fort attendu modifiant la Loi sur l'aide financière aux études.
«Ce projet de loi prévoit des modifications
au programme de prêts et bourses afin de permettre à certaines personnes qui
poursuivent leurs études à temps partiel, en raison de leur situation
familiale, de bénéficier de ce programme d'aide financière», a déclaré M. Simard devant l'Assemblée nationale.
Des données recueillies par la Fédération
étudiante universitaire du Québec révèlent que 70% des étudiants à temps
partiel sont des femmes, dont la moitié proviennent d'un milieu familial à
statut économiquement précaire et dont 40% ont des enfants à leur charge. La
FEUQ a d'ailleurs applaudi mardi cette annonce attendue depuis longtemps.
«Sept ans après le rapport MacDonald, les
étudiants à temps partiel auront enfin accès à l'aide financière aux études. Le
projet de loi permettra à plusieurs étudiants qui vivaient jusque-là une
réalité particulière d'accéder aux études postsecondaires, notamment les mères
de familles monoparentales», s'est réjoui le président de la fédération,
Nicolas Brisson.
C'est une somme de 7,2 millions que le
gouvernement consent à investir pour la mise en place de ce programme d'aide
accessible aux étudiants à temps partiel. Ce coup de pouce attendu depuis
nombre d'années concrétise un engagement du PQ pris lors de la dernière
campagne électorale. Cette mesure va permettre à un plus grand nombre de jeunes
d'accéder à des études postsecondaires en plus d'encourager ceux qui doivent
étudier tout en travaillant.
Pour être reconnu comme étudiant à temps
partiel et être admissible au régime de prêt, l'étudiant doit accumuler, pour
un même trimestre, de 76 à 179 heures de cours en formation professionnelle au
secondaire. Au collégial, il doit être inscrit à deux ou trois cours tandis
qu'à l'université, il doit être inscrit à des cours donnant l'équivalent de six
à 11 crédits.
Marc Thibodeau
La Presse
En raison d'une hausse marquée de ses
dépenses au cours des dernières années, le Québec investit désormais plus
d'argent par élève que toute autre province canadienne, indiquent
de nouvelles données du ministère de l'Éducation que La Presse a
obtenues.
Ces mêmes données indiquent que l'écart continue néanmoins de se creuser avec les États-Unis, qui
dépensent aujourd'hui 28% de plus par élève alors que l'écart n'était que de
10% au début de la décennie.
En dépit de l'effort additionnel des
dernières années, 48 des 50 États américains investissent
plus d'argent par élève que le Québec.
Photothèque La Presse |
En dépit de l'effort additionnel des
dernières années, 48 des 50 États américains investissent
plus d'argent par élève que le Québec. |
En 1992-1993, les commissions scolaires de la
province dépensaient 5634$ par élève alors que les moyennes canadiennes et
américaines étaient respectivement de 5613$ et 6551$. L'Ontario, qui dépensait
alors plus que toute autre province, investissait 6114$ par élève.
Nouvelle convention
Selon les plus récentes estimations du
Ministère, valables pour l'année 2000-2001, le Québec investit maintenant 6761$
comparativement à 6588$ pour l'ensemble du Canada et 6637$ pour l'Ontario. Les
États-Unis versent pour leur part 8686$ par élève.
Selon le Ministère, la forte croissance des
dépenses du Québec s'explique notamment par l'adoption d'une structure
salariale bonifiée pour le personnel enseignant en avril 2000, par l'entrée en
vigueur d'une nouvelle convention collective ainsi que par une série de mesures
de soutien.
Ces mesures incluent le financement
additionnel des services de garde, l'implantation de la réforme de l'éducation,
le soutien aux milieux défavorisés ainsi que le versement d'allocations pour
diminuer les frais exigés des parents.
Selon le directeur des études statistiques et
quantitatives du Ministère, Robert Maheu, la différence croissante entre les
dépenses du Québec et celles des États-Unis s'explique en partie par le fait
que le rapport élèves-enseignants, calculé en
divisant le nombre total d'élèves par le nombre total d'enseignants, est plus
élevé chez nos voisins du Sud, soit 14,9 contre 16,2.
Salaire moyen
Le salaire moyen des enseignants, aussi plus
élevé aux États-Unis qu'ici, explique une autre partie de l'écart. La
différence salariale était de près de 4300$ en 2000-2001 en tenant compte des
différences du coût de la vie.
Une analyse additionnelle s'imposerait pour
obtenir une explication détaillée de l'ensemble de l'écart, note M. Maheu. «Les
données budgétaires ne sont pas présentées de la même façon pour les
commissions scolaires américaines. Ça complique grandement les comparaisons»,
dit-il.
Le recul relatif de l'Ontario sous l'angle
des dépenses par élève s'expliquerait notamment par les coupes de postes
importantes réalisées au cours des années 1990.
M. Maheu fait valoir que les dépenses par
élève des commissions scolaires ne sauraient constituer, de toute manière, un
indicateur fiable de la qualité de l'éducation prodiguée dans les écoles de la
province. «Je crois que c'est au niveau des résultats qu'il faut juger le
système», note-t-il.
Épreuves internationales
Le Ministère fait notamment valoir que les
enfants québécois font très bonne figure dans des épreuves internationales
comme celles qui sont administrées par le Programme international pour le suivi
des acquis des élèves (PISA), où ils terminent dans le peloton de tête en
lecture, en sciences ainsi qu'en mathématiques.
«Les États-Unis se classent de leur côté dans
la moyenne des pays de l'OCDE, même s'ils dépensent beaucoup plus que le
Québec», note M. Maheu.
Inquiètes de voir le nombre d'élèves du secondaire qui
passent au secteur privé, les commissions scolaires ont décidé de se donner une
stratégie de mise en marché. Ainsi, le prochain colloque annuel de la
Fédération des commissions scolaires fera une large place aux experts en
marketing qui éduqueront les responsables scolaires aux techniques de vente.
Quant à savoir si ce travail sur l'image de l'école réglera les problèmes de
fond, c'est une autre question...
En cette ère d'information, tout ce qui ne fait pas
l'objet d'une mise en marché soigneusement orchestrée par un expert en
communication reste sur les tablettes. Cela vaut pour les biens de consommation
mais également pour les créations artistiques, les campagnes de levée de fonds
et même l'école. Les établissements privés se livrent à une concurrence
forcenée depuis de nombreuses années et les universités, dont les subventions
sont liées au nombre d'étudiants, rivalisent d'ingéniosité pour attirer les
jeunes sur leur campus. Que l'école publique monte à son tour à bord du train
n'a rien de particulièrement étonnant, surtout lorsqu'on replace ce virage dans
un contexte plus général.
Cela dit, à plus ou moins brève échéance, c'est notre
conception de l'école et le lien que nous entretenons avec elle qui risquent de
s'en trouver modifiés. Pour le meilleur et pour le pire. Car les pièges d'un
tel virage commercial sont bien réels.
Cela dit, il ne sert à rien de se leurrer, le
changement est déjà en cours. Un nombre significatif de parents «magasinent»
l'école de leur enfant comme ils le feraient pour tout autre produit. L'école
n'est plus ce lieu qu'on fera nous-mêmes évoluer en participant à ses instances
mais un établissement qui s'engage à livrer la marchandise, c'est-à-dire à
transmettre certaines connaissances à l'enfant-client.
Les parents, du moins ceux de la classe moyenne, se font de plus en plus
exigeants. Ce n'est pas pour rien que le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, encourage les écoles à multiplier les «volets
particuliers», notamment les programmes de sport-études,
d'éducation internationale, d'immersionen sixième
année, etc. Ces projets, outre qu'ils contribuent à retenir au secteur public
les parents attirés par le secteur privé, constituent d'excellents outils de
promotion.
Mais un doute s'installe. Qu'arrivera-t-il aux établissements
que fréquentent des enfants qui en arrachent et que les experts en marketing
auront bien du mal à présenter sous un jour merveilleux? Ces écoles, qui ne
seront pas idéalisées à pleines pages dans les journaux, réussiront-elles à
attirer des enfants? Autre question: faudra-t-il, à compter de maintenant, ne
jamais mentionner les mots drogue ou violence de peur de ternir l'image de
l'école?
La Fédération des commissions scolaires justifie son
approche en faisant valoir qu'un système d'éducation à deux vitesses risque de
s'installer si tous ceux qui le peuvent fuient vers le secteur privé. Mais la
menace de fracture existe bel et bien à l'intérieur même du système public,
entre ceux qui seront bien servis par une belle image et les autres...
Personne ne niera que l'école publique souffre d'une
mauvaise perception. Mais cette perception n'est pas nécessairement éloignée de
la réalité. Et il n'est pas certain que la solution réside dans un battage
publicitaire orchestré par des experts en marketing.
Il y a quelques années à peine, un vent de protestation
était rapidement venu à bout d'un projet des propriétaires d'autobus scolaires
qui voulaient placer de la pub dans leurs véhicules. Les enfants devaient
pouvoir apprendre loin du bruit commercial. Il sera plus difficile, désormais,
de préserver cet espace
L'école de quartier ne résistera pas longtemps à ce
virage, qui englobera l'école primaire comme le reste. Les parents, qui sont
tenus d'inscrire leurs enfants à l'école du quartier, voudront aller voir ailleurs
si l'herbe ne serait pas plus verte. L'école que les parents contribuent à
changer en s'impliquant ne sera bientôt plus qu'une vision du passé.
Soyons réaliste. L'école publique a
une côte à remonter, cela est certain. Une partie de la population ne lui fait
plus confiance. Qu'elle soit mal comprise, cela est possible. Mais l'école
secondaire publique souffre de maux réels, auxquels ses responsables doivent
s'attaquer. Et il faudra plus qu'une campagne de promotion pour regagner la
faveur des parents.
Reginald Sorel
Québec
Le Conseil supérieur de l'éducation publiait,
le 11 avril, un important rapport intitulé Au collégial : l'orientation au cœur
de la réussite. Bizarrement, seul un éditorial a commenté brièvement ce
document. Ce n'est sûrement pas la banalité du contenu qui en est la cause. En
effet, alors que, comme son prédécesseur, le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, concentre toute son action sur la réussite scolaire
en obligeant les établissements à atteindre des résultats chiffrés et
ambitieux, le CSE écrit : « Dans le contexte actuel, le risque est grand de
perdre de vue le sens de la réussite éducative, de compromettre la qualité de
la réussite au profit d'objectifs quantitatifs, voire à lui nuire même sur le
plan quantitatif. » C'est après une lecture des plans de réussite des collèges,
ceux que le ministre a exigés de chacun, que le CSE en vient à cette sérieuse
mise en garde.
Dans cet avis au ministre, le Conseil
supérieur nous amène à découvrir un curieux phénomène dans les règles qui
régissent le passage entre le secondaire, le cégep et l'université. Malgré la
très grande variété des programmes qui s'offre à eux au cégep comme à
l'université, ce sont les résultats scolaires qui, tout compte fait, auront
décidé de la carrière future des étudiants. Une série de règles joue en ce sens
et s'impose déjà, de façon presque irréversible, dès la fin du troisième
secondaire.
C'est en effet le résultat scolaire obtenu à
ce moment qui décidera de l'inscription, en quatrième secondaire, à un cours de
math plutôt qu'à un autre. Cette seule règle aura pour effet d'ouvrir ou de
fermer plusieurs options à ce jeune qui n'a que 14 ou 15 ans. En effet, outre
le programme des sciences de la nature, plusieurs programmes techniques et des
profils de sortie en sciences humaines rejettent les candidats qui ont suivi le
cours de mathématiques allégées. Au moment de l'admission au cégep, c'est
l'ensemble du dossier scolaire de l'élève qui risque de l'éliminer des
programmes contingentés ou des programmes où la demande est forte.
L'élève qui veut se diriger vers l'université
devra en plus prévoir l'effet éventuel de la cote R, imposée par de nombreux
départements et facultés universitaires, dans son choix de programme à l'entrée
au cégep.
Ces constats risquent de prendre plus
d'ampleur dans les années qui viennent : « La pression qui s'exerce
actuellement sur les collèges pour augmenter leur taux de diplomation,
écrit le CSE, peut avoir pour effet de renforcer la sélection des élèves sur la
base exclusive des résultats scolaires et d'élever ainsi le seuil
d'admissibilité. » Et le Conseil ajoute : « Dans le contexte actuel de baisse
démographique et de concurrence accrue, il arrive aussi que les pratiques de
sélection des établissements changent, se raffinent et deviennent à certains
égards moins transparentes. »
Le résultat de cette plus grande sélection ne
peut donc avoir que deux effets : un déclin important du taux d'accessibilité
au cégep ou une masse plus grande d'élèves qui se retrouvent dans des
programmes sans trop savoir ce qu'ils y font. En l'absence de motivation,
l'échec et le décrochage s'ensuivent. Le CSE note les résultats d'une étude qui
démontre que les aptitudes intellectuelles ne comptent que pour 25 % dans la
réussite scolaire, le facteur décisif étant « la capacité de se fixer des
objectifs dans un programme spécifique, fruit d'une décision personnelle ».
Le CSE considère que la recherche de
l'identité personnelle par laquelle passent tous les jeunes, et qui est
intimement liée au choix d'une carrière future, est une réalité dont les
collèges ne peuvent faire abstraction. Le soutien à ce difficile cheminement
doit être aussi important que l'aide à la réussite.
Comme le note le Conseil supérieur, le
rapport Parent justifiait la création du cégep, entre autres, par la nécessité
d'offrir aux jeunes un moment qui leur permette de faire le choix d'une
carrière, un moment de réflexion où l'hésitation est un peu la règle du jeu.
Faut-il souligner que les pressions actuellement exercées en faveur d'une
réussite scolaire rapide nous écartent totalement de cette vision ?
Les recommandations du CSE veulent réduire
l'effet des résultats scolaires sur l'orientation par une série de mesures qui
visent à effacer le caractère irréversible des échecs et des mauvais choix qui
parsèment le cheminement de la plupart des jeunes à l'école et au cégep. Par
exemple, la possibilité de reprendre un cours de mathématiques du secondaire
qui ouvre la porte à plus d'options, le droit de reprise d'un examen raté sans
avoir à refaire le cours, l'effacement d'un échec à son dossier si la reprise a
été réussie, une moins grande spécialisation et une plus grande harmonisation des
contenus d'enseignement entre les programmes d'un même collège afin de
faciliter les changements de programme.
Plus ambitieuse est cette autre
recommandation du CSE qui vise à renouveler en profondeur les contenus,
l'organisation de l'enseignement et la pédagogie de la première année d'études
collégiales afin de prendre pleinement en considération le fait que plusieurs
élèves sont encore à la recherche d'une orientation professionnelle.
Avant de poser un jugement définitif sur
chacune des nombreuses recommandations du Conseil supérieur, nous voulons en
analyser les implications avec nos membres. Cela dit, nous sommes heureux que
le Conseil se prononce enfin sur l'obligation de résultats imposée aux collèges
et des réserves sérieuses qu'il émet à ce sujet. Nous partageons entièrement
l'idée selon laquelle la réussite scolaire n'est pas synonyme de réussite
éducative et nous sommes aussi fort inquiets des conséquences de cette
politique sur la démocratisation de l'enseignement supérieur.
L'auteur est président de la Fédération des
enseignantes et enseignants de cégep (CSQ)
Marc Thibodeau
La Presse
Les pressions exercées par le ministère de
l'Éducation sur les cégeps pour les inciter à augmenter le nombre d'élèves qui
obtiennent leur diplôme d'études collégiales risquent-elles d'inciter certains
établissements à revoir leurs exigences à la baisse?
La question se pose à la suite d'une décision
du cégep de Saint-Jérôme, qui a choisi à la dernière rentrée de réviser ses
critères de correction du français.
Plutôt que de retirer un point par faute
d'orthographe, de syntaxe ou de ponctuation jusqu'à concurrence de 30 points,
les enseignants du département de français et de littérature de l'établissement
n'enlèvent plus qu'un demi-point.
Manque d'uniformité
Michèle Bourgon,
qui y enseigne la littérature, déplore cette décision. Les enseignants,
dit-elle, voulaient d'abord s'ajuster aux pratiques de correction en cours dans
la plupart des autres établissements de la province après avoir constaté que
leurs propres critères étaient plus sévères.
«Il n'y a pas d'uniformité d'un cégep à
l'autre, ce qui est absurde, dit-elle. Un élève qui a eu 60% à un endroit dans
un cours de littérature aurait peut-être eu 70% ou 80% dans un autre, on ne
peut pas savoir.»
L'initiative des enseignants reflète aussi,
selon Mme Bourgon, l'effet pervers de
l'importance qu'accorde le Ministère au taux de réussite de chaque cégep. Les
établissements sont invités dans leur plan de réussite à se doter d'objectifs
«ambitieux», mais c'est la «qualité» du diplôme qui risque d'être diluée dans
le processus, note l'enseignante.
Selon elle, le cégep de Saint-Jérôme n'est
«ni pire ni meilleur» que le reste du réseau puisque tous les établissements
sont tentés d'utiliser des raccourcis pour atteindre les objectifs réclamés par
Québec et rivaliser avec succès avec les établissements voisins. «C'est la même
dynamique partout au Québec», indique Mme Bourgon.
Le directeur des études du cégep, Robert
Ducharme, estime de son côté que la révision des critères de correction découle
d'un souci «d'équité» envers les élèves.
«Nous étions l'un des seuls cégeps qui
utilisaient cette grille plus sévère», note M. Ducharme, qui refuse de parler
d'une baisse d'exigences. L'établissement, dit-il, craignait notamment que les
critères plus sévères du département de français n'incitent les élèves à «aller
étudier ailleurs».
Changements possibles pour la prochaine
rentrée
Quelques heures après avoir conversé une
première fois avec La Presse, M. Ducharme a précisé hier que les
critères de correction pourraient être rehaussés à leur niveau initial pour les
cours plus avancés à la prochaine rentrée. «Les élèves auraient ainsi le temps
de s'ajuster dans leurs premiers cours avant d'être soumis à la grille plus
sévère», dit-il.
Le responsable de la formation générale au
Ministère, Jean-Denis Moffett, souligne que les
établissements ont le dernier mot en ce qui a trait à la grille de correction.
Beaucoup d'entre eux s'inspirent cependant de celle qui est retenue pour
l'épreuve uniforme de français, dans laquelle chaque erreur d'orthographe
entraîne la perte d'un point.
La présidente de la commission des affaires
pédagogiques de la Fédération des cégeps, Monique Laurin,
s'est dite «très surprise» hier de la décision du cégep de Saint-Jérôme. La
tendance dans le réseau, dit-elle, est plutôt au renforcement des exigences en
matière de français.
Le président de la Fédération nationale des enseignants
du Québec (FNEEQ), Pierre Patry, qui réunit la
majorité des enseignants de niveau collégial, affirme qu'il n'a pas eu vent
d'autres établissements ayant révisé leurs critères de correction à la baisse.
La Fédération craint néanmoins que les pressions
du Ministère incitent effectivement les établissements à réduire leurs
exigences, en diminuant du même coup la valeur du diplôme décerné. «C'est bien
d'encourager la réussite, mais pas à n'importe quel prix», dit-il.
Dans La Presse de jeudi, mon
collègue Marc Thibodeau nous apprenait que la
direction du cégep de Saint-Jérôme a décidé de revoir à la baisse ses critères
de correction des examens de français.
Selon les anciens critères, l'élève
perdait un point, jusqu'à concurrence de 30 points, pour chaque faute
d'orthographe, de syntaxe ou de ponctuation. Cette norme a été abaissée à un demi-point. Autrement dit, l'élève peut commettre deux fois
plus de fautes sans être inquiété.
Il s'agit là, à mon avis, de la nouvelle
la plus déprimante de la semaine.
On n'insistera jamais assez sur
l'importance de bien posséder sa langue maternelle.
Sur le marché du travail, la personne
capable de s'exprimer correctement aura toujours plus de chances de décrocher
un emploi intéressant, obtenir de l'avancement, persuader ses collègues et ses
patrons, gagner l'estime de ses clients.
À l'heure où les frontières tombent, à un
moment où les sociétés industrialisées misent sur l'économie du savoir, il est
devenu plus important que jamais de communiquer efficacement, d'être capable de
transmettre des messages clairs.
Les carrières de demain seront de plus en
plus internationales. Parler une langue, voire deux, ne suffira plus. Des
possibilités immenses s'ouvriront à ceux qui pourront non seulement s'exprimer
en français et en anglais, mais aussi en espagnol, en allemand, voire en
mandarin ou en russe.
Or, tous les experts vous confirmeront
qu'il est impossible d'apprendre correctement une autre langue si on ne possède
pas d'abord une solide maîtrise de sa langue maternelle.
Le même raisonnement s'applique au niveau
collectif. Une société incapable de communiquer efficacement est condamnée à
l'isolement et à la déchéance économique.
Alors que les défis les plus stimulants
attendent ceux qui seront capables de bien s'exprimer, oralement et par écrit,
le cégep de Saint-Jérôme dévalue sa propre grille de correction. C'est
stupéfiant.
Pire: c'est exactement le contraire de ce
qu'il faut faire. De façon générale, les Québécois maîtrisent assez mal leur
français. Je peux en témoigner personnellement. Je reçois des courriels par
dizaines, chaque jour.
Les lettres ne contenant aucune faute,
même celles qui proviennent de professeurs au collégial et d'étudiants, sont,
hélas! plutôt rares. Dans ce contexte, la dernière
chose à faire est certainement d'abaisser les critères de correction; au
contraire, il est urgent de les renforcer.
* * *
Il serait cependant injuste de jeter tout
le blâme sur le cégep de Saint-Jérôme.
Beaucoup plus coupable est le ministère
de l'Éducation, et son obsession presque maladive du taux de réussite. Le
problème a d'ailleurs très bien été expliqué à mon collègue Thibodeau
par Michèle Bourgon, professeur de littérature au
cégep de Saint-Jérôme (et qui, bien sûr, est en désaccord avec la révision des
critères).
Le Ministère impose des objectifs à
chaque cégep. Ces objectifs, évidemment, sont élevés, parce que cela paraît
bien d'avoir des taux de réussite élevés. Or, pour toutes sortes de raisons,
certains cégeps peuvent avoir plus de difficulté que d'autres à atteindre les
objectifs du Ministère.
Le système comporte une faille
importante: le Ministère peut imposer des objectifs au niveau des taux de
réussite, mais chaque cégep peut déterminer ses grilles de correction.
Tous les ingrédients sont ainsi en place
pour provoquer une perversion majeure. Les collèges qui sont incapables
d'atteindre les objectifs du ministère n'ont qu'à diminuer leurs critères de
correction. Pour faire grimper le taux de réussite, on diplôme les cancres!
C'est aussi fou que cela.
Non seulement ce maquillage est-il une
véritable honte, une trahison de la mission de l'enseignant, mais encore
entraîne-t-il à son tour un autre effet secondaire détestable. Comme l'explique
Mme Bourgon, un élève qui obtient une note
de 60% dans un cours à un endroit aurait peut-être eu 70% ou 80% à un autre
cégep.
Il n'y a pas moyen de savoir. Cette
situation n'a aucune espèce de bon sens.
* * *
Au Québec, deux ministères, la Santé,
avec un budget de 17 milliards de dollars, et l'Éducation, avec 11 milliards,
gobent à eux seuls 64% des dépenses de programmes du gouvernement.
Aux prises avec des problèmes inouïs, la
Santé occupe l'avant-scène de l'actualité. Il ne se passe pratiquement plus une
journée sans que les médias nous rapportent quelque nouvelle histoire
d'horreur, avec en toile de fond le débordement des urgences, les listes
d'attente interminables, les pénuries chroniques de médecins et d'infirmières,
l'épuisement et la démotivation du personnel.
Un survol des principaux journaux
québécois, couvrant le dernier mois, montre que les articles liés à la gestion
des soins de santé sont quatre fois plus nombreux que ceux qui traitent
d'éducation. Certes, la santé, c'est important. Mais dans ces conditions, on
peut raisonnablement avancer que le dossier hautement stratégique de
l'éducation n'a pas le traitement qu'il mérite.
C'est dommage, parce que le Ministère est
manifestement mûr pour un grand ménage. Le nouveau titulaire, Sylvain Simard, semble bien intentionné. Son profil professionnel
est étroitement lié au monde de l'éducation. Il faut espérer qu'il montre assez
de courage pour mettre fin à l'hypocrisie des taux de réussite, qui déprécie la
qualité des diplômes et discrédite l'ensemble du réseau.
Si rien n'est fait, et ça presse, le
Québec doit se préparer à vivre de bien pénibles lendemains.
Marc Thibodeau
Alors que les hommes font du sur-place, le
pourcentage de femmes qui entreprennent des études supérieures ne cesse de
croître au Québec, creusant du coup un écart considérable entre les deux sexes.
De nouvelles données du ministère de
l'Éducation consultées hier par La Presse indiquent que le taux d'accès
des femmes aux études collégiales et universitaires était de 30 à 40% supérieur
à celui des hommes en 2000-2001. Cette situation est tout à fait différente de
celle que l'on observait au milieu des années 80.
Le taux d'accès aux programmes d'études
conduisant à un baccalauréat, calculé par le ministère comme «la proportion
d'une génération» qui atteint ce niveau d'études, était alors de 29% pour les
hommes et de 31,3% pour les femmes. Quinze ans plus tard, les résultats correspondants
sont de 29,2% et de 43%, soit un écart de 14 points.
À la maîtrise, le taux d'accès des femmes est
de 9,9% supérieur de 0,3 point à celui des hommes, alors qu'il lui était
inférieur de 1,5 point au milieu des années 80. Il n'y a plus qu'au doctorat
que le taux d'accès des hommes est plus élevé que celui des femmes, l'écart
étant de 0,4 point comparativement à 0,8 au milieu des années 80.
Au collégial, hommes et femmes se
retrouvaient pratiquement sur un pied d'égalité au milieu des années 1970,
leurs taux d'accès respectifs étant de 38,9% et 39,6%. Les taux correspondants
sont aujourd'hui de 49,7% et 68,1%, soit un écart de près de 20 points.
Selon le directeur des études quantitatives
et statistiques du Ministère, Robert Maheu, la mesure utilisée par le Ministère
reflète le résultat que l'on obtiendrait en considérantquel
pourcentage d'un groupe de 100 personnes de 16 ans s'inscrit au cégep ou à
l'université durant une période donnée.
M. Maheu note que l'évolution du taux d'accès
observé au Québec reflète celle que l'on voit dans la plupart des pays
industrialisés comparables. «Il s'agit d'une tendance forte», dit-il.
La présidente du Conseil supérieur de
l'éducation, Céline Saint-Pierre, estime que les
tendances relevées aux études supérieures sont «inquiétantes». Elles reflètent
d'abord, dit-elle, les difficultés scolaires des garçons, qui obtiennent en
moins grand nombre que les filles leur diplôme d'études secondaires. «Ils sont
conséquemment moins nombreux à poursuivre plus loin leurs études», note Mme
Saint-Pierre.
Le féminisme a aussi joué un rôle «très
important» dans cette tendance, estime-t-elle, puisque les filles sont
fortement incitées à acquérir une formation qui leur permettra d'obtenir une
place sur le marché du travail.
Le message n'est pas toujours aussi clair
pour les garçons, note Mme Saint-Pierre,
qui évoque de récentes études soulignant que, en milieux défavorisés, les
filles seraient plus encouragées que les garçons à poursuivre leurs études.
«Il y a encore l'idée que les garçons vont
bien s'en sortir même s'ils n'étudient pas trop longtemps», dit Mme Saint-Pierre, qui s'inquiète de ce qu'il adviendra des
rapports entre hommes et femmes dans la société québécoise si l'écart en
matière de formation continue de croître.
La question de la réussite scolaire des
garçons nécessite une intervention «urgente», plaide enfin la présidente du
CSE, qui se réjouit de constater que beaucoup d'acteurs du réseau de
l'éducation se mobilisent actuellement à ce sujet. «La prise de conscience est là»,
dit-elle.
Samedi dernier, dans cette chronique, je
déplorais que l'obsession des taux de réussite imposés par le ministère de
l'Éducation provoque, entre autres effets pervers, un abaissement des exigences
et une dévaluation des diplômes décernés par les cégeps.
Je citais notamment l'exemple du cégep de
Saint-Jérôme, qui a revu à la baisse ses critères de correction des examens de
français.
Cette chronique m'a valu un abondant
courrier. À quelques exceptions près, vous êtes unanimes à dénoncer cette
situation. Une lettre de désaccord, en particulier, m'a profondément troublé.
Elle provient d'un ancien élève au cégep
de Saint-Jérôme, et elle contient un témoignage accablant sur le rendement du
réseau de l'éducation. C'est le genre de document qui mérite d'être reproduit
intégralement, en espérant qu'il tombe sous les yeux du ministre et de ses
hauts fonctionnaires.
Je n'ai strictement rien changé à cette
lettre, pas une virgule, pas un signe de ponctuation, rien. La seule chose que
je me suis permis d'omettre, c'est le nom de l'auteur, qui ne mérite pas d'être
humilié en public.
À la première lecture, certains seront
peut-être portés à sourire, d'autres à bondir d'indignation. Le texte grouille
de fautes d'orthographe, de ponctuation et de syntaxe. La phrase est lourde et
souvent nébuleuse.
Le raisonnement est laborieux. De toute
évidence, l'auteur n'a même pas pris la peine de relire sa lettre, ne serait-ce
que pour corriger les fautes de frappe. C'est un texte écrit par quelqu'un qui
éprouve de la difficulté à communiquer efficacement.
Certes, il serait téméraire de conclure
que l'auteur est représentatif. Il a deux semaines, j'ai fait partie du jury
qui devait évaluer les 13 participants à la finale provinciale d'un concours
d'art oratoire.
Organisé par le Cercle Entreprendre, le
concours s'est déroulé, en un premier temps, dans une soixantaine
d'institutions d'enseignement québécoises. C'est donc un vaste événement, et il
fallait évidemment s'attendre à ce que les finalistes possèdent tous une
maîtrise exceptionnelle du français parlé.
Malgré cela, j'ai été surpris; j'ai
assisté cette soirée-là à des prestations qui ont largement dépassé mes
attentes. Preuve que le réseau scolaire québécois est capable de grandes
choses.
Cela dit, il ne faut pas s'attarder à la
forme de la lettre que vous allez lire, mais à son message, qui prend par
endroits des allures de cri de désespoir. Jugez-en par vous-même.
* * *
M. Picher
Suite à la lecture de votre chronique
d'aujourd'hui je tien à vous faire remarqué certains points qui vous échappe et
qui mine la crédibilité de votre analyse malgré le fait qu'elle soit sans
fautes d'orthographes. En effet pour convaincre il ne faut pas seulement savoir
s'exprimer mais bien avoir quelque chose de crédible à communiquer.
Premièrement je suis un ancien élève du
cégep de St-Jérôme (94-97) est lorsque j'y étudiais
c'estait 40% que l'on enlevais à cette époque, je
suis content de voir que la mesure ait été révisé à 30%, ce qui m'aurais
sûrement permis d'avoir mon diplôme. Pour ce qui est des cours de «français» il
faut pousser l'analyse un peut plus loin.
En effet ce n'est pas parcequ'un
cour à le nom de «français» qu'il enseigne les rudiments du français écrit. Les
cours de français au cégep enseignent l'analyse littéraire. Ce cours a pour but
de nous faire lire des textes de différentes époques et de nous sortir leurs
idées de base.
Ce cour, comme tout les autres cours au
cégep, n'enseigne pas la grammaire, l'orthographe ou la syntaxe, cependant pour
je ne sait qu'elle raison on se permet dans ce cours d'enlever plus de points à
ce qui attrait à la qualité du français écrit que dans les autres cours sous le
simple prétexte qu'il s'agit d'un cour de français.
Dans les autres cours la règle est de 10%
et je n'est jamais eu aucuns cours ou cette règle a
été appliqué. Donc j'était relativement bon dans le cour de «français» mais
lorsqu'on m'enlevais les fautes on me faisait échoué.
Il m'aura fallut 3 reprise de ce cour
pour finalement le réussir (il m'en restait encore 3 à faire!), non pas car je
ne comprenais rien de ce que l'on m'enseignais, au contraire je connaissait le
cour par coeur à la fin, mais plutôt car j'avais en poche un diplôme d'études
secondaire qui ne valait rein et où on ne m'avais pas appris correctement le
français écrit.
En passant je ne savait pas plus écrit à
la troisième reprise du cour mais je l'ai passé à 61%, allez savoir comment? Je
trouve donc qu'il est malhonnête de pénalisé les
élèves sur leurs fautes d'orthographe dans ses cours car le problème est
ailleurs.
Lorsqu'on arrive au cégep on à un diplôme
d'études secondaires (DES) en poche et c'est ce diplôme qui est sensé être la
preuve que l'on sait lire et écrire, après tout ça fait 11 ans qu'on est sensé
nous l'enseigne. Cependant en pratique un DES ne prouve rien car il y à une
lacune dans le système qui fait que l'on sort du secondaire en ne sachant pas
écrire correctement.
Le réseau collégiale à tellement
confiance à la valeur du DES qu'ils m'ont fait passé une test de français afin
de s'assurer que je méritait bien mon DES avant de d'admettre dans les cours
régulier de français.
Comble de l'incompétence j'ai passé ses
teste qui ont de tout évidences été conçus par les même gens qui ne nous
apprennent rien au primaire et au secondaire car je l'ai passé et suis entré en
«français» régulier sans suivre un cour de rattrapage.
Le problème est donc à la base et au lieu
de l'identifier et de l'éliminer on se contente plutôt d'éliminé les mauvais
éléments du système en leur exigeant des contraintes injustifié sans les aidé,
i.e. en ne leur fournissant aucuns outils pour que ceux-ci puisse apprendre ce
qu'il aurais du apprendre au primaire et au secondaire.
Si on nous apprenais à écrit au primaire
et au secondaire il n'y aurais pas de problème au cégep et à l'université et on
n'aurais pas à mettre des contrôles répressifs qui ne sont pas une solution au
problème mais plutôt une façon de le camouflé et de ne pas prendre ses responsabilité
en tant que société au lieu de mettre un effort en éducation, la où est le
véritable problème.
Je sais que beaucoup de gens les examen et les évaluations sont très (trop) importante
mais le but d'un système d'éducation n'est-il pas de nous faire apprendre des
choses? Les test n'ont jamais rien appris à personne ils ne sont qu'un élément
de contrôle de l'apprentissage et je trouve déplorable qu'on les utilises comme
outil pédagogique comme dans votre analyse.
Photo Robert Nadon, La Presse |
Jacques Désilets, président du conseil d'EDUCOLLEGE.COM: faire de
la formation en ligne n'est pas aussi facile qu'on le pense... |
Jacques Benoit
La formation en ligne, très à la mode,
présente une difficulté à la fois toute simple et insoupçonnée, estime Jacques Désilets, directeur général du cégep de Sainte-Foy et
président du conseil de la société EDUCOLLEGE.COM.
Difficulté à laquelle se sont heurtées
beaucoup d'universités américaines, lesquelles, après avoir offert des cours
sur Internet, y ont renoncé depuis.
«La difficulté, c'est qu'il faut que ça soit
intéressant», disait-il il y a quelques jours dans une interview à La Presse,
à l'occasion du lancement de l'entreprise, que viennent de fonder les cégeps
John Abbott, de Sainte-Foy et du Vieux-Montréal.
Vérité de La Palice?...
Non pas. Le problème étant, explique M. Désilets en substance, que la lecture de textes sur écran
peut devenir très rapidement fort ennuyeuse. Autrement dit, des cours donnés
par l'entremise d'Internet doivent à tout prix retenir l'attention de ceux qui
les suivent. Et pour cela, ils doivent être conçus en fonction de ce nouveau
média.
«Avant de songer à former EDUCOLLEGE, il a
fallu se renseigner sur les erreurs des pionniers, par exemple d'avoir mis des
cours en ligne sans les adapter au média», dit-il.
Pour éviter cet écueil, les trois cégeps ont
donc requis les services d'une firme -Theorix, du
Nouveau-Brunswick- spécialisée, précisément, dans la gestion et la mise au
point de contenus d'apprentissage s'adressant aux non-programmeurs.
Le mode de fonctionnement d'EDUCOLLEGE: elle offre de faire de la formation en ligne
pour le compte d'organisations de toutes sortes, entreprises, associations
professionnelles, etc. Et donc, à partir de leurs besoins, «de monter le cours
avec eux».
«On leur dit: «On est des spécialistes de la
formation. Et vous, quels sont vos besoins?» Les trois collèges veulent agir
comme courtiers. Aller chercher les meilleures expertises du réseau collégial
de 48 cégeps où qu'elles se trouvent. On ne se limite pas à nous trois.»
Dans chaque cas, et donc pour chaque sujet de
formation, EDUCOLLEGE constituera une coentreprise avec le client, en vue de
partager les risques et les bénéfices, comme elle est à le faire avec la
Chambre d'assurances de dommages.
Les avantages pour le client, selon Jacques Désilets: la tâche leur sera simplifiée («les gens
sous-estiment en général les difficultés de faire de la formation en ligne») et
cela leur fera faire des économies.
«Faire venir des gens dans une autre ville
pour 10-15 jours afin de les former, ça coûte cher», souligne-t-il.
Déjà, en puisant dans les ressources des
services de formation continue des trois cégeps, EDUCOLLEGE dispose de
nombreuses expertises: en assurance, dans les services financiers, la
micro-informatique, l'électronique, la mécanique, l'infographie, etc.
Et elle est à faire du démarchage auprès de
partenaires éventuels, tels les compagnies d'assurances l'Industrielle-Alliance
et La Capitale, mais également les Villes de Montréal et de Québec, dont le
problème, à la suite des fusions, est maintenant de «fondre des cultures
différentes».
Les clients-partenaires
de la société qu'ont fondée les trois cégeps devront avoir des besoins bien
précis et que ces besoins soient «récurrents» pour pouvoir s'associer à
EDUCOLLEGE, explique M. Désilets.
Pour ce qui est de la clientèle visée, elle
sera forcément «disséminée sur le territoire», et devra «déjà avoir accès à des
outils de formation», autrement dit à Internet.
«La facturation se fera par participant et
par heure de formation, ajoute-t-il. Chaque fois, on établira ce qu'est le break
even -pour parler latin-, puis ce qu'est le
volume auquel on veut arriver, et enfin le tarif.»
Un tarif, précise-t-il, qui ne doit pas être
trop élevé, d'où la nécessité d'un nombre suffisant de participants et d'heures
de formation à leur donner.
«Précédemment, on pensait que les gens
étaient prêts à payer n'importe quoi pour de la formation en ligne. Ce n'est
pas le cas», dit-il.
La formation pourra être en français et en
anglais, avec toute la souplesse qu'offre Internet: au rythme de chacun, à
toute heure du jour ou de la nuit, etc.
Ce qui ne veut pas dire que tout se fera en
ligne, puisque, par exemple pour les examens qui suivront, les participants
auront à se présenter... en chair et en os.
«On fonctionnera en mode hybride, dit Jacques
Désilets. Si on donne par exemple une formation sur
le traitement de l'eau, on voudra s'assurer que les gens ont appris quelque
chose, en se présentant physiquement aux examens. Pour s'assurer que ce n'est
pas leur frère biologiste qui a répondu aux questions...»
Marc Thibodeau
Après avoir essuyé une montagne de critiques
au fil des ans, le ministère de l'Éducation a finalement décidé cette année de
réviser de fond en comble ses critères de correction pour l'épreuve unique de
français écrit de 5e secondaire.
Les nouveaux critères, qui sont expliqués
dans un récent document de la direction de la formation générale des jeunes
obtenu hier par La Presse, visent notamment à éviter que des élèves
puissent obtenir la note de passage sans maîtriser les rudiments de la langue.
Par le passé, plusieurs élèves qui
multipliaient les erreurs d'orthographe et de grammaire en rédigeant le texte
argumentatif demandé de 500 mots réussissaient l'épreuve en obtenant le maximum
de points pour la qualité de leur discours ainsi qu'une fraction minime des
points réservés pour la qualité de la langue.
Ils devront désormais «réussir» à la fois le
volet discursif et le volet linguistique, chacun valant 50% de la note finale.
«Ainsi, un message sans équivoque est
véhiculé auprès des élèves: la compétence à écrire repose à la fois sur la
production d'un texte dont les idées sont pertinentes, claires et cohérentes,
et sur le respect des règles du code linguistique.
Les deux aspects de la compétence sont
considérés d'égale importance», indique le document du ministère.
La responsable de l'évaluation du français à
la direction générale des jeunes, Linda Drouin, a
indiqué hier que le ministère veut s'assurer qu'il n'y a plus d'échappatoire
possible pour les élèves éprouvant des difficultés en français. «C'est un
message clair que nous envoyons», dit-elle.
Le ministère n'a cependant pas encore défini
quel seuil de réussite il entend retenir pour chaque volet. «On pourrait exiger
50 ou 60% des points tant pour le discours que la langue», a expliqué Mme
Drouin, qui parle de la nécessité d'avoir des
attentes «élevées mais réalistes» envers les élèves.
Dans le volet linguistique, le nombre de points
disponibles pour le vocabulaire a été révisé à la baisse afin d'accroître
l'importance de l'orthographe et de la grammaire, qui constituent
les «principales faiblesses» des élèves.
«Avant, il y avait 12 points de pourcentage
pour le vocabulaire et c'était très facile pour les élèves de les obtenir. Il
n'y en a plus que cinq», indique Mme Drouin.
La double exigence du ministère relativement
à la qualité du discours et de la langue ne s'appliquera qu'à compter de
l'année prochaine, a-t-elle précisé, pour permettre aux élèves et aux
enseignants de se «préparer en conséquence».
Les taux de réussite qui auraient été obtenus
en utilisant un seuil de 50 ou 60% seront cependant calculés dès cette année
par le ministère de manière à informer les écoles des résultats que leurs
élèves auraient obtenus. «Nous allons rétro-informer
les milieux», note Mme Drouin.
Le ministère a aussi décidé de revoir le
déroulement de l'examen en diminuant le nombre de feuilles de référence pouvant
être utilisées.
Normalement, les élèves étaient invités à
lire, une semaine avant l'examen, des textes portant sur trois thèmes
distincts. Ils pouvaient ensuite noter des arguments sur une feuille de
référence pour chaque cas.
Cette année, un seul thème s'applique et une
seule feuille de référence est permise. Le «contexte» du texte argumentatif
n'est précisé que le jour de l'examen pour éviter que les élèves puissent
rédiger leur texte à l'avance, note Mme Drouin.
Après avoir lu à l'avance sur le thème de la
censure, les élèves ont appris au début de l'épreuve qu'ils devaient écrire
comme s'ils s'adressaient à des directeurs d'école songeant à censurer des
oeuvres culturelles.
«Les élèves doivent choisir les arguments
pertinents dans ce contexte et produire un texte conséquent», note-t-elle.
Plusieurs enseignants avaient déclaré au
cours des dernières années qu'il était facile pour les élèves d'utiliser les
feuilles de référence de manière à préparer l'épreuve à l'avance. Certains
s'étaient même vantés de disposer de recettes qui permettaient aux plus cancres
de réussir haut la main.
Le ministère a songé à abolir carrément la
feuille de référence, note Mme Drouin,
mais l'hypothèse a été rapidement écartée. «Cette méthode a déjà été utilisée
par le passé et nous nous sommes souvenus que ça donnait des textes avec une
argumentation beaucoup moins riche», dit-elle.
Marie-Andrée Chouinard
Le processus de reddition de comptes lié aux plans de
réussite des collèges sera balisé par des dispositions juridiques que le
ministre de l'Éducation entend présenter à l'automne. «Il faudra que le
résultat soit là», martèle Sylvain Simard, précisant
que des mesures sont examinées par son ministère pour «assurer la pérennité de
cette opération».
C'est ce qu'a souligné hier le ministre de l'Éducation,
Sylvain Simard, interrogé peu après le dévoilement
d'une analyse des plans de réussite des cégeps, présentée par la Commission de
l'évaluation de l'enseignement collégial du Québec (CEEC). L'organisme
gouvernemental, qui avait renvoyé l'ensemble des collèges à leurs devoirs au
début de 2002, estime que 80 % des collèges ont présenté un plan de
réussite complet, 20 % d'entre eux devant encore apporter des correctifs à
leur plan d'action.
«[Ces 20 %] ont présenté des mesures intéressantes,
mais leurs analyses ne sont peut-être pas assez précises pour qu'on soit en
mesure de dire si ça va bien aller», a expliqué hier le président de la CEEC,
Jacques L'Écuyer. Ainsi, on a demandé à certains collèges de mieux cerner les
causes des échecs et des abandons scolaires.
L'objectif le plus spectaculaire lié aux plans de
réussite est de propulser la moyenne de taux de diplomation
des collèges de 61 % à 76 % avant 2010. Pour arriver à ces cibles
quantitatives, les cégeps devaient présenter des mesures liées à leurs réalités
particulières, concernant la transition entre le secondaire et le collégial, la
motivation des élèves, les programmes et les méthodes pédagogiques.
Satisfait des plans de réussite qu'il a sous les yeux,
le ministre Simard promet qu'un suivi rigoureux de
ces plans d'action sera effectué. «Ce n'est pas un exercice futile, et je crois
que tout le monde l'a compris, explique-t-il. S'il faut des rappels à l'ordre,
nous les ferons.»
Dès l'automne, le processus d'existence même des plans
de réussite au collège sera intégré à la Loi sur les cégeps, ne serait-ce que
pour leur donner valeur légale, précise le ministre Simard.
«Nous allons légiférer de façon à doter la Commission d'évaluation de
l'enseignement collégial du pouvoir d'assurer le suivi des plans de réussite»,
ajoute-t-il.
Comment effectuera-t-on cette reddition de comptes,
qu'on a assortie par exemple à l'université -- avec les contrats de performance
-- au versement conditionnel d'une partie du financement ? «Pour
l'instant, rien n'est prévu, explique M. Simard, qui
assure qu'on peut hausser les exigences de diplomation
sans que la qualité en souffre. Sauf qu'il est évident que, dans une phase
ultérieure, le résultat devra être positif.»
Cette reddition de comptes possible n'inquiète pas le
président de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher,
qui y voit une manière normale de se soumettre à l'analyse dans un contexte de
gestion des fonds publics. «Il est trop tôt pour envisager ce qui adviendrait
d'un collège qui n'atteindrait pas ses cibles. Mais s'il s'avère qu'une cible
n'est pas atteinte, les collèges pourront expliquer pourquoi.»
Certains collèges ont présenté des mesures «novatrices»
pour garantir l'atteinte de leurs objectifs de réussite. «On nous a parlé de
réunions entre professeurs du secondaire et du collège, d'apprentissage par
projets, et beaucoup de projets intègrent l'appui des parents», explique
Jacques L'Écuyer.
Les cégeps proposent en outre au ministre de
l'Éducation de voir à des cibles autres que quantitatives et qui seraient elles
aussi garantes du succès d'un établissement. «Nous voulons soumettre au
ministre des indicateurs différents», explique M. Boucher, ce à quoi le
ministre se dit extrêmement «ouvert». Par exemple, le taux de satisfaction des
employeurs pourrait donner un indice, outre le taux de diplomation,
de la performance d'un collège.
Marc Thibodeau
La Presse
Les trois principaux partis en lice pour les
élections complémentaires s'entendent pour dire que l'éducation est un enjeu
crucial pour la société québécoise. D'importantes divergences de vues existent
cependant quant aux mesures qui s'imposent pour favoriser la réussite du plus
grand nombre.
Photothèque
La Presse |
Depuis
que les libéraux ont dégelé les droits étudiants au tout début des années
1990, plusieurs manifestations se sont tenues pour les geler de nouveau ou
mieux, les réduire. |
En témoigne éloquemment l'enthousiasme
manifesté par l'Action démocratique du Québec (ADQ) pour les bons d'études, une
formule de financement expérimentée aux États-Unis qui fait frémir tant le
Parti québécois que le Parti libéral.
En vertu de cette approche, les parents reçoivent
un bon d'un montant équivalent à la subvention que le gouvernement accorde
normalement pour l'éducation de leur enfant. Ils peuvent ensuite le remettre à
l'établissement, public ou privé, qui leur paraît le mieux placé pour prendre
en charge sa formation.
Au dire de l'ADQ,
la formule stimulerait la compétition entre les écoles et les forcerait à
accorder plus d'attention aux besoins réels des élèves et des parents tout en
donnant plus de latitude au personnel pour explorer d'autres voies de
formation.
Une voie contestée
Après avoir relevé que les bons d'études sont
utilisés «depuis plusieurs années» dans des États américains comme la Floride,
la Californie et le Wisconsin, la formation de Mario Dumont affirme dans son
programme que «tous s'entendent» pour dire que cette approche «a été non
seulement bénéfique pour les familles mais aussi pour les écoles publiques et
les communautés».
Le programme ne souffle mot du fait que ces
initiatives, réalisées à petite échelle, suscitent en fait de profondes divisions
aux États-Unis, où tenants et opposants brandissent des études à l'appui de
leurs positions respectives alors que les contestations juridiques se
multiplient.
En entrevue à La Presse, la
porte-parole de l'ADQ en matière d'éducation,
Patricia Saint-Jacques, une enseignante de 32 ans de Boisbriand,
a indiqué cette semaine que le recours aux bons d'études était une «piste» et
non une solution qui s'appliquerait d'emblée «mur à mur».
Le ministre de l'Éducation, Sylvain Simard, juge pour sa part que l'implantation des bons
d'études mènerait à un système «discriminatoire» où les écoles les plus faibles
seraient «abandonnées» à elles-mêmes. Le Parti libéral note de son côté que
l'approche ne donne pas de résultats probants.
À défaut d'appuyer les bons d'études, ces
deux partis s'entendent sur la nécessité de diversifier l'offre de formation
dans le réseau public en soutenant la multiplication d'écoles à vocation
particulière.
Ils veulent de plus favoriser la reddition de
comptes. Le ministre Simard estime que les plans de
réussite produits par les établissements, où sont consignés objectifs de
réussite et statistiques, constituent une excellente façon de faire pression
sur les écoles sans tomber dans les excès.
Les libéraux veulent évaluer
La formation de Jean Charest
dit de son côté vouloir attribuer à chaque école un «bulletin» permettant
d'apprécier sa performance. Le porte-parole libéral en matière d'éducation
primaire et secondaire, Yvon Marcoux, affirme que le
bulletin serait «nuancé» et comparerait les établissements similaires. «On ne
veut pas comparer des pommes et des bananes», assure-t-il.
Les libéraux parlent aussi d'évaluer les
enseignants, une mesure controversée dont les modalités d'application
«demeurent à préciser», a indiqué M. Marcoux. Ils
préconisent de plus l'instauration de primes à la performance, une mesure pour
laquelle l'ADQ affiche aussi un intérêt, au dire de Mme
Saint-Jacques.
Le PQ insiste de son côté sur la nécessité
d'accroître l'encadrement des élèves pour assurer la réussite du plus grand
nombre. M. Simard juge que le système actuel est
«remarquablement efficace» mais qu'il laisse filer entre ses mailles trop
d'élèves. Les deux autres formations parlent aussi de la nécessité de lutter
contre le décrochage, en augmentant par exemple le nombre de professionnels
disponibles pour soutenir les élèves.
En matière d'enseignement supérieur, les
trois partis souhaitent soutenir la compétitivité du réseau avec ceux des
autres pays occidentaux tout en assurant le maintien de services de qualité en
région.
Le financement des universités
Leurs discours diffèrent cependant sur la
façon d'assurer le financement des universités. Le porte-parole du Parti
libéral en matière d'enseignement supérieur, Jacques Chagnon,
note que son parti entend comparer le niveau de financement des universités
québécoises avec celui des autres universités canadiennes avant de décider s'il
y a lieu de procéder à un dégel des droits de scolarité alors que l'ADQ parle de les indexer en fonction de l'indice des prix à
la consommation.
Le ministre Simard
promet de son côté qu'ils demeureront gelés pour quatre ans de plus si le Parti
québécois obtient un troisième mandat.
Son parti, dit-il, a clairement démontré
l'importance qu'il accorde au réseau de l'éducation en ajoutant des centaines
de millions dans ce secteur au cours des dernières années.
«Il faudra maintenir cet effort de
réinvestissement à l'avenir même s'il est clair qu'une bonne partie de l'argent
se trouve au niveau fédéral», conclut le ministre en reprenant le thème du
déséquilibre fiscal avec Ottawa, un sujet sur lequel les trois formations en
lice font preuve d'une plus grande harmonie qu'en éducation.